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« Avec un robot, c’est 360 jours de bonheur par an »

Au Gaec de la Rue, dans la Manche. Ayant 700 000 litres de lait en plus à produire et 160 vaches à traire, les associés ont opté pour la traite robotisée en 2020, mais conservé l’ancienne salle de traite. 

Avec un troupeau de 160 laitières conduit en zéro pâturage, une trentaine de vaches allaitantes, 210 hectares de SAU dont 3 hectares de pommes de terre en vente directe, un méthaniseur… à gérer avec 4 UTH, la recherche d’une efficacité maximale est le fil conducteur au Gaec de la Rue, à Gonneville-le-Theil dans la Manche. D’autant qu’en 2018, la coopérative Les Maîtres laitiers du Cotentin a octroyé au Gaec une rallonge de 700 000 litres de lait portant son droit à produire à 2 millions de litres. Le Gaec a livré 1,5 million de litres de lait en 2020. Les livraisons devraient frôler 1,8 million de litres de lait cette année.

Côté organisation, Magalie Lelong est la responsable du troupeau laitier. Elle assure la traite avec l’aide d’une salariée. Suite à l’évolution de la référence, la question de changer de salle de traite (2x9 en épi 30 degrés) s’est rapidement posée. Tony, son mari, était plutôt favorable à l’achat d’un roto 40 postes. Il y voyait deux avantages : moins d’informatique qu’avec un robot de traite, et quand la traite est finie, on n’y revient pas jusqu’à la suivante. Le couple n’était pas totalement convaincu par le robot de traite. « On craignait d’être tentés de moins suivre le troupeau laitier au profit des autres ateliers et que cela pénalise la qualité du lait. »

Des robots de traite plutôt qu’un roto

 

 
« Avec un robot, c’est 360 jours de bonheur par an »
© F. Mechekour

 

Mais, suite aux conseils de Pierre-Olivier Leroux, leur concessionnaire DeLaval, ils ont finalement opté pour la traite robotisée. « C’était la meilleure solution pour faire face à un éventuel problème de main-d’œuvre et pour préserver la santé de Magalie Lelong », argumente-t-il.

Prudents, les éleveurs ont signé un bon de commande pour deux robots VMS V 300. Ils ont préféré reporter l’achat d’une troisième station et conserver l’ancienne salle de traite pour ne pas saturer les deux robots. « Le projet d’achat du troisième robot est en stand-by parce que nous sommes déçus par le prix du lait. Nous attendons qu’un de nos enfants revienne sur la ferme d’ici trois ans pour franchir le pas », explique Magalie Lelong.

Les robots ont été mis en route en février 2020. Le bilan est plus que positif. « Je me suis très bien adaptée et les vaches aussi. Mon confort de travail s’est amélioré. Avec les robots, c’est 360 jours de bonheur et cinq jours nécessitant des interventions diverses, mais c’est normal quand on utilise un équipement qui fonctionne 24 h/24 toute l’année. »

Les robots ont amélioré les performances de l’élevage en termes de production laitière. La moyenne du troupeau est passée de 28-30 kg à 34-35 kg de lait sans augmenter le coût alimentaire des vaches laitières (127,21 €/1 000 l). Les vaches ingèrent en moyenne un peu plus de 24 kg MS par jour. « L’efficacité alimentaire est de 1,34 l de lait produit par kilo de matière sèche ingérée. » Le Gaec fait appel aux services d’un nutritionniste pour caler les rations.

Au moins 13 kilos de lait par traite

 

 
« Avec un robot, c’est 360 jours de bonheur par an »
© F. Mechekour

 

Le duo avec une salariée fonctionne très bien. « Comme Bertille est jeune, elle s’est très vite familiarisée avec le logiciel de gestion de troupeau Delpro. Elle utilise également l’application sur son smartphone. Elle peut me remplacer une journée si nécessaire. »

Pour faciliter la mise en route, les robots de traite ont été utilisés comme de simples DAC pendant trois semaines. « Nous avons attendu que la circulation et la fréquentation soient fluides et que les vaches aient consommé au moins 80 % des aliments distribués au robot », précise Magalie Lelong.

Pour assurer une traite efficace (au moins 13 kg de lait par traite) sans nuire à la qualité du lait, le troupeau est scindé en cinq lots dont quatre accèdent aux robots de traite (voir graphique). En attendant l’éventuel achat d’un troisième robot, une trentaine de vaches dans le dernier mois de leur lactation ou nécessitant une intervention humaine (mammites, boiterie…) sont traites dans la 2x9 en épi. « C’est une contrainte en termes d’horaires, mais pas pour les conditions de travail. Cela prend une heure le matin et le soir, lavage compris. » Deux portes de tri gèrent le retour des vaches dans la partie du bâtiment qui correspond à leur lot.

