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Les premières semaines, Christian Talon prend le temps de "brasser" les jeunes poules

Éleveur dans la Drome, Christian Talon, passe deux fois plus de temps avec ses jeunes poules durant les premières semaines après l’arrivée d’un lot. Brasser les volailles facilite leur adaptation au nouvel environnement.

Christian Talon et Marlène Lasserre.  Malgré ses vingt ans de métier, Christian Talon apprécie l’œil extérieur des techniciennes de Valsoleil pour améliorer l’adaptation des lots à chaque fois différents. © L.Gouverne
Christian Talon et Marlène Lasserre. Malgré ses vingt ans de métier, Christian Talon apprécie l’œil extérieur des techniciennes de Valsoleil pour améliorer l’adaptation des lots à chaque fois différents.
© L.Gouverne

À Montmeyran dans son bâtiment traditionnel construit en 2009, avec pondoir collectif central à toit pentu (une barrière physique pour les poules), caillebotis à 70 cm et zone de grattage de part et d’autre, Christian Talon a accueilli voilà deux semaines un lot de 6 000 poulettes Lohmann tradition. Elles entrent dans leur 20e semaine ce 1er avril. Le lot s’est tout de suite révélé hétérogène, mais cela n’a pas plus inquiété l’éleveur qui travaille en bio depuis 2001 et se prépare à la retraite pour 2023. « À chaque lot, c’est différent et il faut s’en accommoder », commente-t-il.

 

 
Devant le pondoir central, le caillebotis est dense en matériel (perchoirs,ligne d’abreuvement, chaînes plates d’aliment), contrairement au gisoir. © L.Gouverne
Devant le pondoir central, le caillebotis est dense en matériel (perchoirs,ligne d’abreuvement, chaînes plates d’aliment), contrairement au gisoir. © L.Gouverne

 

Cette fois, avec l’aide de son fils qui lui succédera, il a tout de suite pris soin de répartir les poulettes des deux côtés du pondoir alors qu’elles ont été livrées d’un seul côté. « Elles se sont mieux adaptées ainsi. » Et il sait que cette adaptation conditionne une meilleure homogénéité du lot. De plus, il remonte souvent les poules le soir sur les caillebotis et les premiers jours, il a relevé les rideaux des nids « afin de les montrer aux poulettes. »

« Au démarrage, je passe autant de temps dans le bâtiment – entre 4 et 5 heures par jour –, sans avoir les deux heures de ramasse à faire. Je fais des visites plusieurs fois par jour, notamment en été quand il fait plus de 40 degrés », explique l’éleveur.

Les préconisations sont claires : les 15 premiers jours après l’arrivée il s’agit de faciliter l’accès au nid, puis les 15 jours suivants d’éviter la ponte au sol ou le caillebotis.

Faire consommer toute la farine

 

 
Les poules ne ratent pas l'heure du tour de chaine. La présentation est en « farine » mais avec un maximum de 15 % de fines, d’où l’importance du vide de mangeoire. © L.Gouverne
Les poules ne ratent pas l'heure du tour de chaine. La présentation est en « farine » mais avec un maximum de 15 % de fines, d’où l’importance du vide de mangeoire. © L.Gouverne
Christian Talon fait également confiance aux conseils d’Adeline Desvernes, la technicienne de sa coopérative Valsoleil, qui lui rend visite chaque semaine le mois suivant la mise en place. Pesage, observation du comportement, de l’état sanitaire, de la consommation et du respect du programme lumineux sont alors effectués. Ce regard extérieur s’ajoute à son expérience.

 

Il a aisément adopté les traitements de phytothérapie et homéopathie et les conseils pour l’alimentation des volailles. Par exemple, il réalise deux passages de chaîne le matin, le second 30 à 45 minutes après le premier, afin que les plus petites poules puissent manger à leur tour, avant que les premières ne retrouvent leur appétit.

Valsoleil a opté pour des aliments en farine, moins coûteux ; la technicienne rappelle qu’il est important de veiller à ce que les poulettes consomment l’intégralité des rations, y compris les grains les plus fins riches en oligoéléments. Jusqu’à la montée au pic, la gamme farine Valsoleil comporte deux formules dont une de transition pour les premières semaines, avec 15-20 % de particules grossières, 50 % minimum d’intermédiaires, et 15 % maximum de fines.

