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[Réchauffement climatique] La silphie, une plante d’avenir pour faire des stocks ?  

La silphie fait de plus en plus parler d’elle chez les méthaniseurs, mais pas seulement. Des éleveurs commencent à s’y intéresser pour sécuriser leurs stocks fourragers.

Implantée sur plus de 6 000 hectares en Allemagne, la silphie perfoliée a commencé à traverser le Rhin il y a deux ans. Oubliée dans les années 1960, cette plante pérenne pouvant atteindre 3,50 m de hauteur revient au goût du jour en France via la méthanisation. Sa capacité à résister à des températures élevées et à la sécheresse en font aussi une candidate potentielle pour sécuriser les stocks fourragers. Cette plante fait par conséquent l’objet d’expérimentations dans l’Est de la France.

Les premières observations de terrain confirment son aptitude à résister aux coups de chaud et à des épisodes de sécheresse. « La silphie a besoin d’eau comme les autres plantes. Mais cette année, elle a plutôt bien redémarré après la sécheresse du printemps. Son rendement sera toutefois inférieur à ce qu’il aurait été s’il y avait eu assez d’eau », précise Noémie Choffel, conseillère en agronomie à la chambre d’agriculture des Vosges.

Première récolte en juin, seconde en septembre

Amédée Perrein, gérant de la société HADN qui importe d’Allemagne la variété de silphie Abica Perfo, confirme. « La silphie a besoin d’autant d’eau que le maïs mais pas aux mêmes moments. Quand elle est destinée à la production de fourrage, elle peut être récoltée une première fois vers le 15 juin. Elle mesure déjà 1,70 m alors que le maïs n’est semé que depuis un mois en Lorraine.  Sa capacité à résister à la sécheresse s’explique par un enracinement profond (2 à 3 m). »

Attention, côté récolte, avec la silphie il faut être patient. Cette plante démarre très lentement. Elle ne peut être récoltée que l’année suivant son implantation. Et elle ne commence véritablement à exprimer son potentiel de rendement que deux ans après son implantation.

Quand elle est récoltée pour produire des fourrages, deux coupes sont possibles. « Elle doit être récoltée avant floraison pour ne pas perdre en valeur alimentaire et appétence », prévient Noémie Choffel. « Quand la silphie est bien installée, lors de la première récolte (vers le 15 juin), le rendement potentiel est d’environ 9 tonnes de matière sèche par hectare. En seconde coupe (fin septembre), il est d’environ 3 à 6 tonnes », selon Amédée Perrein.

Notez que lorsque la silphie est destinée à la méthanisation, elle n’est récoltée qu’une seule fois par an, fin août-début septembre. « Cette année, première année de récolte pour des méthaniseurs, les rendements sont estimés entre 25 et 30 tonnes brutes par hectare à environ 28-30 % MS en fin de cycle. Selon les données bibliographiques, on peut espérer des rendements compris entre 40 et 60 tonnes brutes pour les années à venir », explique Noémie Choffel.

Des valeurs alimentaires à confirmer

Sa valorisation dans la ration des bovins n’en est qu’au stade expérimental. L’ensilage est jusqu’ici le mode de récolte préconisé. « Faute de recul suffisant, nous ne conseillons pas actuellement de la récolter en enrubannage », précise Amédée Perrein.  

Le nombre de résultats d’analyses de fourrages étant restreint, l’estimation de sa valeur alimentaire s’appuie sur les valeurs publiées dans les tables Inra de 2007. « Les quelques analyses d’échantillons que nous avons réalisées cette année se rapprochent de ces valeurs », constate Noémie Choffel.

Ainsi, d’après les premières analyses réalisées cette année, sa valeur énergétique se situe entre 0,70 et 0,85 UFL en fonction du stade de récolte. La teneur en protéines oscille entre 11 et 15 % de MAT. 

« On se rapproche des valeurs d’un ensilage d’herbe précoce. Mais ce sont des valeurs en vert. Avec la conservation, la valeur alimentaire de la silphie risque de diminuer », précise Noémie Choffel.

Si la silphie fait jeu égal avec le maïs pour la méthanisation, en revanche ses valeurs alimentaires diffèrent. « La silphie est moins riche en énergie que le maïs. Elle est plus riche en protéines et notamment en protéines solubles », souligne Amédée Perrein.

Lequel ajoute, pour couper court aux tentations d’aller plus loin dans les comparaisons entre la silphie et le maïs : « ce sont deux plantes différentes. La silphie est une nouvelle culture. Elle arrivera à trouver sa place dans le paysage de la méthanisation et de la production de fourrages ».

Les expérimentations vont se poursuivre. Mais, une chose est d’ores et déjà sûre : bien que très prometteuse, la silphie n’est pas une plante miracle. Ses valeurs alimentaires en font un fourrage plutôt destiné aux génisses ou aux vaches à faible niveau de production. « Il ne faut pas la voir comme un ingrédient majeur dans la ration d’un troupeau, mais plutôt comme un complément fourrager sécurisant quand on ne dispose pas de suffisamment de stocks », précise Noémie Choffel.

Le saviez-vous ?

Plus de 160 hectares ont été récoltés cette année dans les Vosges et une cinquantaine en Alsace. « 600 hectares ont été implantés en mai dernier dans 29 départements et nous devrions atteindre les 3 000 hectare cette année », prévoit Amédée Perrein, l’importateur de doses de semences.

Les avantages et inconvénients de la silphie

Les plus

Bonne résistance à la sécheresse et au gel

Culture pérenne (plus de 15 ans)

Source d’énergie pour les méthaniseurs

Peu d’intrants

Plante mellifère (100 à 150 kg de miel/ha)

Les moins 

Prix des semences : 570 €/kg, soit 1 500 à 1 800 €/ha selon les quantités achetées

Culture à implantation délicate

Aucune récolte la première année

Pas encore reconnue comme surface d’intérêt écologique

 

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