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Bâtiment : un projet pensé pour deux générations

Pendant un an, nous vous proposons de suivre la mise en œuvre du projet des trois associés du Gaec Honoré. Un projet pensé aussi pour la carrière des jeunes qui leur succèderont. Agrandissement, robotisation et méthanisation sont au programme. Une première étape importante vient d'être franchie avec le dépôt de la demande de permis de construire. 

Les éleveurs font le point avec Thierry Régeard et Anthony Baslé, d'Eilyps. © C. Julien
Les éleveurs font le point avec Thierry Régeard et Anthony Baslé, d'Eilyps.
© C. Julien

Au Gaec Honoré, ce n’est pas parce qu’on a dépassé la cinquantaine qu’on ne fourmille pas de projets. Bien au contraire ! « Nous sommes trois associés, frères et sœur, qui conduisons une exploitation laitière à Andouillé-Neuville, en Ille-et-Vilaine », se présentent-ils. L’actuelle stabulation a été construite en 1994. Conçue pour 70 vaches, elle en accueille plus de 80. En plus de ce bâtiment surchargé, l’installation de traite en épi vieillit et est saturée. « On met deux heures à traire à deux », chiffrent les associés. Cette contrainte pèse lourd dans l’organisation du travail. « Tout le monde travaille le samedi. Le dimanche, on fait le boulot à deux le matin, et un le soir ». Cela a entraîné une certaine lassitude de la traite, de ses contraintes horaires et physiques. Si Jean-Yves et Didier ont 58 et 54 ans, Valérie n’a que 43 ans. Et trois jeunes - les fils de Didier et Jean-Yves - sont intéressés par l’agriculture.

Leurs futures installations ont beaucoup pesé dans les réflexions des associés sur l’évolution de leur outil. Après un an de réflexions et de visites, ils ont décidé de le moderniser et de l’agrandir par étapes, non seulement pour finir leur carrière dans de bonnes conditions mais aussi pour pouvoir transmettre un outil parfaitement opérationnel. « Quand un jeune s’installe, il a déjà beaucoup à financer, souligne Jean-Yves Honoré. En investissant maintenant, nous profitons de meilleures conditions de travail et nous faciliterons le début de carrière de nos jeunes, comme notre père a fait avec nous en nous transmettant un outil performant. »

" Faciliter le début de carrière de nos jeunes "

 

 
D'ici un an, le bâtiment aura doublé de places. © C. Julien
L’idée validée par les trois associés, restait à lui donner corps. Pour les y aider, les trois associés ont fait appel, début 2019, à Thierry Régeard, de Tecmatel, le service bâtiment d’Eilyps. Tecmatel les accompagne dans la mise en œuvre du projet depuis sa réflexion et la rédaction des cahiers de charges jusqu’à la maîtrise d’œuvre et le suivi de chantier, en passant par la gestion des appels d’offres. Cet accompagnement a un coût : 17 000 euros, sur un budget total des travaux pour le bâtiment de 800 000 euros. « Mais nous avons davantage à gagner à continuer à bien suivre l’élevage pendant les travaux », estiment les associés.

 

Pour la modernisation de leur installation de traite, les trois associés n’envisageaient pas autre chose qu’un passage au robot. « Cela donne plus de souplesse dans l’organisation du travail et lève une partie des contraintes physiques, remarque Valérie Honoré. En plus, cela correspond mieux aux attentes de la jeune génération. » Cette automatisation permettra de réduire le travail d’astreinte et « de pouvoir le gérer à un et non plus à deux comme c’est nécessaire aujourd’hui ». Mais, avec un effectif dépassant les 80 vaches à traire, un robot aurait été saturé ; à l'inverse, en installer deux serait surdimensionné.

Un agrandissement par étapes

 

 
Jean-Yves, Valérie et Didier Honoré misent sur un agrandissement par étapes pour, non seulement leurs conditions de travail, mais aussi les futures installations. © C. Julien
Aussi, avec les installations qui se profilent, l’idée fait son chemin de voir grand « pour avancer ». Les trois associés étudient l’hypothèse d’une augmentation dans un premier temps du cheptel à 130 vaches, pour saturer deux robots. Ce qui, avec les taries, porterait l’effectif total du cheptel à 150 têtes. Agrial, leur laiterie, serait prête à prendre les 400 000 litres supplémentaires. Le parcellaire ne sera sans doute plus adapté au pâturage d’autant de vaches, mais il est possible de convertir des surfaces destinées à la vente vers l’alimentation du troupeau. Mais, avec une telle hausse de cheptel, les bâtiments sont à revoir. L’actuelle stabulation devra être agrandie par une extension. Dans sa future organisation, le bâtiment doit se prêter à l’installation des robots de traite. Après plusieurs visites, les trois associés font le choix de miser sur des robots Lely A4 d’occasion reconditionnés.

