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Emmanuel Besnier, Lactalis : "Le prix du lait 2023 sera au moins au niveau de 2022"

À l’occasion de la présentation des chiffres annuels du groupe en Italie, le président-directeur général de Lactalis, Emmanuel Besnier, a répondu aux questions d’Agra Presse. Discret dans les médias, il s’exprime sur la conjoncture laitière, en particulier la décapitalisation, insistant sur le besoin d’attractivité du métier pour maintenir la collecte.

président-directeur général de Lactalis, Emmanuel Besnier
Emmanuel Besnier, président-directeur général de Lactalis : « Il y a un problème d’attractivité du métier d’éleveur »
© Lactalis

Lactalis est un groupe connu pour sa discrétion, mais vous avez changé de stratégie de communication ces dernières années. Pourquoi cette volonté d’ouverture ?

Il y avait un besoin d’expliquer nos métiers, ce que nous faisons et qui nous sommes. Nous avons eu une croissance importante ces dernières années. Nous nous sommes rendu compte de l’importance que nous avons dans la filière. Après les événements des années 2016-2017, nous avons décidé d’expliquer ce qu’est le groupe.

La solidité de Lactalis à l’étranger peut-elle être un atout pour la filière française ?

Avoir une entreprise forte permet de maintenir et de valoriser la filière. Nous essayons en France et dans tous les pays où nous sommes présents de pousser les filières.

La collecte laitière française est relativement stable et la balance commerciale française s’érode. Comment redynamiser les exportations françaises ?

La collecte française était plutôt stable, elle est en légère baisse cette année. Ce sont les entreprises qui doivent pousser les filières. Nous avons toujours défendu une filière forte en France et une filière d’exportation, avec ce que cela implique comme besoin de compétitivité par rapport aux pays qui nous entourent. Il faut être compétitif à tous les niveaux de la filière.

Ce qui veut dire des exploitations plus grandes ?

Il y a plusieurs modèles. La France est plutôt sur un modèle d’agriculture familiale avec souvent de plus petites fermes que dans le reste de l’Europe. Il y a un problème de productivité et d’attractivité du métier d’éleveur laitier. Une taille un peu plus grande des exploitations est une des réponses mais ce n’est pas la seule. Cela permet d’amortir un certain nombre d’investissements comme un robot de traite pour améliorer la qualité de vie et l’attractivité du métier.

Retrouvez l'intégralité de cette interview sur le site d'Agra Presse : Emmanuel Besnier : « Il y a un problème d’attractivité du métier d’éleveur »

La France peut-elle être au rendez-vous pour répondre à la croissance de la demande mondiale en produits laitiers ?

La croissance mondiale est continue, de 2 à 3 % par an. Les produits laitiers continuent d’être plébiscités par les consommateurs. L’Europe est plutôt sur une stabilité de la collecte laitière, et l’Amérique et les pays émergents augmentent fortement.

La France et l’Europe ont tous les atouts pour continuer à suivre le développement du marché mondial. Les conditions de production de lait en France et en Europe sont celles qui respectent le plus l’environnement et le bien-être animal. L’Europe, et la France en particulier, sont en avance sur ces sujets. Nous travaillons avec nos filières pour améliorer le bilan écologique de la production laitière. Ce serait plus profitable, pour la planète notamment, de pousser la production laitière là où elle est la plus respectueuse des normes environnementales et là où elle avance le plus vite sur la diminution de son impact carbone notamment.

Comment inciter les producteurs à produire ? En ayant un prix du lait incitatif ?

Le prix du lait (payé par Lactalis, ndlr) a augmenté d’à peu près 25 % en France l’année dernière. Il a augmenté globalement partout dans le monde. Aujourd’hui, en Europe et en France, la question est davantage d’améliorer l’attractivité du métier et d’en diminuer les contraintes pour donner envie aux nouvelles générations.

Comment voyez-vous le prix du lait évoluer sur l’année ?

Nous percevons une consolidation de l’augmentation qui a été faite en 2022 et au moins une stabilité du prix du lait. Le prix du lait sera au moins au niveau de 2022. Dans le cadre d’Egalim, avec une marche en avant du prix du lait et des prix basés sur les coûts de production, les négociations qui ont été faites au 1er mars tiennent compte d’une évolution positive du prix du lait sur la grande distribution. Normalement, il n’y a pas de raison de revenir sur ces négociations.

Aurez-vous besoin de collecter davantage de lait en France dans les prochaines années pour répondre à la demande mondiale ?

Aujourd’hui, nous n’avons pas besoin de collecter plus. On est sur une tendance de maintien de la collecte.

L’enjeu pour vous aujourd’hui est donc plutôt de maintenir la production ?

Il y a toujours eu des années hautes et basses. La collecte est liée au nombre de producteurs bien sûr, mais aussi aux incidences climatiques, au prix du lait, aux prix du marché de la viande. Il y a des phénomènes de décapitalisation qui sont liés à des opportunités du marché de la viande… La baisse de la collecte est autour de 2 % aujourd’hui. Ce n’est pas du jamais-vu, ni quelque chose d’irréversible. Nous avons toujours oscillé entre -2 et +2 % en fonction des années. L’inquiétude porte davantage sur la possibilité de renouveler les générations à moyen terme et pas sur un problème à court terme.

Plus globalement, comment voyez-vous évoluer le paysage des échanges mondiaux de produits laitiers à l’horizon 2040 et quelle place y occupera Lactalis ?

Notre ambition est de rester leader de l’industrie laitière mondiale et de continuer à croitre un peu plus que la moyenne de l’industrie laitière mondiale. La croissance de nos marchés devrait rester de 2 à 3 % par an en moyenne. Nous ne voyons pas de changement de tendance sur nos marchés.

Et en termes de bassins de production ?

Le continent américain et l’Asie sont plus dynamiques que l’Europe en termes de production laitière et en termes de consommation, notamment en Asie. La production suit la consommation locale. Chez Lactalis, 90 % du lait que nous produisons est transformé et vendu localement.

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