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Maraîchage : les semis papier à l’essai

La technique des semis papier en maraîchage bio a été expérimentée en 2019 par la station d’expérimentation du Sileban, en Normandie. Les premiers résultats sont prometteurs.

La technique des semis papier, jusqu’à maintenant peu utilisée en production maraîchère principalement en raison de coûts importants, devient plus accessible et constitue une piste possible à la problématique du désherbage pour les exploitations de maraîchage diversifiées. Les papiers ensemencés sont constitués de deux feuilles entre lesquelles sont placées les semences selon une géométrie précise. Ainsi la technique présente l’avantage d’un bon positionnement des graines en termes d’écartement et de profondeur, ce qui en théorie assure une levée régulière, facilite ensuite le suivi sanitaire et sécurise le rendement. Les semis papier permettent également de réduire le temps de désherbage, notamment en début de culture. Il ne semble cependant pas envisageable de faire l’impasse du désherbage manuel dans ce type d’itinéraire. La technique est destinée avant tout aux petites surfaces, le coût du papier devenant vite un frein sur des grandes surfaces. En 2019, trois essais avec des papiers ensemencés ont été menés en bio à la station du Sileban, en Normandie, dans le cadre du projet Socle Innovation AB qui s’est achevé à l’été 2020*. Ce projet comporte également des essais sur la fertilisation par mulch d’herbe et les apports massifs de carbone, menés par les partenaires BioPousses et Maraîchage sur sol vivant (MSV).

Deux types de papier évalués

L’objectif principal des essais sur les semis papier est la gestion de l’enherbement pour les cultures sensibles que sont la carotte, les jeunes pousses de laitue et la roquette. Deux types de papiers ont été évalués en 2019, avec des semences de carotte, jeunes pousses et roquette. Le premier papier, fourni par la société danoise Yding, est composé de trois couches de papier conçues pour empêcher la levée des adventices, présentes sous ces trois couches, tout en permettant une bonne levée des semences, qui elles se trouvent plus en surface entre les deux premières couches. Pour ce papier, deux densités ont été testées pour la culture de carotte, une standard de 1,6 million de graines par hectare et une réduite de 1,4 million de graines par hectare. Le second papier testé, plus fin, est fourni par la société anglaise Seed Developments, qui développe maintenant également des papiers ensemencés composés de différentes couches permettant un contrôle des adventices. Les essais ont été menés sans traitement herbicide, sur un sol limono-sableux du Val de Saire, dans le Cotentin. Les papiers ensemencés de graines de carotte ont été déroulés à la main sur quatre planches sur une cinquantaine de mètres, puis les planches ont été recouvertes de sable. Un témoin en semis standard au champ était également présent.

Une meilleure maîtrise des adventices avec le papier épais

Après le semis des carottes (variété Négovia), il a été observé des levées plus lentes et peu homogènes sur le papier épais (Yding). Avec ce papier, une attention particulière est à apporter à l’irrigation pour permettre une levée correcte de la culture, ce qui était difficilement faisable au vu de la configuration de l’essai. La maîtrise des adventices est apparue nettement meilleure avec ce papier épais, qui a bien empêché leur levée. Ainsi, il a permis de réduire fortement le temps de sarclage. En revanche, le papier plus fin (Seed Developments) n’a pas permis une amélioration de la gestion de l’enherbement par rapport à la référence semis direct. Le constat a été similaire avec les semis de jeunes pousses et roquettes. Les levées ont été plus lentes avec le papier plus épais et la maîtrise des adventices a été meilleure. Seul du pâturin est essentiellement parvenu à traverser le papier. Cependant, contrairement au semis de carotte, les levées ont ici été plus homogènes avec le papier épais. Le papier n°2 (plus fin) a permis une diminution du nombre d’adventices par m² par rapport au témoin semis direct au champ, mais sa gestion de l’enherbement reste moyenne. Dans les conditions de l’essai, le papier danois s’est ainsi montré économiquement intéressant quelle que soit la culture, grâce à un temps de sarclage fortement réduit et à un coût du papier avantageux. Mais attention, le temps de mise en place des papiers, qui nécessite d’être mécanisée à l’échelle de l’exploitation, ainsi que la gestion de l’irrigation, n’ont pas été pris en compte dans l’analyse.

* Projet financé par la Région Normandie et Feader

 

A lire aussi : Maraîchage : optimiser l’implantation des couverts végétaux

Rédaction Réussir

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