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« Ma chaudière à bois contribue à l’autonomie énergétique de l’élevage de porcs »

Pour réduire sa facture énergétique, la SCEA Ferchal utilise le bois énergie pour chauffer le réseau d’eau chaude destiné au chauffage du bloc naissage, au lavage à l’eau chaude et au préchauffage de la soupe.

Située à l’entrée de l’élevage de la SCEA Ferchal, la chaufferie est devenue une pièce clé du site naisseur-engraisseur de 500 truies, basé à La Harmoye dans les Côtes-d’Armor. Installée depuis 2011, sa chaudière à bois déchiqueté de 150 kW alimente un réseau d’eau chaude destiné à trois types d’usage.

Il sert d’abord à chauffer le bloc naissage (80 places de maternité, 1 800 places de post-sevrage) mais également au nettoyage des salles et des couloirs. « Laver à l’eau chaude est plus efficace mais aussi plus confortable pour les salariés, explique Laurent Ferchal. Je l’utilise aussi pour le préchauffage de la soupe et la fabrication de soupe ensemencée en bactéries lactiques. Elle vise à améliorer la valorisation des matières premières et le confort digestif des animaux, en particulier des porcelets alimentés en soupe dès 6 kilos, précise-t-il. En accédant à une ressource d’énergie peu coûteuse, je peux me permettre de chauffer davantage et optimiser l’utilisation de la chaleur à tous les besoins de l’élevage. »

Une combustion optimale avec un bois très sec

Laurent Ferchal a décidé de passer à un système de chauffage à eau chaude lors de la reconstruction de son élevage, détruit en 2005 par un incendie lié à un problème de chauffage électrique. Equipé les premières années d’une chaudière multiénergie de 80 kW (surtout alimentée en granulé de bois), il réinvestit en 2011 dans la chaudière actuelle, plus puissante. « L’objectif était à la fois de réduire le coût de la matière première et d’avoir une capacité de chauffe suffisante pour s’adapter aux pics de consommation liés au lavage à l’eau chaude»

Elle est alimentée en plaquettes de bois de calibre G 50 (5 cm2 de section) avec un taux d’humidité inférieur à 20 %. L’éleveur s’approvisionne aujourd’hui auprès d’une ETA qui lui fournit le bois, séché par la chaleur d’une unité de méthanisation (livraison par semi de 25 tonnes, 115 euros par tonne en juin 2022). Avoir un bois très sec et un lieu de stockage adapté est essentiel pour un bon fonctionnement de la chaudière. Durant plusieurs années, l’éleveur a produit ses plaquettes : récupération de bois de sapin local, organisation des chantiers de coupe et de broyage, puis stockage durant 6-7 mois. « Certes plus économique (coût de la matière première autour 60 euros par tonne brute), cette solution est au fil du temps devenue trop chronophage et contraignante. »

Multiplier les sources d’énergie

Stockées dans un hangar, les plaquettes sont chargées deux fois par mois dans un silo ouvert avec dessileur, attenant à la chaufferie (100 tonnes de consommation annuelle). La chaudière de marque ETA fonctionne en toute autonomie et demande peu de surveillance. Installée par GR Energie, elle est reliée à trois ballons intermédiaires, en plus du ballon tampon de 3 000 litres. « Cette installation permet de sectoriser les besoins de chauffe et d’améliorer la réactivité de la chaudière », explique l’éleveur (voir ci-contre). Depuis quatre ans, la chaufferie est également équipée d’une chaudière à fioul de 150 kW, visant à prendre le relais en cas de défaillance de la chaudière à bois ou pour compléter la production de calories lors d’un besoin très élevé. « C’est plus par sécurité et pour gagner en sérénité », reconnaît l’éleveur car la chaudière à biomasse fonctionne seule, 95 % du temps durant les pics de consommation. 

 

 
Avoir un bois très sec et un lieu de stockage adapté est essentiel pour un bon fonctionnement de la chaudière.
Avoir un bois très sec et un lieu de stockage adapté est essentiel pour un bon fonctionnement de la chaudière. © A. Puybasset
Le retour sur investissement du chauffage au bois est de sept ans. « L’intérêt du chauffage à eau chaude est que l’on peut multiplier les sources d’énergie », poursuit-il. Sa réflexion porte aujourd’hui sur de nouvelles sources d’énergie : soit la valorisation de l’électricité produite en surplus par la centrale photovoltaïque en autoconsommation installée en 2018, soit la récupération du biogaz en équipant la fosse à lisier d’une couverture Nénuphar. La chaudière à bois rentre dans une démarche globale d’autonomie énergétique de l’élevage. « Le poste « énergie » est travaillé à tous les niveaux, confirme l’éleveur, autant pour le chauffage que pour les consommations électriques. L’objectif à terme est d’être 100 % autonome en électricité. » Une partie des bâtiments d’engraissement est déjà équipée de panneaux solaires. Avec la troisième centrale photovoltaïque de 100 kW installée cet automne, l’élevage produira le tiers de l’électricité consommée.

 

Des besoins de chauffe sectorisés en trois zones

 

Les plaquettes sont chargées deux fois par mois dans un silo ouvert avec dessileur, attenant à la chaufferie.
Les plaquettes sont chargées deux fois par mois dans un silo ouvert avec dessileur, attenant à la chaufferie. © A. Puybasset

En sortie de chaudière, l’eau à 75 °C est d’abord envoyée vers trois ballons intermédiaires avant d’alimenter le ballon tampon de 3 000 litres.

- Le premier dessert le réseau d’eau pour le chauffage des salles de maternité (plaques chauffantes) et des post-sevrages (batteries d’eau chaude).

- Le second est dédié à chauffer l’eau des sanitaires et au préchauffage de la soupe à 27 °C

- Le troisième sert à chauffer l’eau de lavage à 35 °C. Ce dernier poste doit répondre à des gros besoins de chauffe de façon ponctuelle (puissance de 80 kW, 2,5 heures de lavage par jour, avec deux postes de lavage simultanés, soit 3 m3/h). C’est la sonde située sur le ballon « lavage » qui déclenche la mise en route de la chaudière. « Cela permet de gagner une heure de réactivité, et d’éviter d’attendre que la température dans le ballon tampon baisse », explique Laurent Ferchal. « Le fait de sectoriser les trois besoins de chauffe permet d’avoir une chaudière de petite puissance, chauffant en permanence avec un rendement optimal. » Sans cela, il aurait fallu investir dans une chaudière d’au moins 200-250 kW, qui aurait coûté deux fois plus cher, du fait du traitement des fumées réglementaire pour des chaudières de telle puissance.

 

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