Des comptages cellulaires tous les trois jours

 

 
« Avec un robot, c’est 360 jours de bonheur par an »
© F. Mechekour

 

Une journée classique débute par la consultation du tableau de bord sur le PC ou un smartphone, pour vérifier le nombre de vaches acceptées à la traite ou en retard de traite, le temps de traite moyen (6 minutes)… Le logiciel a été paramétré pour identifier les vaches ayant dépassé un délai de 12 heures à 14 heures (suivant le stade de lactation) depuis la dernière traite. « En dehors des fraîches vêlées, je leur laisse assez de souplesse parce que je ne tiens pas spécialement à aller chercher les vaches dans la stabulation, surtout si le retard n’a pas d’incidence sur la production ou le sanitaire. »

Un deuxième tableau permet de réaliser rapidement un suivi sanitaire du troupeau. « Un algorithme permet de classer les vaches en situation sanitaire douteuse par ordre décroissant. Cela permet généralement de ne se concentrer que sur une dizaine de vaches au Gaec », précise Pierre-Olivier Leroux.

En cas de doute, il est possible de peaufiner l’analyse en consultant les données relatives à la conductivité du lait, la présence de sang dans le lait, la baisse de fréquentation du robot… Les comptages cellulaires sont contrôlés à l’aide du compteur de cellules somatiques en ligne (OCC) fournit avec le logiciel DelPro. « Nous pouvons choisir la fréquence des analyses. En l’absence de souci particulier, nous faisons une analyse par vache tous les trois jours. Quand le comptage cellulaire d’une vache dépasse 250 000 cellules par millilitre de lait, le rythme passe à une analyse par jour », indique Magalie Lelong. Son coût est de 4 centimes par analyse.

Quand le lait d’une vache contient plus de 800 000 cellules, il est donné aux veaux. Lorsqu’une vache a une mammite, elle sort du lot « sain » pour rejoindre celui des vaches en traite conventionnelle. « Je les trais en dernier. »

Deux parages systématiques par vache et par an

Grâce à son protocole d’hygiène strict, la moyenne annuelle des comptages cellulaires tourne autour de 130 000 cellules. « J’étais déjà à cette moyenne avec l’ancienne salle de traite », souligne avec satisfaction Magalie Lelong. Le nombre de mammites reste dans la limite des 35-40 par an.

 

 
« Avec un robot, c’est 360 jours de bonheur par an »
© F. Mechekour

 

La propreté des animaux et leur confort sont également des leviers utilisés pour produire un maximum de lait de qualité. Deux racleurs à câble passent quinze fois par jour. Les pattes sont lavées à l’eau claire par le robot. Les logettes équipées de matelas sont entretenues deux fois par jour. « Bertille enlève les bouses à l’aide d’une raclette et j’épands 300 g de farine de paille par logette à chaque passage. » Le brûlage des poils sur la mamelle est rarement nécessaire. Les six abreuvoirs (3 de 5 m et 3 de 2 m) sont vidés en début et milieu de semaine et brossés.

Chiffres clés

2 stalles + salle de traite
160 vaches à 34 kg
4 UTH

Un coût de fonctionnement de 13,30 €/1 000 l

Selon le contrat de maintenance proposé par le concessionnaire DeLaval au Gaec de La Rue, le coût de fonctionnement global avoisine les 13,30 €/1 000 l dont 8,70 €/1 000 l de coût de maintenance et 4,60 €/1 000 l pour les produits (produits de nettoyage, désinfection, analyses des comptages cellulaires…), l’eau et l’électricité. Le contrat de maintenance prend en charge toutes les interventions liées à l’entretien normal (changement des manchons, des tuyaux à lait…) et les éventuels dépannages. Son coût inclut un forfait annuel de 2 500 € par station. « Le coût lié aux consommables varie de 4 à 7 centimes par traite. Il est essentiellement lié au trempage des trayons », explique Pierre-Olivier Leroux.

Un entretien des robots très soigné

Magalie Lelong est très rigoureuse sur la qualité du lavage des deux robots de traite. « Nous lavons les murs, le robot et le parc d’attente avec le jet à haute pression tous les matins et soirs. Cela prend une heure le matin et 30 minutes le soir. Cela représente beaucoup de temps mais, si on ne le fait pas bien et régulièrement, on est vite dépassé. Je le faisais déjà avec notre ancienne salle de traite. »

La qualité de l’entretien est nécessaire pour repérer les éventuels problèmes au niveau du robot (tuyaux percés…) et pour le confort visuel de l’éleveuse. « Voir un équipement qui n’est pas propre, ce n’est pas agréable. »

Répartition des quatre lots des vaches traites au robot dans le bâtiment(1)

Le lot principal – environ 90 vaches ne nécessitant pas d’attention particulière. Sauf problème de santé, elles y restent jusqu’à un mois avant la fin de leur lactation. 

Lot circuit court – vaches et génisses en début de lactation. Elles font l’objet d’une surveillance poussée. Elles y restent au moins 20 jours voire plus pour les génisses.

Lot isolement réservé aux génisses en apprentissage.  Les éleveurs les amènent au robot. Elles passent dans le circuit court lorsque l’apprentissage est terminé (environ une semaine).

Lot des vaches à inséminer.

(1) Le cinquième lot - vaches en fin de lactation ou ayant un problème - est trait dans l’ancienne salle de traite en attendant l’achat du troisième robot.

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