Les filières AOP se mobilisent pour la relève
L'AG du Cnaol a mis le renouvellement des éleveurs et fromagers des filières AOP et IGP au centre des débats.
L'AG du Cnaol a mis le renouvellement des éleveurs et fromagers des filières AOP et IGP au centre des débats.


Le renouvellement des opérateurs est un enjeu important pour la filière laitière et particulièrement pour les filières AOP. Leur écosystème est 100 % lié à la volonté des hommes et des femmes de rester sur un territoire, d’y investir, d’y travailler et de trouver un débouché commercial à leurs fabrications pour pouvoir y vivre et entretenir ce patrimoine et ce savoir-faire. « Le bleu du Vercors-Sassenage a failli disparaître, nous livre son président Daniel Vignon qui accueillait l'assemblée générale du Cnaol. Grâce à une forte mobilisation, la production fermière qui avait disparu a été relancée en 1990 et nous avons obtenu l’AOC en 1998. En 2003, 60 exploitants agricoles ont repris l’outil de transformation de Lactalis et aujourd’hui nous y produisons 330 tonnes d'AOP en laitier à ajouter aux 50 tonnes de fromages fermiers.» Pour conserver cette dynamique, une association Graine d’éleveurs a été créée à l’initiative de 32 jeunes agriculteurs. « Nous parrainons des enfants de 10 à 17 ans avec l’objectif de susciter des vocations, car nombre de fermes ne trouvent pas preneurs », explique l’un d’eux. Et le président se réjouit de l’installation d’une douzaine de jeunes ces dix dernières années.
« Depuis 2013, 2500 fermes laitières disparaissent par an et les plus touchées sont les fermes de moins 50 vaches », précise Céline Spelle du Cnaol. Si dans les filières AOP, les pertes sont moins importantes, elles restent cependant significatives : 3 % en moyenne avec une fourchette de 2 à 7 %. Sur la période 2012-2015 pour laquelle des statistiques précises existent, les exploitations en vaches ont reculé de 12,3 % alors que celles en AOP ont reculé de 7,7 %. Les productions fermières restent en revanche stables (+ 0,9 %). Ce moindre recul côté filière AOP est à mettre au crédit de la dynamique des filières AOP et de la mobilisation de ses acteurs.
Les AOP souhaitent mettre en commun leur énergie
Les initiatives foisonnent. Dans la filière époisses par exemple, des bourses permettent aux fermiers de se faire remplacer. En tout, 15 jours dans l’année par exploitation avec une prise en charge du coût par l’entreprise à hauteur de 50 %. Tandis que les AOP des Savoies interviennent auprès de BTS Axe pour faire connaître les filières AOP aux apprenants. L’ossau iraty a mis en place une commission installation avec pour tout départ, une installation. Le bleu du Vercors-Sassenage promeut dans des films appropriés les fermes à vendre, et il a de nombreux projets en commun avec le parc naturel régional du Vercors.
Cette mobilisation autour de l’amont laitier est également valable pour la transformation et la fabrication fromagère. 40 CDI sont à pourvoir dans le saint nectaire. Pôle emploi a imaginé une formation suivant un cahier des charges élaboré avec l’ODG. Celle-ci a abouti à 7 embauches sur les 12 stagiaires qui ont suivi la formation. Et pour susciter encore plus de vocations et valoriser les métiers du lait, les écoles de laiterie accessibles à tous les niveaux et tous les âges, innovent pour la rentrée 2019 avec un parcours fromager signé par les Compagnons du devoir! Enfin pour aider les PME et les éleveurs à investir et céder leur capital un outil a été présenté. Il s’agit de Sogal Socamuel(1), un fonds qui donne un accès direct à la garantie bancaire.
(1) general@sogal-socamuel.fr