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Un cas fatal de forme nerveuse de listériose

Les vaches se contaminent en ingérant des aliments contenant la bactérie Listeria monocytogenes. La bonne réalisation des chantiers de récolte est le principal moyen de prévention de la listériose bovine.

La vache a une oreille qui tombe et marche bizarrement. © S. Cercelet
La vache a une oreille qui tombe et marche bizarrement.
© S. Cercelet

Un éleveur me contacte pour avoir des conseils pour une vache « bizarre », je lui demande plus d’explications. Il me décrit alors que la vache « marche bizarrement, elle tourne toujours du même côté, et elle a une oreille qui tombe ». Je lui demande : « elle n’aurait pas aussi l’œil fermé ? » « Si, comment le sais-tu ? ».

Cette vache est une Prim'Holstein ayant vêlé il y a six mois, elle n’a aucun historique particulier. Elle présente des symptômes neurologiques depuis 24 heures, elle tourne en rond, toujours dans le même sens. Quand on la regarde en face, on remarque que la moitié de sa tête est paralysée à gauche, son oreille et sa paupière sont tombantes. La partie gauche de son mufle est également paralysée. Elle bave légèrement, toujours du côté gauche. Sa température rectale est de 39,2°C. L’examen clinique ne montre aucune autre anomalie.

La paralysie de la moitié de la face est très évocatrice d’un cas de listériose. Cette pathologie infectieuse est causée par Listeria monocytogenes, une bactérie très présente et résistante dans l’environnement (sol, plante, litière…). Elle peut se multiplier dans une large plage de température et à des pH compris entre 5 et 9, mais elle est détruite par la pasteurisation.

Les vaches se contaminent suite à l’ingestion d’aliments contenant cette bactérie (ensilage, enrubannage). La durée d’incubation est de deux à trois semaines. Ainsi, on peut observer des cas de listériose quelques semaines après l’ouverture d’un silo mal fait : trop humide, mal tassé, avec de la terre ramenée par des roues de tracteurs sales lors du chantier d’ensilage ou du matériel mal réglé (par exemple, une faucheuse trop basse ou une faneuse qui gratte le sol). Ou bien après ingestion d’enrubannage contenant de la terre. Un silo dont le pH est inférieur à 5 ne permet pas la multiplication de Listeria monocytogenes. La bonne réalisation des chantiers de récolte est le principal moyen de prévention de la listériose bovine.

Souvent un seul animal malade

Lorsqu’un silo est contaminé, tous les animaux consommant de l’ensilage se contaminent, mais seuls quelques animaux présentant un facteur de stress particulier (vache dans la période entourant le vêlage ou ayant un autre problème) déclarent la maladie. Le plus souvent, on observe juste un seul animal malade.

La vache de notre cas clinique ne présentait aucun facteur de risque, elle a eu une antibiothérapie mais cela n’a pas permis l’amélioration des symptômes ; par la suite, elle était incapable de se lever, il a donc été décidé de l’euthanasier. Le taux de mortalité lors de la forme nerveuse de la listériose est assez élevé. Pour donner toutes les chances à l’animal, il est indispensable de mettre en place un traitement antibiotique le plus rapidement possible. D’où l’importance pour l’éleveur d’examiner immédiatement tout bovin dont la production de lait diminue de façon inexpliquée ou qui a un comportement anormal. Le traitement doit être donné jusqu’à guérison complète. Il faut mettre l’animal dans un endroit où il ne peut pas se blesser, et le drencher s’il n’arrive pas à boire par lui-même.

Des mammites subcliniques à Listeria

La listériose peut également chez les bovins être responsable d’avortements, de septicémie chez le veau nouveau-né, et de mammite subclinique. Il est important de connaître cette possibilité de mammite subclinique à Listeria monocytogenes, car il y a alors une excrétion de cette bactérie dans le lait. Celle-ci peut conduire à une contamination humaine lors de la consommation de lait cru ou de produits laitiers à base de lait cru par des personnes à risque (personnes immunodeprimées, femmes enceintes, jeunes enfants). Cette bactérie étant aussi très présente dans l’environnement, la contamination du lait peut aussi être due à un défaut d’hygiène de traite.

À retenir

° 2 à 3 semaines d'incubation
° Attention aux silos mal tassés, humides, avec de la terre

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