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Le lablab a son inoculum !

Indispensable pour espérer un véritable intérêt de cette plante, la commercialisation d’un inoculum pour le lablab démarre cette année.

Comme toute légumineuse, le lablab a besoin d'une fertilisation en potasse et phosphore. © Semental
Comme toute légumineuse, le lablab a besoin d'une fertilisation en potasse et phosphore.
© Semental

Le lablab - Lablab purpureus - est une légumineuse annuelle originaire d'Afrique, qui peut atteindre 5 mètres de long. En France, elle est testée en association avec le maïs qui lui sert de tuteur. L’objectif est d’améliorer la valeur alimentaire de l’ensilage. Cette plante s'associe bien au maïs, de par une taille de graine similaire (PMG du lablab : 220 g) et une dynamique de pousse comparable. Cette association est valorisée en ensilage. Le lablab ne produit pas de fleurs sous nos latitudes ce qui a l'avantage de ne pas dégrader sa valeur alimentaire. Le potentiel du lablab (seul) en France pourrait atteindre entre 4 à 7 tMS/ha de rendement et 16 à 17 % de MAT.

En association avec le maïs

Des essais et observations sur l'association maïs et lablab ont eu lieu ces dernières années, mais sans inoculum. En Nouvelle-Aquitaine, une synthèse d'essais et d'observations en exploitations montre que le maïs-lablab  faisait, en moyenne, moins de rendement que le maïs seul : 12 tMS contre 14 tMS/ha. La MAT a été de 7,2 % en moyenne avec l'association et de 6,5 % en maïs pur. À la ferme expérimentale des Bordes (Indre), les rendements étaient très faibles en 2019 et 2020. Le lablab n’a produit qu’en 2020, en association avec du maïs, mais il n’a fait que 1 tMS/ha.

L'inoculum permet de baisser la fertilisation

Semental rappelle que pour optimiser le rendement il faut semer dans un sol humide, donc plutôt en mai qu'en juin a priori. Sur un sol travaillé. Avec une fertilisation minérale (50 à 80 UN) au semis. La dose de semis conseillé est 12 à 20 kg/ha pour un objectif de 4 à 6 plantes/m2. Chez Semental, « 160 analyses réalisées en 2020 ont montré des MAT améliorées de l'ensilage maïs et lablab : +1,8 point de MAT en moyenne, soit 25 % de mieux par rapport à un maïs seul. La MAT moyenne du lablab en pur était de près de 16 % ».

Le lablab et le cowpea ne développent pas de nodosités en France sans inoculation, et aucun des inoculums qui existaient jusqu'ici sur le marché national, pour le soja ou la luzerne, ne fonctionne. L'inoculum favorise la production de nodosités qui hébergent des bactéries capables de capter l'azote atmosphérique pour le restituer à la plante et au sol, et donc à la culture associée. Cela permet donc une plus grande production de biomasse du mélange et d'améliorer sa valeur alimentaire.

... tout en améliorant la valeur alimentaire

Depuis cette année, Semental commercialise un inoculum homologué en Europe sur le lablab. Le lablab inoculé permet de fixer 75 à 150 UN atmosphérique par hectare, soit au moins autant qu'une luzerne, indique le semencier. « Sans inoculum, pour une association lablab-maïs, on conseillait de mettre 30 à 50 unités d'azote de plus par rapport à un maïs seul. Avec l'inoculum, dans un essai dans le Gers, le maïs seul fertilisé à 230 UN produit autant que l'association avec lablab inoculé fertilisée à 50 UN », indique Pierre Renouf, de Semental.

La valeur en MAT est meilleure. « Avec l'inoculum, on gagne +1,8 point de MAT par rapport à une association sans inoculum. Les analyses montrent également un meilleur équilibre des PDI et un point de calcium en plus, renforçant encore l'amélioration constatée avec l'association sans inoculum. » L'année 2021 amènera des données pour préciser l'intérêt de l'inoculum.

Une origine africaine

Le lablab et le cowpea sont deux légumineuses fourragères originaires d'Afrique, commercialisées pour la première fois en France par Semental en 2018. Elles sont adaptées à différents types de sols, sauf les sols trop argileux et humides/mal drainés. Elles se sèment à partir de 12 °C au sol. Elles aiment la chaleur et résistent mieux au manque d'eau que des trèfles annuels. L'objectif est d'améliorer la valeur azotée des fourrages récoltés, avec des espèces résistant mieux à la chaleur et produisant plus de biomasse que les trèfles.

