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Le salissement de la luzerne se gère dès l’implantation

La luzerne doit être propre dès l’installation. Semis sous couvert, associations avec d’autres espèces fourragères, faux semis ou semis à la volée sont des alternatives aux traitements pour limiter le salissement.

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Les associations visent à mieux contrôler le salissement, tout en gagnant en productivité fourragère et protéique dans la phase d’installation
© Chambre d'agriculture de la Mayenne

La luzerne est particulièrement sensible aux adventices. La maîtrise du salissement impacte à la fois la qualité des premières exploitations et la pérennité de la luzernière. « Une fois semée, il faut retourner plusieurs fois dans le champ durant les trois premiers mois pour contrôler le salissement », insiste Cédric Pasquier, de Cérience. L’application d’un traitement herbicide peut intervenir à partir du stade trois feuilles trifoliées, mais d’autres alternatives sont possibles pour limiter les adventices.

Semis sous couvert d’avoine ou d’orge de printemps

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Le semis de luzerne (25 kg/ha) sous couvert d'orge de printemps (80 kg/ha ici) permet de limiter le développement des adventices au semis, Il a été réalisé en deux temps avec un semis croisé. © G. Crocq
« Je ne recommande pas le semis sous couvert en fin d’été car la plante de couverture risque de trop concurrencer la luzerne. Par contre, au printemps, cette stratégie fonctionne bien pour limiter les adventices », observe Stéphanie Guibert, de la chambre d’agriculture des Pays de la Loire. Et cela permet de compenser un peu le déficit de rendement en première année par une récolte supplémentaire. « La gestion des adventices se révèle effectivement moins compliquée au printemps, confirme Gilles Crocq, de Seenovia. En raison d’une installation plus rapide de la luzerne à cette saison et de la possibilité de bénéficier de l’effet nettoyant d’une première coupe pouvant intervenir rapidement après le semis. »
Lire aussi : « Nous semons la luzerne au printemps dans le méteil ou sous couvert d’avoine »

Le semis sous couvert se pratique le plus souvent avec de l’avoine (50 à 60 kg/ha) ou de l’orge de printemps (60 à 80 kg/ha) associé à 25 kg/ha de luzerne. L’orge est une céréale peu exigeante en azote, précoce et tolérante à la verse. « Récoltée en fourrage, elle peut fournir 1 à 2 t MS/ha et 40 à 50 q/ha si elle est récoltée en grain », avance Gilles Crocq. « Quant à l’avoine, en plus de faire de la biomasse, elle a l’avantage de présenter un fort pouvoir nettoyant qui limite le salissement », poursuit Mickaël Coquard, de Rhône conseil élevage. En général, mieux vaut semer d’abord la céréale, puis la luzerne dans un second temps. L’idéal étant de pratiquer un semis croisé.

Association avec le trèfle blanc nain

« Pour les semis de printemps, les trèfles annuels tels que le trèfle incarnat, le trèfle de Micheli ou le trèfle squarrosum contribuent au rendement en première année mais ne permettent pas de maîtriser les adventices, pointe Stéphanie Guibert en s’appuyant sur les résultats du programme 4AGeProd(1). Quant aux semis de fin d’été, si la contribution de ces trèfles dans le mélange a été modérée, nous n’avons pas observé d’amélioration de la maîtrise du salissement. Et à l’inverse, si leur contribution est forte, ils permettent de diminuer les adventices mais ils pénalisent aussi fortement le peuplement et donc le potentiel de la luzernière. »

« Si les résultats sont plus probants avec les trèfles violets pour le contrôle des adventices, ils peuvent aussi être agressifs vis-à-vis de la luzerne ; 2 à 3 kg semés avec 25 kg de luzerne peuvent suffire à étouffer cette dernière en semis de fin d'été. L'équilibre est plus facile à trouver en semis de printemps. » Sans recours aux produits phytosanitaires, l’association avec le trèfle blanc semble être une solution intéressante, car même si la productivité est moindre, le salissement est maîtrisé dans le temps. Un constat que partage Romain Carpentier de la coopérative Déshyouest. « Nous obtenons de bons résultats en termes de gestion des adventices en associant 2 kg de trèfle blanc nain à 25 kg de luzerne. Mais nous constatons quand même une concurrence du trèfle sur la ligne de semis. » 

Faux semis, oui mais sous conditions

Le faux semis implique une intervention supplémentaire pouvant retarder le semis de quinze jours à un mois. « Pourquoi pas, mais il faut s’adapter au contexte climatique de l’année, prévient Patrice Pierre. Si le sol est humide, peut-être vaut-il mieux en profiter pour semer directement la luzerne sans faux semis. D’autant plus que celle-ci est lente à s’installer. » Même analyse pour Romain Carpentier pour qui « la priorité absolue doit avant tout porter sur le timing et les conditions de semis adéquates ». « À choisir, je préfère une parcelle un peu moins propre mais dont on a préservé un maximum d’humidité dans le sol pour favoriser la bonne germination de la luzerne », expose-t-il.

« Le faux semis apparaît surtout intéressant dans les situations d’implantation estivale après une orge d’hiver », poursuit Gilles Crocq. Dans ce cas, il convient de réaliser « un vrai faux semis, c’est-à-dire avec un roulage après passage du déchaumeur à disques pour grouper les levées d’orge, avant de semer la luzerne ».

Semis à la volée plutôt qu’en ligne  

« Il n’y a rien de pire que le semis en ligne pour favoriser le salissement d’une luzernière », considère Romain Carpentier. Les semis réalisés à la volée plutôt qu’en ligne génèrent une meilleure répartition spatiale des graines qui limite grandement le développement des adventices. Plus le sol est occupé par la luzerne, moins on laisse d’opportunité aux adventices pour se développer. « Certains de nos adhérents pratiquent le semis à la volée avec des semoirs et obtiennent de très bons résultats d’implantation où on ne distingue aucune ligne de semis. » 

(1) Essais conduits sur les fermes expérimentales de Mauron (56), la Jaillière (44) ainsi qu’en Mayenne.

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