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Un cas de mammite suraigüe chez une vache multipare

Lors de ce type de mammite avec forte fièvre et/ou état général dégradé, la prise en charge doit être rapide et complète car le pronostic vital de la vache est engagé.

La vache ne se lève plus du tout et semble très abattue. © S. Cercelet
La vache ne se lève plus du tout et semble très abattue.
© S. Cercelet

Un éleveur contacte la  clinique pour « une vache fraîche vêlée qui se lève difficilement ». À mon arrivée, elle est dans le parc d’infirmerie, ne se lève plus du tout et semble très abattue. L’éleveur m’explique que c’est une multipare qui a vêlé il y a une dizaine de jours. Tout se déroulait normalement jusqu’à ce matin : « elle était mal couchée dans la logette, je l’ai faite lever mais elle a vraiment eu des difficultés pour se lever, je l’ai immédiatement mise dans le box d’infirmerie ».

 

 
Sur le plateau du test CMT, on voit qu’il est modifié et le lait devient visqueux lors de l’ajout du réactif. © S. Cercelet

 

À l’examen clinique, la température rectale est de plus de 40°C, il n’y a pas de métrite, les bouses sont légèrement glaireuses. À la palpation, le quartier arrière droit me semble plus ferme ; en observant le lait sur le plateau du CMT, on voit qu’il est modifié et le lait devient visqueux lors de l’ajout du réactif. Cette vache n’avait pas de cellules avant son tarissement. Le reste de l’examen clinique est typique de la vache en état de choc (tachycardie, tachypnée, rumen atone, apathie, déshydratation). Cette vache a une mammite suraigüe.

Éviter le choc toxique

Un prélèvement de lait est réalisé pour une analyse bactériologique à la clinique qui permettra d’identifier la bactérie responsable.

La vache reçoit un anti-inflammatoire, un antibiotique adapté, une perfusion de volume important avec du calcium et un drenchage, tout cela dans le but de lutter contre le choc toxique. Il est également intéressant d’administrer de l’ocytocine lors de la traite pour favoriser la vidange complète du quartier.

Lors de ce type de mammite, la prise en charge doit être rapide et complète car le pronostic vital est engagé.

Les mammites suraigües sont dues à des bactéries gram négatif dont un des composants provoque un important état de choc chez l’animal via la libération de nombreuses molécules inflammatoires et des dérèglements métaboliques, ce qui entraîne la mort dans certains cas.

24 heures après, le verdict tombe, cette vache a une mammite due à Escherichia coli. Cette bactérie est normalement présente dans le tube digestif des animaux, elle se retrouve donc dans la litière et contamine la mamelle entre les traites avant que le sphincter ne soit correctement fermé. Pour la moitié des mammites colibacillaires survenant dans les trois mois suivant le vêlage, la contamination a eu lieu durant le tarissement.

Comment prévenir ce type de mammite

La prévention passe d’abord par une bonne maîtrise de l’environnement des vaches laitières et des vaches taries :

- un curage régulier de l’aire paillée, indispensable si la température de la litière dépasse 32°C ;

- une surface d’au moins 6 m2 par vache laitière ou de 1 m2 pour 1 000 litres de lait produits annuellement si la vache produit plus de 6 000 litres par an ;

- éviter le couchage des vaches dans les 30 minutes suivant la traite.

Elle passe aussi par l’application correcte d’un produit de post-trempage désinfectant et à effet barrière et l’utilisation de « bouchons » de bismuth au tarissement.

À retenir

Une vache qui a une mammite et dont la température est supérieure à 40°C ou dont l’état général se dégrade (ne mange pas, ne rumine pas, se lève difficilement) nécessite d’être examinée rapidement. Elle doit recevoir un traitement par voie générale pour lutter contre l’état de choc.

Le saviez vous ?

Une mammite clinique coûte entre 200 et 400 €. Environ la moitié du coût représente du lait non produit, un quart le lait jeté, et le quart restant du coût se partage entre les frais de traitement et les réformes.

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