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Un passage au robot bien anticipé

En Ardèche au Gaec des Vents, le passage au robot s’est fait en douceur, grâce notamment à l’adaptation de l’alimentation des 55 vaches avant son arrivée.

Produire du lait en Ardèche, ce n’est pas évident. La couche de terre au-dessus de la roche n’est pas bien épaisse, et la sécheresse estivale est particulièrement sévère. « Il faut vraiment aimer l’élevage", assure Christophe Betton, l’un des trois associés du Gaec des Vents, situé au col de Vaudevent sur 135 ha (1). En 2009, la crise a bien failli avoir raison du lait. L’atelier a été maintenu grâce une conversion en bio. Une évolution logique pour ce Gaec qui produisait déjà des volailles bio depuis une quinzaine d’années. L’investissement dans le robot a été décidé en 2015. « Mes deux associés (Denis et Christiane Nandon) partent à la retraite dans quatre ans. L’arrivée du robot va me permettre de continuer seul le lait, argumente-t-il. Il redonne aussi de l’attractivité à l’exploitation pour installer un jeune (2). »

Une ration semi-complète deux mois avant

Le passage au robot s’est fait en douceur en septembre 2016. Il a été facilité par le bâtiment « bien adapté », une stabulation classique avec trois rangées de logettes. « L’implantation a nécessité peu d’investissements. Le robot est installé dans l’ancienne salle de traite. Nous avons utilisé l’évacuation d’eau existante et réalisé une fosse pour récupérer les déjections et les eaux de lavage. » Pas de bouleversement non plus du côté des vêlages qui étaient étalés sur l’année. Ni de gros problèmes de cellules à résoudre : l’élevage est toujours en dessous du seuil de 200 000 cellules, l’installation des logettes, en 2013, avait bien amélioré la situation. Un parage du troupeau a été réalisé en juin avant l’arrivée du robot afin de s’assurer que la fréquentation ne soit pas limitée.

Le gros travail d’adaptation a porté sur l’alimentation, deux mois avant la mise en route du robot. Une anticipation menée avec l’appui de Stéphane Baillé, nutritionniste du cabinet indépendant BDM qui suit l’élevage depuis 2012. « L’élevage était en ration complète depuis cinq ans. On est passé en juin à une ration semi-complète et à une distribution individuelle à la brouette de soja et de maïs grain. Ce sont les deux aliments très appétents que les vaches consomment désormais au robot », explique Christophe Betton.

Habituer les vaches à rentrer seules du pâturage

Le travail d’adaptation a également concerné le pâturage. L’objectif du Gaec est de privilégier la pâture, avec les limites liées aux conditions climatiques de la région. « Au maximum, pendant la période de pousse du 15 avril au 15 juin, la part de la ration distribuée descend à 40 % », précise Stéphane Baillé. L’idée était d’habituer les vaches à rentrer seules. « L’été dernier, les vaches ont pâturé les deux côtés de la route d’accès à la ferme. Et j’ai modifié les horaires de sortie à l’herbe, en les sortant tôt le matin et les rentrant tôt l’après-midi pour éviter les gros coups de chaleur (c’est bien ça ?) », explique l’éleveur. Il a installé ce printemps une barrière en caoutchouc électrifiée qui leur permet de traverser la route, et une porte de pâturage autorisant les vaches traites à sortir. La mise à l’herbe cette année est compliquée. Les conditions météo hivernales (plusieurs gelées début mai) ne favorisent pas la pousse de l’herbe et sa valeur est plus que moyenne. Les vaches pâturent 7 ha auxquels viennent s’ajouter 5 ha de seconde coupe.

Des vaches bio à 9 000 litres

La mise en route du robot n’a pas posé de problème particulier, si ce n’est qu’il a fallu pousser les vaches 24 h sur 24 pendant une semaine. « Nous avons tenu bon comme on nous l’avait fortement conseillé, se souvient Christophe Betton. Les huit premiers jours, nous avons divisé le bâtiment en deux avec deux lots de 25 vaches : à raison d’une traite toutes les 8 heures, on disposait de 4 heures pour traire 25 vaches. Au bout des huit jours, le bâtiment est repassé 'en libre' avec au début 15 à 20 vaches à pousser. En trois semaines, c’était réglé. Pendant les quinze premiers jours, toutes les vaches, même les fins de lactation, recevaient 2 kg minimum d’aliment au robot. »

Aujourd’hui, le Gaec ne reviendrait pas en arrière. Avec 55-57 vaches traites, la fréquentation est bonne : « on ne descend pas en dessous de 2,4-2,5 traites par vache et par jour ». Et le « temps libre », à 25 %, est élevé. La production a progressé « d’au moins 10 % » et tourne aujourd’hui autour de 9 000 litres. « Nous avons produit 500 000 litres (cet objectif a été atteint ?) sur la campagne 2016-2017 contre 440 000 l’année dernière. » Le Gaec livre le lait, depuis juillet, à Biolait qui a accordé 100 000 litres supplémentaires suite à l’investissement robot. « Danone, qui ne veut plus collecter de lait bio dans la région, nous avait envoyé un préavis en avril », s’insurge Christophe Betton.

« Le travail au robot s’organise beaucoup mieux, même si le temps de travail reste le même. On dispose pour le suivi de nombreuses alertes (courbes de poids, écart de taux avec alerte acidose et acétonémie, santé de la mamelle…) ce qui ne nous dispense pas d’aller voir les vaches au moins quatre ou cinq fois par jour ». Une chose est sûre, Christiane, très réticente au départ, a complètement changé d’avis en six mois !

Aujourd’hui, il reste encore à aménager un box de dérivation avec trois logettes pour faciliter les interventions sur les vaches. Mais Christophe pense déjà à la prochaine étape : refaire les sols de la stabulation et… robotiser le raclage.

(1) 3,5 ha maïs, 15 ha de céréales à paille (récoltées entières humides et broyées), 25 ha luzerne ou trèfle violet, 15 ha de « landes », 76,5 ha de prairies naturelles.
(2) En plus du projet de méthanisation Agritexia (voir Réussir Lait juillet 2016).

Davantage de changement lors du passage en bio

La conversion bio, engagée en 2010, a semblé plus difficile à Christophe Betton que le passage au robot. « C’est une autre vision de l’exploitation. Produire du lait bio demande de la réflexion et beaucoup de technique. Il faut savoir cultiver l’herbe, et j’ai mis longtemps à mettre au point la rotation », reconnaît-il. Le passage en bio s’est traduit par moins de céréales à paille, moins de maïs (irrigué) et plus de luzerne (en partie irriguée) et trèfle violet. « Notre objectif est de limiter le nombre de vaches en produisant le maximum par vache tout en visant le maximum d’autonomie alimentaire. » Le Gaec mise sur un faible chargement et des ensilages d’herbe/luzerne et trèfle violet de qualité. Il vise six mois de stocks d’avance. L’exploitation est autonome mis à part l’achat de 70 tonnes de maïs grain humide. « Le système est cohérent avec un bon équilibre surfaces/vaches, souligne Stéphane Baillé, nutritionniste BDM. L’objectif est d’atteindre zéro soja (1) dans la ration de base. »

(1) 875 €/t en achat groupé par 25 t.

Côté éco

En février 2017

Coût alimentaire vaches (1) 168 €/1 000 litres
Marge alimentaire 333 €/1 000 litres
Efficacité alimentaire 1,4 kg lait/kg MS ingérée
Coût alimentation par vache/jour 5,26 €/1 000 litres pour 31,2 litre lait standard
(1) Ensilages au prix de revient – frais de récolte avec coûts standard.

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