 

Autre levier pour réduire le travail de manutention, les associés réfléchissent au type de logement et d’effluents. Aujourd’hui, les vaches sont en logettes avec matelas paillé. « Le fumier demande beaucoup de travail, argumentent les éleveurs. Il faut presser et stocker la paille, pailler les logettes, stocker et épandre le fumier. Ça en fait de la manutention ». D’où leur idée de passer en lisier et d’enfouir une partie de la paille pour maintenir le taux de matière organique des sols. De toute façon, avec l’agrandissement, une mise aux normes du stockage des effluents se serait imposée. C’est une fosse de 3 500 m3 qui s’impose. Même s’ils ne l’installent pas immédiatement, les associés veulent que, dans ce futur bâtiment, la distribution de l’alimentation puisse être automatisée.

Mise en route du chantier à l'été 2020

 

 
La structure du bâtiment étant encore bonne, c'est une extension qui sera réalisée plutôt que de tout reconstruire. © C. Julien
Toujours dans l’optique de l’installation de trois jeunes, les associés construisent leur projet de façon à permettre une deuxième augmentation de cheptel, pour arriver à un effectif de 180 laitières d’ici dix ans. La fumière, qui sera attenante à l’extension, pourra être convertie en logettes, car elle n’aura plus de raison d’être avec le passage en déjections liquides. « On surdimensionne l’outil pour qu’en phase d’installation les jeunes aient le moins possible d’investissements à faire », argumente Didier Honoré. En plus de la difficulté à concevoir un nouveau bâtiment, il fallait intégrer la nécessité que l’élevage puisse continuer aussi normalement que possible pendant les travaux.

 

Le permis de construire du bâtiment a été déposé le 1er juillet 2019, pour une réponse attendue dans les trois mois. Les trois associés se fixent un objectif de mise en route à l’été 2020. Ça sera un peu plus long, au regard des délais d’instruction administrative, pour l’unité de méthanisation.

Vous découvrirez les détails de ce nouveau bâtiment et de son coût dans notre prochain article.

Étape 1

° Réflexion et visites de juillet 2018 à juin 2019 ?
° Définition du projet : robotisation et agrandissement à 130 vaches, méthanisation (33kW) quand ?
° Accord de financement des banques ? (ou simple présentation ?) Quand ?
° Demande de permis de construire pour  ‘extension de la stabulation le 1er juillet

Le Gaec Honoré

3 associés : Jean-Yves, 58 ans, marié, 3 enfants ; Didier, 54 ans, marié, 3 enfants ; Valérie, 43 ans, mariée, 3 enfants.
Création du Gaec en 1987 par Didier et ses parents. Ils sont rejoints par Jean-Yves en 1991, puis par Valérie en 1997, suite au départ en retraite des parents.
170 ha de Sau sur 2 sites. Le siège est à Andouillé-Neuville, sur la ferme des parents, où est l’atelier lait. À Feins, à 8 km, l’exploitation des beaux-parents de Jean-Yves accueille les génisses et les taries, plus des cultures de vente.
Le cheptel est actuellement de 97 VL pour une référence de 825 000 litres.

La méthanisation conforte l’agrandissement de l’élevage

Cela peut sembler paradoxal mais c'est un investissement supplémentaire, dans une unité de méthanisation, qui a conforté le projet d'agrandissement de la stabulation.

En parallèle de leurs réflexions sur l’évolution de leur élevage, les associés du Gaec Honoré se sont penchés avec plusieurs collègues sur l’intérêt de la méthanisation. « Étant dans une zone dense en élevages laitiers, nous étions partis sur un gros projet commun pour valoriser les effluents », retracent-ils. Mais ce projet collectif n’a pas abouti. Pour les trois éleveurs, est resté l’intérêt pour la méthanisation qui transforme les effluents en une nouvelle ressource. « Quitte à faire une nouvelle fosse, pourquoi ne pas installer un méthaniseur en cogénération », envisagent-ils. Ce digesteur pourra valoriser les effluents, apportés en continu par le nettoyage automatisé de l’aire d’exercice, mais aussi d’autres ressources de l’exploitation, comme les refus, les pertes de silos… Pour ce projet à l’échelle de leur seule exploitation, se pose la question de la taille critique pour atteindre la rentabilité. « D’après les calculs, il faut l’équivalent de 150 à 160 vaches, ce qui est intermédiaire entre les 120 vaches que nous pensons avoir à la mise en route du bâtiment et les 180 que l’on pense atteindre dans une dizaine d’années. » Pour une production de 33 kW, l’unité de méthanisation demande un investissement supplémentaire de 250 000 euros. « Les banques que nous avons consultées sont prêtes à financer ce projet, car la lisibilité des tarifs de rachat de l’électricité sur vingt ans sécurise l’ensemble du projet », expliquent les associés.

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