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Les 10es JTO intègrent les brebis laitières dans leur programme

La 10e édition des journées techniques ovines s’est tenue dans le Lot, à Gramat. Ces deux journées ont été particulièrement riches en échanges et en intervention. C’est une première, la production laitière est désormais intégrée au programme des JTO.

On pourrait l’appeler la biennale du mouton. Les journées techniques ovines ont lieu tous les deux ans et rassemblent les conseillers et techniciens ovins de la France entière, voire un peu plus loin par-delà nos frontières. Pour la dixième édition de l’évènement, les deux journées se sont déroulées les 11 et 12 octobre, au Grand Couvent de Gramat, cadre exceptionnel et historique du Lot. « Le choix de Gramat comme siège de ces JTO n’est pas dû au hasard, la commune est le centre névralgique de l’élevage ovin dans le Lot, explique le président du syndicat ovin départemental. C’est ici que se trouvent l’abattoir spécialisé et la coopérative Capel. »

Le Lot, un territoire d’atouts et de contraintes

Le département compte son lot d’élevages ovins, plutôt orientés sur des races rustiques telles que l’emblématique causse du Lot, ou encore la Blanche du Massif central. La causse du Lot est souvent croisée à de l’Île-de-France, donnant la race F1 46, qui « devrait être bientôt rebaptisée », poursuit Étienne Fouché, président du syndicat ovin du Lot. Avec une production ovine essentiellement dédiée à la boucherie, plusieurs signes de qualité coexistent au sein du département, comme les labels rouges Agneau fermier du Quercy ou l’Agneau Pays d’Oc. Les actualités récentes jettent une ombre sur ce tableau, « on a établi la présence du loup depuis juin dernier. Il se trouve sur le causse central, là où se concentrent la plupart des troupes ovines », alerte l’éleveur syndicaliste. Par ailleurs, le département n’est pas autosuffisant en production de céréales, les éleveurs dépendent donc des cours du marché, qui, comme chacun le sait, est à de très hauts niveaux en ce moment. « Du fait du climat et de la disponibilité en herbe, les agneaux sont toujours finis en bergerie, mais cela revient cher à l’éleveur », souligne Étienne Fouché. Ce qui l’inquiète le plus aujourd’hui, c’est le renouvellement des générations. « Les bonnes années, on va compter trois ou quatre reprises d’exploitation, et aucune installation hors cadre familiale », soupire-t-il.

Un taux de remplacement de 100 %

Un constat à moitié partagé au niveau national par Christophe Perrot, ingénieur de l’Institut de l’élevage. « Le taux de remplacement (nombre d’installations/nombre de sorties) est de presque 100 % en élevages ovins-caprins », annonce-t-il. Cependant, les profils des éleveurs évoluent et si le cheptel ovin lait se maintient, la baisse du cheptel ovin allaitant, elle, se poursuit depuis plusieurs années. « On observe également une diminution des systèmes mixtes, avec un atelier ovin en complément d’un autre atelier type grandes cultures, bovins lait ou bovins viande. Les exploitations ovines tendent à se spécialiser et représentent 47 % des élevages ovins en 2020 », reprend Christophe Perrot. Les troupes comptant entre 300 et 750 têtes, qui représentent le cœur de la production en circuit long permettant de faire travailler au moins un actif sont de moins en moins nombreuses, les formats plébiscités aujourd’hui sont plutôt les troupes de 150 à 300 têtes.

Une centaine de conseillers et techniciens présents

L’attractivité de la filière ovine est un enjeu fort pour poursuivre ce travail de renouvellement des effectifs. Les professionnels se sont emparés des sujets d’actualités pour les faire leurs. Ainsi, l’environnement, le bien-être animal, les nouvelles technologies sont autant de sujets qui ont été abordés au cours des 12 présentations en plénière et des 12 ateliers thématiques qui ont rythmé ces deux journées dédiées aux ovins, auxquelles a participé une centaine de spécialistes de l’ovin.

Rodolphe Puig, conseiller ovin à la chambre d’agriculture du Lot, présente le programme Robustagno, mis en place en Aveyron et dans le Lot depuis cinq ans. L’objectif : diminuer la mortalité des agneaux pour augmenter le revenu de l’éleveur. « La logique de la démarche se base sur l’anticipation des problèmes pour gagner en réactivité s’ils apparaissent effectivement. Il vaut mieux prévoir pour ne pas subir et choisir l’action à la réaction », appuie Rodolphe Puig. Pour cela, les techniciens ont développé une gamme de 19 fiches pratiques reprenant tous les travaux en élevage pas-à-pas, combinés à des témoignages d’éleveurs et des avis de conseillers. Ces fiches renvoient par ailleurs à du contenu multimédia sur le web et aux autres fiches techniques liées. Ces outils ne sont pour l’instant pas diffusés au niveau national, mais la réflexion est en cours. « On réfléchit même à développer une application mobile », fait savoir le conseiller lotois.

Le Lot, visité à travers huit élevages ovins

Pour la première fois, les brebis laitières font partie intégrante du programme des JTO, avec notamment des interventions sur la qualité du lait, la concurrence alimentaire entre hommes et brebis laitière ou encore l’accompagnement des installations en ovin lait hors des bassins de production historiques. Barbara Fança, de l’Institut de l’élevage, a présenté un nouveau rationneur pour les brebis laitières, basé sur les données des tables Inra 2018. Rumin’Al, c’est son petit nom, a été développé avec les experts du comité national brebis laitière (CNBL) et sera mis en ligne fin 2022 en accès libre pour les adhérents au CNBL. « Grâce aux nouvelles données Inra 2018, cet outil permet de constituer des rations cohérentes avec les besoins des brebis. Petite nouveauté, il est désormais possible de quantifier les pertes azotées, de méthane et d’énergie dans la ration », précise Barbara Fança.

Enfin, les participants ont pu découvrir les enjeux de l’élevage ovin lotois à travers quatre circuits de visites avec pour thème la génétique, les circuits courts, l’optimisation des parcours et des pâturages pour atteindre l’autonomie alimentaire et les évolutions de systèmes pour améliorer son revenu et son travail.

Accompagner les éleveurs laitiers hors bassins de production

Si le cheptel ovin lait reste stable depuis une vingtaine d’années, nous n’assistons pas moins à un changement important dans le profil des nouveaux éleveurs et dans les systèmes de production. De plus en plus de producteurs délaissent les trois bassins laitiers traditionnels que sont le rayon de Roquefort, les Pyrénées-Atlantiques et la Corse pour s’installer partout en France. « La dynamique d’installation hors bassin est très forte, mais on assiste à la mise en place de troupes plutôt réduites et dans des zones qui n’ont pas d’historique en brebis laitières. L’accompagnement est donc inexistant ou au mieux mal calibré », soutient Pierre Arsac, directeur de l’Upra Lacaune.

Il poursuit en présentant le projet Agedor : « il s’agit de proposer un appui technique sur la génétique des troupeaux laitiers, à travers des relais locaux, la mutualisation de moyens et la création d’un réseau ». Catherine de Boissieu, de l’Institut de l’élevage, continue : « nous allons répertorier ses nouvelles installations afin de mieux connaître les attentes de ces profils d’éleveurs. À nous ensuite de réinventer l’offre d’accompagnement pour pallier le manque de techniciens spécialisés dans les zones à très faible concentration ».

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