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Les clés pour réussir les luttes naturelles de printemps chez les ovins

La lutte en contre-saison permet de produire des agneaux pour l’automne-hiver, période creuse dans l’offre qui engendre généralement une bonne valorisation de l’agneau. Encore faut-il avoir les clés en main pour réussir à la mener au naturel.

« Dans une même zone, on observe des résultats de fertilité de printemps et début d’été très variables d’un élevage à l’autre », établit Laurence Sagot, du Ciirpo - Institut de l’Élevage. Les taux de fertilité vont alors de 40 à plus de 90 %. Afin de mieux connaître les facteurs de réussite de la lutte naturelle (sans hormone) en contre-saison, le Ciirpo a mené une enquête* de 2018 à 2021 auprès de neuf élevages de Nouvelle-Aquitaine, soit un panel de près de 3 500 brebis allaitantes. Pour chacune de ces femelles, 14 critères qui pourraient avoir un impact sur la fertilité ont été évalués. Parmi ceux-ci 7 ont été identifiés comme influençant la réussite des luttes désaisonnées : la race, le stade de développement (adulte ou agnelle), la date de naissance, la note d’état corporel à la mise à la lutte, l’effet mâle, la régularité de la mise à la lutte et l’intervalle agnelage – lutte.

Un lien possible entre date de naissance et facilité à désaisonner

L’effet race n’est plus à démontrer, il est de notoriété publique que certaines races vont naturellement être fertiles aussi bien à l’automne (saison normale de chaleurs) qu’au printemps dès que la brebis est en présence d’un mâle, tandis que d’autres resteront de glace au printemps. « Les races rustiques sont reconnues pour être aussi fertiles en saison qu’en contre-saison », appuie Didier Catalan, technicien pour Races ovines des Massifs.

« Nous avons observé un lien entre fertilité en contre-saison et la date de naissance de la brebis. Bien que cela reste à vérifier, les brebis nées à l’automne seraient plus fertiles en contre-saison que celles issues d’une reproduction saisonnée », souligne Laurence Sagot. D’après les premières observations, les brebis issues de contre-saison présentent un taux de fertilité avoisinant les 85 % contre 46 % pour celles issues de reproduction saisonnée.

L’effet mâle pour une meilleure fertilité

L’intervalle entre l’agnelage et la lutte est un facteur important qui peut dans un cas comme dans l’autre, impacter très fortement la réussite de la lutte. « On observe des taux de fertilité supérieurs à 80 % lorsque l’intervalle est de plus de 160 jours. En dessous de 80 jours, on chute à 20-30 %. » De même, une brebis mise au contact d’un bélier entier pendant trois cycles (un cycle étant de 17 jours) ou deux cycles précédés de 14 jours avec un bélier vasectomisé profite de l’effet mâle et voit son taux de fertilité augmenter de presque 30 %.

Enfin l’état corporel de la brebis lors de la mise à la lutte va être également déterminant. Une brebis qui obtient une note inférieure 3 devra gagner en état pendant la lutte pour atteindre un taux de fertilité de plus de 80 % tandis qu’une brebis qui est déjà à 3 ou plus n’aura pas besoin de prendre de l’état pour dépasser ce taux. Laurence Sagot conclut : « le taux de fertilité en contre-saison ne dépend pas que d’un seul critère, c’est en cumulant les bonnes pratiques que l’éleveur met toutes les chances de réussite de son côté. »

* Projet So_Perfects piloté par le Ciirpo et financé par le conseil régional de Nouvelle-Aquitaine. Étude conduite en partenariat avec la coopérative Limovin, la chambre d’agriculture de la Creuse et la coopérative Celmar.

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