Les bénéfices attendus des vaccins vivants salmonelle en poule pondeuse
Autorisée depuis deux ans en poule pondeuse, l’utilisation de vaccins vivants contre la salmonelle se déploie en France, associée à un renforcement de la biosécurité en élevage.
Autorisée depuis deux ans en poule pondeuse, l’utilisation de vaccins vivants contre la salmonelle se déploie en France, associée à un renforcement de la biosécurité en élevage.

Plus d’une poule pondeuse sur deux est désormais vaccinée à l’aide d’un vaccin vivant salmonelle, selon le laboratoire Elanco.
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Du fait du long cycle de production, il est encore trop tôt pour démontrer l’impact de cette vaccination, qui n’est autorisée en France que depuis mars 2023, sur la baisse de la prévalence des foyers de salmonelles en filière ponte. Les regards se tournent vers les pays voisins la pratiquant depuis longtemps. « Si l’on s’en tient au retour d’expérience du Royaume-Uni, il faudrait atteindre un taux de vaccination de 80 %, pour passer en dessous du seuil européen de prévalence 2 % », relève Thomas Bocquet, directeur des activités porc et volailles d’Elanco.
Une vaccination obligatoire au Royaume-Uni
Dans les années 1990, ce pays outre-Manche a vécu une grave crise de confiance de ses consommateurs envers les œufs, à la suite de cas de salmonelloses humaines.
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L’interprofession de l’œuf britannique a mis en place une charte de qualité, le Lion Code, basée sur le renforcement de l’hygiène et de la biosécurité (notamment la gestion des rongeurs) et sur la vaccination contre les sérovars Salmonella enteritidis (SE) et typhimurium (ST), obligatoire depuis 2013. « Elle a adapté les protocoles de suivi avec le développement de l’élevage plein air qui représentait en 2024 72 % de la production d’œufs, pour un cheptel total de 42 millions de poules pondeuses », a expliqué Graham Atkinson, consultant en agriculture au Royaume-Uni lors du symposium sur les salmonelles, organisé par Elanco. Depuis 2009, la prévalence des salmonelles SE et ST est inférieure à 0,5 %, et se trouve parmi les plus bas niveaux d’Europe. « Seul un élevage de poulettes a été détecté positif entre 2010 et 2023 ! »
Un autre exemple est celui de l’Allemagne, où la vaccination SE est obligatoire depuis 2009. Parallèlement à la baisse du nombre de foyers en élevages, le nombre de salmonelloses humaines en Allemagne a baissé de 82 % entre 2001 et 2017.
Un taux de vaccination élevé en Pays de la Loire
En France, la vaccination salmonelle se déploie à différentes vitesses selon les régions. Parmi les pionniers se trouvent les Pays de la Loire, qui ont depuis longtemps mis en place une politique vaccinale contre la salmonelle, autrefois avec les vaccins inactivés.
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« Une collaboration tripartite a été mise en place afin de partager les coûts de vaccination entre le producteur d’œufs, l’organisation de production et le centre de conditionnement. Cela explique le taux de couverture vaccinal très important des élevages de poules pondeuses ligériens », analyse le vétérinaire Dominique Balloy, de Réseau Cristal.

Il s’est appuyé sur les données d’isolements en salmonelles SE et ST du réseau de laboratoires d’analyses Résalab présents sur la région. « Alors que le nombre d’isolements toutes espèces de volailles a fortement augmenté entre 2023 et 2024 (de 229 à 400), celui en poules pondeuses est resté stable (24 isolements). » Une tendance à confirmer, probablement liée à la conjugaison de plusieurs facteurs : renforcement de la biosécurité, recours à la vaccination mais aussi évolution des modes d’élevage. « Les ateliers neufs en production alternative sont plus petits et plus étanches, ce qui facilite la lutte contre les rongeurs. »
En repro chair, Gallina vise le « zéro » salmonelle
Au sein des couvoirs de poussins de chair Gallina, implantés en Bretagne et en Pays de la Loire et faisant partie du groupe LDC, la vaccination contre les salmonelles est un des axes de sa stratégie « zéro salmonelle en élevage ». Avant 2023, seuls les parquets à génétiques stratégiques recevaient des vaccins salmonelles inactivés. « Depuis juillet 2023, l’ensemble du cheptel de reproducteurs est vacciné avec le vaccin vivant Avipro Salmonella Duo, soit 1,2 million de volailles », a présenté Armel Bonneté, du laboratoire Chêne Vert.

Cette décision a été prise dans un contexte de pression salmonelle constante dans l’environnement des élevages et de risque d’augmentation de la prévalence ST avec l’évolution de la réglementation en 2023 (1). Le vétérinaire fait un premier bilan des résultats de prélèvement dans le cadre des plans de contrôles. « En 2024, il n’y a eu aucun isolement de salmonelles majeures et mineures sur les troupeaux de reproducteurs en ponte. Il y a toujours une pression faible mais réelle en salmonelles mineures dans l’environnement des élevages de poulettes, mais là aussi il n’y a eu aucun élevage positif en salmonelles majeures et un seul élevage de poulettes en salmonelles mineures. » Ces premiers résultats permettent aux couvoirs Gallina d’atteindre le « zéro salmonelles » majeures en 2024, dans un contexte d’augmentation en reproduction gallus au niveau national (autour de 1 %).