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AU GAEC POSTEC, À KERSAINT PLABENNEC
«Le boviduc ouvre la voie aux pâtures sous la route»

Au lieu de traverser la route, matin et soir, neuf mois par an, les vaches de Philippe et Olivier Postec empruntent désormais un mini-tunnel construit de toute pièce pour accéder plus facilement aux prairies.

SOUS LA ROUTE COMMUNALE, un boviduc
de 10 mètres de long permet aux
laitières d’accèder à une dizaine
d’hectares de prairie.
SOUS LA ROUTE COMMUNALE, un boviduc
de 10 mètres de long permet aux
laitières d’accèder à une dizaine
d’hectares de prairie.
© E. Bignon

Creuser un tunnel sous la route pour faciliter l’accès du troupeau aux pâtures ! Philippe et Olivier Postec, installés à Kersaint Plabennec, dans le Finistère, sur une exploitation de 500 000 litres de lait, ont trouvé l’idée séduisante. Et leur boviduc est sorti de terre il y a six ans. «Nous avons 12 hectares de prairies accessibles aux laitières, indiquent- ils. Les pâtures sont scindées en deux blocs séparés par une route communale. D’un côté de la route, près des bâtiments, nous avons 2,5 ha et le reste des paddocks se situent de l’autre côté. »

Sur l’élevage, les vaches pâturent neuf mois de l’année. « Les faire traverser deux fois le matin et deux fois le soir, était une vraie corvée », se souvient Philippe. Cela mobilisait deux personnes pour accrocher et décrocher le fil. Sans compter le stress, l’insécurité et les désagréments liés au barrage régulier de la route pour les riverains. « Aujourd’hui, nous n’avons plus cette contrainte, et les allers et venues des 50 laitières entre la stabulation et les prés se font beaucoup plus facilement. Et elles retournent en pâture toutes seules après la traite. »

Attention aux canalisations et lignes électriques enfouies

Le boviduc se situe à environ 200 mètres de la stabulation. « Nous avons la chance d’avoir des sols sableux, faciles à creuser et qui ne retiennent pas l’eau. C’est la surface idéale pour réaliser un boviduc ! » Avant de se lancer dans le projet, les éleveurs ont procédé à un sondage préalable du sol de chaque côté de la route. « Heureusement, nous ne sommes pas tombés sur des rochers. »

Une demande a été déposée en mairie et plusieurs démarches administratives ont été menées de front.

Seul hic du projet: la canalisation d’eau qui longe la route communale. «Nous savions où elle se localisait, mais nous ne connaissions pas sa profondeur exacte. Or, c’est elle qui a déterminé la profondeur d’enfouissement des dalots en béton. Au final, il a fallu les enterrer de 90 cm supplémentaires pour que le boviduc passe sous cette canalisation. »

De plus, les parcelles se trouvent surélevées d’un petit mètre par rapport au niveau de la route. Du coup, l’inclinaison de la pente approche les 18 %. « Nous avons cherché le meilleur compromis pour maintenir une pente praticable pour les animaux, tout en évitant que le chemin n’empiète trop sur la parcelle. Car plus on recule, plus on réceptionne de l’eau de ruissellement le long de la pente », souligne l’éleveur.

De chaque côté du boviduc, une grille de caillebotis recueille les eaux de ruissellement, qui s’écoulent ensuite dans un puits perdu (buse percée entourée de gravats) descendant à un mètre de profondeur.

Deux corps de métier sont intervenus pour la construction: une entreprise de terrassement et une autre spécialisée dans le levage.

Tout le sable retiré lors du terrassement a servi pour créer le chemin d’accès entre le boviduc et la stabulation. « Nous avons bien compacté le chemin puis réalisé un empierrement de surface avec des gravillons de carrière (0/31,5). Un à deux godets suffisent par an pour l’entretenir. »

Le boviduc mesure 10 mètres de long. Cinq dalots en béton armé de 2 mètres de large sur 2 mètres de haut, fournis en section de 2 mètres de long ont été nécessaires. «Ces dalots sont prévus pour le passage des chars Leclerc, souligne Olivier. Aucun danger qu’ils s’effondrent, même au passage de 44 tonnes ! »

Le sable issu du terrassement a servi pour le chemin d’accès

Au-dessus des dallots, un mètre de remblai a été nécessaire avant de recouler du bitume pour reconstituer le tronçon de route. Un talus a été réaménagé sur les deux bas-côtés, et les exploitants ont replanté des haies. Le boviduc est aujourd’hui totalement invisible depuis la route.

Malgré une pente assez raide, les vaches ne glissent pas. Elles passent une par une en file indienne. « Elles se sont vite accommodées à ce nouveau passage. La première fois, nous les avons fait passer par lots d’une dizaine de bêtes, raconte Philippe. Au départ, je craignais l’invasion de mouches, mais un petit courant d’air se crée dans le boviduc et nous ne sommes pas du tout embêtés. » Le boviduc est raclé 5 à 6 fois par an manuellement.

L’ouvrage est revenu à 14000 €. «Cela peut sembler élevé, mais nous le voyons comme un investissement sur le long terme, qui s’amortit au quotidien, concluent les éleveurs. Nous avons pu bénéficier d’une subvention de la caisse locale de Groupama pour projet innovant et la municipalité a pris à sa charge les frais de revêtement de la route. »

Quelles démarches administratives ?

Si le boviduc passe sous une route communale, les démarches restent relativement simples.

C’est une autre paire de manche s’il s’agit d’une route départementale. Dans ce cas, il faut s’adresser au Conseil général et non plus à la municipalité. Dans le cas du Gaec Postec, un dossier de demande de travaux a été déposé au niveau de deux mairies car la route se trouve en limite de deux communes. « Nous avons expliqué notre projet, les deux maires se sont montrés réceptifs. » Il n’y a pas besoin de demander de permis de construire pour ce type d’ouvrage. Un arrêté municipal fixe la durée autorisée pour barrer la route. « La déviation de circulation a duré quatre jours. »

Un courrier est également transmis à EDF, GDF, France Telecom, ainsi qu’au Syndicat des eaux pour signifier l’intention de travaux, en précisant les dates de début et de fin de chantier.

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