Prévention des boiteries : 4 points clés pour bien loger vos vaches
Même si les boiteries sont en général multifactorielles, le bâtiment est déterminant dans leur apparition ou leur aggravation. Focus sur les quatre principaux points à surveiller, avec Ludivine Perrachon, du GDS de Saône-et-Loire.
Même si les boiteries sont en général multifactorielles, le bâtiment est déterminant dans leur apparition ou leur aggravation. Focus sur les quatre principaux points à surveiller, avec Ludivine Perrachon, du GDS de Saône-et-Loire.
1 - Limiter le temps passé debout
Il faut au moins une logette par vache ou une surface minimale par vache en aire paillée. Il faut aussi tout faire pour favoriser une répartition homogène du troupeau dans le bâtiment en veillant à ce qu’il n’y ait pas de zone évitée car trop chaude, mal ventilée ou en courant d’air l’hiver….
Le réglage des logettes selon le gabarit des animaux est primordial. La vache doit pouvoir se coucher et se relever comme si elle était en pâture, quand et comme elle veut, sans que le mouvement de son balancier naturel ne se trouve bloqué. Si elle peine à se coucher, elle va hésiter à le faire et le temps qu’elle va passer debout va augmenter, avec parfois les postérieurs hors de la logette, entraînant une surcharge sur les pieds, notamment sur la zone typique de la sole, ce qui peut causer des bleimes et des ulcères, voire des cerises.
Les logettes doivent être confortables, propres et sèches. En s’agenouillant, on peut évaluer leur confort. Mieux vaut également qu’il y ait suffisamment de places à l’auge et des abreuvoirs avec assez de réserve, de débit et sans courant parasite, en nombre suffisant et répartis de manière homogène pour que les vaches puissent boire sans attente ni concurrence.
Un nombre d’abreuvoirs ou une longueur de linéaires insuffisants augmente le temps passé debout et donc le risque de boiteries. Une localisation inadaptée des abreuvoirs peut aussi entraîner des bousculades et possiblement des lésions des pieds. Attention aux courants parasites dans les abreuvoirs et à la qualité de l’eau qui créent de l’attente devant les abreuvoirs fonctionnels.
L’organisation des circuits dans le bâtiment apparaît également essentielle. Les vaches ne doivent pas se retrouver entassées. Il est aussi recommandé de ne pas laisser les vaches plus d’une heure trente debout quand elles se trouvent bloquées aux cornadis après la traite par exemple.
2 - Veiller à un sol ni glissant, ni trop rugueux
Les sols doivent être antidérapants, mais pas trop abrasifs, afin de limiter les glissades, les contraintes sur les onglons et d’assurer une usure saine de la corne. Une combinaison de tapis et de béton est souvent indiquée. Éviter également les dénivellations brutales, telles que des marches hautes et des pentes très inclinées, qui provoquent un report de poids prolongé sur les onglons postérieurs, ce qui accroît les risques de lésions de la sole. Attention aussi aux finitions lors de la pose du béton (sablage, bouchardage, rainurage, scarification) et à sa neutralisation (5 l de vinaigre pour 100 m², dilué pour une application plus aisée), neutralisation que l’on ne doit pas oublier quand on refait une partie du sol, des marches… Surveiller enfin qu’il n’y ait pas de cailloux acérés qui ressortent du béton quand celui-ci vieillit, ni d’élément blessant émergent (vis, grillage à béton ou autre).
Le GIE de Bretagne conseille d’intervenir tous les cinq à huit ans pour maintenir l’adhérence du béton. Le rainurage mécanique, la scarification, le décapage thermique sont des solutions pour faire éclater la couche superficielle glissante, ou encore la pose de tapis qu’il faut bien entretenir.
3 - Éviter les zones humides ou souillées
L’humidité et la saleté sont propices aux infections, d’où la nécessité de réduire au maximum les zones humides ou souillées. Le lisier doit être raclé plusieurs fois par jour, par racleur, robot aspirateur ou robot racleur. Veiller à l’évacuation de l’humidité du sol, en général par une pente transversale de 2 à 5 % avec canal central. N’hésitez pas à vérifier régulièrement la propreté des pattes. Réparer les abreuvoirs qui fuient est aussi une sage précaution.
La ventilation est un point clé. Si elle s’avère insuffisante ou mal maîtrisée, cela engendre des zones froides ou humides, des courants d’air… que les animaux fuient, ce qui peut créer des regroupements denses et favoriser les bousculades et l’apparition de lésions podales. Outre l’impact direct sur l’humidité et les animaux, le bâtiment vieillira également moins bien.
4 – Surveiller la qualité des pâtures et des chemins
Le pâturage a un impact positif sur l’absence ou la baisse du nombre de boiteries. Un point important toutefois, à ne pas négliger, est la sortie du bâtiment et le chemin d’accès à la pâture. Un aménagement correct des sorties de bâtiment, là où les vaches piétinent, est essentiel. Éviter les cailloux, qui peuvent blesser les pieds, et la boue, qui peut enfermer des germes de maladies infectieuses. Des dalles alvéolées en plastique remplies de sable peuvent être installées pour stabiliser les passages. Veiller aussi à la qualité des chemins et éviter de rouler en tracteur sur les chemins empruntés par les vaches.
Une zone réservée pour les génisses
Une attention particulière doit être apportée dès lors qu’un changement de logement intervient. Pour les génisses notamment, le passage de l’aire paillée aux logettes peut s’avérer un facteur de risque de boiterie, alors qu’elles sont déjà sujettes au stress du vêlage. Une zone réservée le mois avant et après vêlage leur permet de s’habituer peu à peu aux logettes et aux aires d’exercice raclées.