Le cowpea peut se cultiver en pur

S'il s'associe bien avec du sorgho ou du moha, le cowpea peut aussi se conduire en pur.

 

 
Un inoculum pour le cowpea en France est en cours d'homologation.  © Semental
Un inoculum pour le cowpea en France est en cours d'homologation. © Semental

 

Le cowpea - Vigna unguiculata - a un port érigé, se développe en buisson, et monte à 1 m de haut maximum. Il peut repousser. Sans inoculum, son potentiel de rendement en France serait entre 3,5 et 5 tMS/ha, pour une valeur allant de 15 à 18 % MAT. Un inoculum spécifique au cowpea en France existe. Il est en cours d'homologation.

La graine du cowpea est relativement petite : 66 g de PMG. Le cowpea s'associe mieux au sorgho (PMG : 30 g) qu'au maïs, de ce fait. D'autre part, c'est une fourragère d'été avec un développement végétatif court. Elle s'associe bien au sorgho multicoupe ; on pourra alors faire plusieurs exploitations, en fauche ou pour le pâturage. L'association avec le millet perlé est aussi possible, avec les mêmes usages qu'un sorgho multicoupe. Cette plante peut s'associer au moha (enrubannage, foin) ou au sorgho monocoupe pour faire un ensilage.

De 3,2 à 5,9 tMS/ha sur le terrain

Sans inoculum, dans deux suivis réalisés par la chambre d'agriculture de la Creuse, une association sorgho multicoupe BMR et cowpea (12 kg -12 kg) a fait 3,2 tMS en première coupe (12 % MAT), et l'autre a fait 5,9 tMS/ha (7,3 % MAT) avec une densité de semis plus élevée : 400 000 gr + 300 000 gr.

À la ferme expérimentale des Bordes (Indre), les rendements étaient très faibles en 2019. En 2020, le cowpea a réussi à produire en pur 3,5 tMS/ha en une coupe, dans une des zones les plus séchantes de la parcelle. « Il a été semé à 15 kg/ha en pur, et récolté en une fois au moment de la deuxième coupe des associations. L'intérêt du cowpea en pur reste à confirmer », précise Carole Gigot, de la ferme des Bordes. Semental indique qu'il vaut mieux semer 35 kg pour un cowpea pur.

En pur, on peut le faire pâturer, ou le faucher pour enrubannage ou ensilage. « On pourrait aussi conduire du lablab en pur. Il se développerait alors à l'horizontal. Cela se pratique en Australie, pour du pâturage ou une récolte en enrubannage ou foin », indique Pierre Renouf, de Semental.

Le cowpea se pâture

Le cowpea présente une meilleure aptitude à la repousse que le lablab. Il a été mieux pâturé que le lablab dans un essai de la ferme expérimentale des Bordes (Indre). En Nouvelle-Zélande, le pâturage du cowpea en pur est pratiqué.

Dans un essai de la chambre d'agriculture de Dordogne en 2019, les vaches laitières ont fini par s'habituer au cowpea. Mais le premier jour de pâturage, cette modalité a été boudée. Les vaches ont commencé par des trèfles, puis du sorgho et du moha, qu'elles n'avaient encore jamais mangé. Mais elles ont consommé tout le cowpea le deuxième jour. Pour le deuxième tour de pâturage (un mois plus tard, 18 mm de pluie), le cowpea faisait 13 cm de haut (16 cm pour le moha, 11 cm pour le sorgho, 3 cm pour les trèfles). Les vaches ont mangé le cowpea aussi rapidement que les autres modalités. Pour le troisième tour de pâturage, seuls le sorgho et le moha avaient repoussé ; pas les légumineuses. Pour le cowpea en pur, le rendement des deux tours de pâturage s'est élevé à 3,6 tMS/ha. La valeur alimentaire était de 0,79 UFL et 13,1% MAT. L'association sorgho et cowpea a permis une production plus étalée dans le temps et de 4,4 tMS/ha en tout.

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