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« Nous avons revu la façon d’alimenter nos 100 vaches »

Au Gaec des Oursons en Savoie, le travail sur la ration mélangée à base de foin séché, sur la conduite du troupeau et sur les charges alimentaires a permis d’améliorer l’efficacité alimentaire et la marge aux 1 000 litres.

Comme beaucoup, les associés du Gaec des Oursons n’avaient pas pensé que l’arrivée de 30 vaches supplémentaires, d’un nouveau bâtiment équipé de deux robots de traite et d’une mélangeuse allait les obliger à revoir leur façon d’alimenter leur troupeau. C’est pourtant ce qu’ils ont été amenés à faire avec l’appui de Stéphane Baille, du cabinet de nutritionnistes indépendants BDM à partir de l’automne 2013, après une bonne année de tâtonnements. « Au départ, nous avons essayé d’alimenter nos 100 vaches comme avant, reconnaît Hervé Clerc, l’un des trois associés. On pensait pouvoir continuer l’affouragement en vert, on a dû abandonner à cause de la surcharge de travail. On pensait aussi distribuer tout le concentré au robot… » Mais il a fallu se rendre à l’évidence : à la fin de la première année, les résultats n’étaient pas au rendez-vous : « le quota n’était pas produit ; on avait des problèmes de taux, de mammites, de pattes. Et la ration coûtait cher. »

La répartition auge/robot des aliments a été revue

Le premier changement, introduit à l’issue de l’audit d’élevage de BDM, a été de revoir la répartition auge/robot des aliments. « L’objectif est de donner aux vaches une alimentation équilibrée, donc d’avoir une énergie amidon, une énergie cellulose et une protéine », commente Stéphane Baille. Ce n’était pas le cas : « on mettait dans la mélangeuse (24 m3 à vis verticale) le foin, le regain, des céréales mais pas de tourteau. On a enlevé 2 kg de céréales et ajouté 1,5 kg tourteau, explique Gérald Bétrix, le benjamin de l’équipe. L’effet sur les taux a été visible très rapidement, cela nous a rassuré. L’investissement dans le suivi nutritionnel (1) a été compensé tout de suite par un gain en prix du lait. »

Des économies importantes sur l’achat du tourteau de soja

Le second changement cité par les associés porte sur l’approvisionnement en tourteau. Au lieu de se faire livrer 7 tonnes de tourteaux, le Gaec anticipe et achète désormais un camion de 28 tonnes en se basant sur le conseil aux achats apporté par BDM. « Nous avons par exemple acheté en février un semi qui sera livré en décembre 2016. » L’économie sur le prix du tourteau est importante : 420 E/t sur le dernier camion livré au lieu de 600 E au cours du jour. L’investissement réalisé pour stocker le tourteau (500 E dans un silo d’occasion + 1000 E dans une vis/béton) a été vite amorti. Le Gaec des Oursons travaille aussi désormais uniquement avec des matières premières : pulpes déshydratées, maïs grain, soja et colza.

Autre point important souligné par Manu Pelletat, C’est QUI ????: « la ration des taries a été revue. Elles sont désormais rentrées à l’intérieur trois semaines avant vêlage et reçoivent les mêmes ingrédients que les laitières avec un foin un peu plus grossier, un minéral adapté et du chlorure de magnésium ».

Le plan de complémentation au robot a été lui aussi modifié. Les quantités de concentré ont été écrétées, avec un maximum à 6 kg (contre 10 kg auparavant). « Les quantités de pulpes maïs et soja sont augmentées progressivement sur les 50 premiers jours de lactation sans regarder le niveau de production. De 60 à 120 jours de lactation, on adapte les quantités à la production. Les vaches qui ont plus de 120 jours de lactation ou qui produisent moins de 23 kg de lait reçoivent seulement 600 grammes de soja », précise Gérald Bétrix, chargé du suivi des robots. La consommation moyenne en hiver est descendue au robot à 1,5 kg de soja, 0,5 kg de pulpes et 0,5 kg maïs grain ; et à la mélangeuse à 1,6 kg soja et 2,6 kg de maïs grain. « Il serait possible de produire un peu plus de lait que les 23 litres de lait standard/vache/jour actuels, mais dans un système foin-regain et avec un volume de lait limité, ce n’est pas économiquement intéressant », commente Stéphane Baille.

Plus de lait, de taux et des vaches en meilleure santé

Aujourd’hui, les associés du Gaec des Oursons ont leur système bien en main. La ration mélangée est distribuée une fois par jour. « Nous essayons de ne pas la repousser trop près du cornadis pour éviter le tri », expliquent les associés. Il n’y a quasiment plus de refus, ni de grains dans les bouses. Les vaches mangent mieux, plus régulièrement.

« La production a progressé de plus de 1 000 litres par vache, le TP et le TB ont gagné un point, le nombre de mammites a été divisé au moins par deux, et les non délivrances et les métrites sont devenues très rares et on a beaucoup moins de boiteries. Les vaches vieillissent bien (3,3 lactations en moyenne). » Le prochain objectif est de réduire l’âge au vêlage assez tardif, en moyenne de 34 mois, avec un objectif à 28-30 mois.

Au final, le nouveau système a permis de libérer du temps. « Une personne seule peut assurer le travail du week-end du samedi matin au lundi matin », souligne Hervé Clerc.

Reste que ce printemps, la météo a été capricieuse. Début juin, la première coupe de foin était loin d’être terminée. Difficile dans ces conditions de le récolter au bon stade ! Les résultats des analyses de foin, faites par sondage, ne seront certainement pas aussi bons que ceux de l’année dernière.

(1) Six visites par an pour 2600 euros.

Deux fois plus de pâturage

L’arrivée des robots n’a pas remis en cause le pâturage, la surface a même doublé pour atteindre 30 ha. « Nous cherchons à faire pâturer le plus possible. Les vaches pâturent jour et nuit. Le lait ne coûte pas cher à produire en avril, soulignent les associés du Gaec des Oursons. Au printemps, le nombre de parts de ration mélangée peut descendre à seulement 15 « parts » (une part correspondant à la ration d’une vache en hiver NDLR). « Plus que le robot, ce qui est limitant, c’est la taille du troupeau. En plus des problèmes liés à la météo, elle nous oblige à traverser une route pour accéder à la moitié des parcelles. Nous avons dû mettre en place des 'parcs tampons' et faisons traverser la route par groupes de vaches ! »

45 minutes pour 100 vaches

Pour remplir la mélangeuse, nous commençons par le foin, puis le regain et finissons par le concentré. La mélangeuse tourne pendant tout le chargement. Quand on la remplit (90-100 parts), on la laisse tourner en plus 10 minutes avant de mettre le concentré et 5 minutes après. En moins de 45 minutes, la mélangeuse est remplie et la ration distribuée aux 100 vaches. Quand les vaches pâturent, le temps se réduit à 20 minutes.

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