L’œuf victime de son succès
Consommation record, baisse de l’autosuffisance en France et transition des bâtiments cage, la production française d’œufs doit faire face.
Consommation record, baisse de l’autosuffisance en France et transition des bâtiments cage, la production française d’œufs doit faire face.
« En dix ans, la consommation annuelle par Français a progressé de 25 œufs (1) », indique Simon Fourdin, responsable du pôle économie de l’Itavi. Soit l'équivalent en 2024 de 227 œufs par an et par habitant dont 146 en oeufs coquille et 81 sous forme d'ovoproduits. « La part de consommation sous forme d’ovoproduits est également importante à 38-40 % », ajoute l'expert. Une consommation record est attendue en 2025 à + 5 %, assurée par « la hausse des importations et la baisse des exportations ». Clairement la production française a du mal à s’aligner sur la consommation : quasi proche de 100 % en 2024, l’auto-approvisonnement tomberait à 95,7 % en 2025. En hausse modérée, la production en œufs et ovoproduits est estimée à 957 000 téoc en 2025, loin des 979 000 téoc de 2021. « Il manque 3 millions de poules pondeuses », indique la filière œufs qui en juin 2024 lançait son plan pour la construction de 300 nouveaux bâtiments.
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L’enjeu de la production
En effet, depuis 2022, la tendance des mises en place des poulettes est à la baisse, conséquence des abattages anticipés (IAHP et salmonelles), à laquelle s’ajoute l’allongement de la durée des lots de pondeuses. Toutefois, un petit redémarrage est perceptible. « Sur les treize derniers mois jusqu’à juillet 2025, c’est + 1,8 % de mises en place », indique Simon Fourdin. En Europe, même tendance, après une baisse de près de 2 % en 2024, les mises en place augmentent sur six mois en 2025.
Autre facteur impactant : celui de la transition des œufs cage vers l’alternatif. Selon une étude de l’UGPVB, il y aurait un risque sur 13 millions de poules cages qui reste à convertir de perdre 3,8 millions de poules d’ici 2030. En onze ans, le poids de la cage a été divisé par deux. En France, la capacité de production s’élève à 38 % en système plein air, 25 % en cage, 23 % en sol et 14 % en système bio (source Itavi).
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L’Ukraine en force
Conséquence de cette tension sur la disponibilité, la hausse des importations d’œufs coquilles grimpe à + 12,3 % sur les sept mois de 2025 quand les exportations baissent (- 9 %) sur la même période. L’Ukraine continue son entrée en force, devenue de loin le premier exportateur d’œufs coquilles vers l’Union européenne. Ses importations ont été multipliées par quatre en deux ans.
Logiquement, la tension se traduit dans les prix avec des cotations TNO calibrés en forte hausse sur 2025 avec une moyenne sur 36 semaines à 16,12 euros les 100 œufs contre 12,62 euros les 100 œufs en 2024. Quant aux ovoproduits, la cotation TNO industrie atteint 2,06 euros le kilo d’œufs en moyenne sur 35 semaines (contre 1,55 euro le kilo d’œufs en 2024).
Fin de la cage en Europe
La Commission a ouvert, le 19 septembre (jusqu’au 12 décembre), une consultation publique en vue de la révision de la législation européenne sur le bien-être des animaux d’élevage. Une proposition législative est prévue pour fin 2026. Bruxelles resserre sa proposition autour de quatre axes : la suppression progressive des cages, l’interdiction du broyage des poussins mâles d’un jour, le développement d’indicateurs de bien-être animal. Elle étudie aussi la possibilité d’imposer des normes de bien-être animal aux produits importés dans l’UE. (source Agrafil)