Aller au contenu principal

Une occlusion intestinale provoquée par un caillot sanguin chez une vache haute productrice

Le syndrome jéjunal hémorragique est une pathologie complexe pas encore bien connue. Il peut toucher tous les bovins mais il est beaucoup plus fréquent chez les hautes productrices de races Prim’holstein ou Brune suisse.  

Le caillot de sang bouche le passage : on voit que la portion d'intestin tenue par la main est vide.  © A. Ramette
Le caillot de sang bouche le passage : on voit que la portion d'intestin tenue par la main est vide.
© A. Ramette

Un client nous contacte pour « une très bonne vache qui ne donne plus rien du jour au lendemain et qui a des coliques ». Cette Prim’holstein multipare a vêlé il y a plusieurs semaines, sa lactation a très bien démarré. Hier, elle a donné normalement : plus d’une quarantaine de litres. Ce matin, elle n’a donné que 3 litres, ne mange pas et présente des signes de douleurs abdominales.

À l’examen clinique, on remarque que le fumier récupéré lors de la palpation transrectale est rare et sec ; que la vache est légèrement ballonnée. Nous pensons que la vache a une occlusion. Il faut donc effectuer une laparotomie, c'est-à-dire opérer pour inspecter sa cavité abdominale afin de le vérifier. Nous informons l’éleveur que la chirurgie que nous allons faire est coûteuse et complexe, il est d’accord pour que nous opérions la vache.

Lors de l'opération, la cause du problème est rapidement identifiée. Il y a un caillot de sang dans une portion des intestins appelée le jéjunum. Cette pathologie s’appelle un syndrome jéjunal hémorragique. La muqueuse de l’intestin saigne, un caillot se forme et bloque le passage des matières fécales, ce qui crée une occlusion. La paroi de l’intestin est abîmée ; il faut l’enlever. Notre patiente se remettra de cette pathologie grave ; elle ruminera de nouveau 24 heures après la chirurgie et donnera 40 litres une quinzaine de jours plus tard.

Dès l'apparition des symptômes

Le syndrome jéjunal hémorragique est identifié depuis le début des années 1990 chez les bovins laitiers ou allaitants, mâles ou femelles de tous âges. Mais il est beaucoup plus fréquent chez les vaches laitières hautes productrices de races Prim’holstein ou Brune suisse. La cause de cette pathologie est complexe et pas encore réellement connue. Il y a très certainement plusieurs facteurs qui interviennent. Ce problème est plus fréquent dans les élevages avec une alimentation très riche en énergie et facilement fermentescible.

Plusieurs pathogènes ont fait l’objet d’étude. Le premier est un clostridium producteur de toxines ; c’est une bactérie proche de celle responsable de l’entérotoxémie chez les bovins allaitants. La deuxième piste explorée est la présence de mycotoxines produites par des champignons dans des fourrages mal récoltés ou mal conservés. Le troisième pathogène étudié est un colibacille également producteur de toxines. Les toxines libérées par l‘un ou l’autre de ces agents pathogènes conduisent à une hémorragie de la muqueuse de l’intestin ; un caillot se forme alors et provoque une obstruction intestinale.

Après le début des symptômes, il faut réagir vite si l’on veut sauver le bovin. Sans soin, la mort survient en moins de 48 heures. Les signaux d’alerte pour l’éleveur sont une brutale baisse de production et un abattement de l’animal. Pour pouvoir réaliser une chirurgie. Il faut que l’état général de l’animal soit encore correct. En effet, un état de choc rend illusoire la réalisation d’une opération. Selon notre expérience, le taux de survie suite à la chirurgie est d’environ 50 %.

Cette pathologie, comme beaucoup en élevage, est largement favorisée par un problème lié à l’alimentation du bovin. Et son pronostic, bien que très moyen, sera largement amélioré par les capacités de surveillance et de réactivité de l’éleveur.

Une association de malfaiteurs

Actuellement, il est admis que le syndrome jéjunal hémorragique résulte très certainement d'une « association de malfaiteurs ». Un état d' acidose chronique due à une alimentation très riche en énergie et pauvre en fibres ou une ration mélangée triée par les bovins. Et la présence de mycotoxines si un ou plusieurs aliments ont été mal récoltés ou mal conservés. L'association des deux (acidose chronique et mycotoxines) provoque une perturbation de la flore du tube digestif.

À retenir

° Réagir très vite si l’on veut sauver le bovin.

° Les signes d’alerte : baisse brutale de la production et abattement.

° Une pathologie favorisée par un problème d’alimentation.

Les plus lus

Baptiste, Laurent et Simon Cousin, du Gaec des Jonquilles dans les Ardennes
« Nous vivons à trois avec un système lait bio tout herbe productif et diversifié »
Le Gaec des Jonquilles, dans les Ardennes, arrive à être productif sur un plateau froid et humide couvert de prairies permanentes…
En début de saison de pâturage, les vaches font le tour des paddocks en 40 à 45 jours, pour tout déprimer. En pleine saison, elles reviennent tous les 21 jours.
« Nos vaches pâturent encore plus depuis que nous avons les robots de traite »

Au Gaec des Morlières, dans l’Orne, les 140 laitières pâturent 44 paddocks, dont le plus éloigné se situe à un kilomètre de la…

Paella, championne adulte et meilleure mamelle adulte
Salon de l'agriculture 2024 : retrouvez la vidéo et le palmarès du concours de la race montbéliarde

Le doublé championne et meilleure mamelle adulte est revenu à Paella du Gaec Pivert du Haute-Loire.

Vaches laitières dans une prairie
Prairies permanentes : Bruxelles accepte de revoir le ratio

Face à la pression du terrain et aux demandes de certains Etats-membres, la Commission européenne a décidé d’assouplir les…

Traite - bracelet à la patte pour traitement antibiotique
Les lactations prolongées sont-elles rentables pour les vaches laitières ?

Adopter une stratégie de lactations prolongées peut présenter des intérêts dans certains élevages et pour certaines vaches,…

Salon de l'agriculture 2024 : retrouvez la vidéo et le palmarès du concours de la race abondance

La Haute-Savoyarde Ovation remporte le prix de championne adulte au concours 2024 de la race Abondance à Paris. 

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 100€/an
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Réussir lait
Profitez de l’ensemble des cotations de la filière Réussir lait
Consultez les revues Réussir lait au format numérique, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de la filière laitière