Avant la mise en place d’un lot, l’éleveur prend également soin de vérifier l’état de sa chaîne et de distribuer les aliments et l’eau, afin qu’à leur arrivée dans un nouvel environnement les volailles puissent se restaurer sans être gênées par le bruit des machines ou par la poussière.

Importance de l’historique des poulettes

 

 
Avec un caillebotis de 70 cm, il faut prévoir quelques rampes d'accès pour faciliter la remontée des poulettes qui préfèrent marcher que voler. © L.Gouverne
Avec un caillebotis de 70 cm, il faut prévoir quelques rampes d'accès pour faciliter la remontée des poulettes qui préfèrent marcher que voler. © L.Gouverne
Les disparités entre les lots semblent inévitables, d’autant plus que l’éleveur s’il choisit la souche, ne peut sélectionner la poussinière. « On peut toutefois refuser un éleveur », précise Christian Talon.

 

Les deux techniciennes reconnaissent que le planning est difficile à mettre en place pour réunir au bon moment les poulettes destinées à un élevage donné. La coopérative ne dispose que de deux poussinières fournissant 90 000 poulettes par an alors que les besoins atteindront 620 000 têtes fin 2022. La coopérative fait donc appel à des élevages du Sud-Est ou de Bretagne.

« Dans les deux poussinières adhérentes, nous effectuons des visites hebdomadaires. On a un historique de la vie des poulettes et l’on maîtrise mieux le sanitaire, l’alimentation, la lumière, le transport… Et l’on peut adapter plus aisément la poussinière aux conditions du futur bâtiment » explique Marlène Lasserre, l’autre technicienne Valsoleil.

Pour une bonne conduite des nouveaux lots, il apparaît plus difficile aux techniciennes et aux éleveurs d’anticiper en n’ayant pas la totalité des informations sur les poulettes provenant de poussinières extérieures. N’ayant pas de volière de ponte – à une exception près – la coop demande que les poulettes soient de préférence élevées au sol, mais avec suffisamment de perchages. « La présence de perchoirs est importante, afin que les volailles apprennent à explorer en hauteur », insiste Marlène Lasserre.

Le programme lumineux conditionne le travail

Chez Valsoleil, les producteurs d’œufs sont incités à passer voir leurs poules tôt le matin, car les poules se lèvent avant l’aurore.

En ce début avril, dans l’élevage de Montmeyran, le programme lumineux va être effectif de 6 heures à 22 heures (en heure d’été), une de plus qu’à l’arrivée du lot. Dans ce bâtiment de 13 mètres de large, deux rampes permettent d’éclairer le gisoir et les caillebotis. L’éleveur a installé des Leds l’an dernier afin de mieux régler l’intensité lumineuse. « Il faut une lumière adaptée, choisir le spectre juste, pour éviter la ponte au sol ; apporter assez de lux, mais sans provoquer un choc lumineux pour les volailles », précise Adeline Desvernes, la technicienne. Au fil des saisons, il faut réaliser un subtil dosage entre lumière naturelle et artificielle et tenir compte des horaires de sortie des animaux.

Chaque matin à 7 h 30, Christian Talon fait un premier tour dans son bâtiment. « Je regarde si la chaîne a tourné, si les coupes d’abreuvement sont propres, je nettoie. J’observe le comportement des poulettes, ramasse s’il y a de la ponte sur les caillebotis… »

Les techniciennes, Adeline Desvernes et Marlène Lasserre, rappellent combien il est important que les éleveurs se lèvent assez tôt pour vérifier que tout se passe bien, que la ponte s’effectue à la suite de l’allumage du bâtiment. « Quand les poules sont bien cyclées, 90 % des pontes ont lieu dans les 2 heures suivant l’allumage. »

Autre intervention vivement conseillée aux éleveurs les premières semaines : la visite du coucher indispensable avant l’extinction des lumières. Elle permet de remonter les poulettes restées sur la zone de grattage, pour les envoyer vers les nids.

 

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