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« Même avec 65 vaches, ça vaut le coup de faire une vraie préparation au vêlage »

À l’EARL du Bouton Joyeux, en Loire-Atlantique, Frédéric Duhil confectionne un mélange homogène deux fois par semaine pour ses vaches en préparation au vêlage. La rigueur et la régularité dans la préparation sont payantes.

« Moi le premier, j’étais réticent à l’idée de mettre en place une préparation au vêlage et à faire deux lots de vaches taries », se remémore Frédéric Duhil, à la tête d’une exploitation de 120 hectares et 65 vaches à 10 500 kg, traites au robot depuis décembre dernier. « Je ne voyais que les contraintes et le temps supplémentaire à y consacrer. Mais aujourd’hui, je constate vraiment les bénéfices que j’en retire. Les vêlages se passent bien, les délivrances suivent rapidement, les métrites, fièvres de lait et retournements de caillettes ont presque complètement disparu, la qualité du colostrum s’est améliorée… Et puis, les vaches démarrent bien leur lactation. J’ai même arrêté de distribuer du propylène glycol. »

Le déclic pour s’intéresser aux vaches taries est venu de l’arrêt de l’atelier taurillons en 2016, qui a permis de libérer des cases dans la stabulation. « Le plus difficile, c’est de se lancer. Tant que l’on est au taquet en termes de place et de temps, on a du mal à envisager de nouvelles exigences dans le travail quotidien », considère l’éleveur qui n’hésite plus désormais à réaliser une ration spécifique même s’il n’a que deux vaches en préparation au vêlage. « Ce n’est pas compliqué mais cela exige de la rigueur, confie-t-il. Ceci dit, en s’organisant, ce n’est pas si chronophage que ça. J’y passe une heure par distribution, deux fois par semaine. Au début, il faut prendre le temps de bien caler les choses, de repérer et corriger les erreurs, et après ça roule ! » Finalement, le temps investi se récupère sur les soucis sanitaires en moins à gérer après le vêlage

Visionner le reportage vidéo en direct de l'élevage

En moyenne, l’élevage compte six à sept vaches taries. Malgré ce faible effectif, Frédéric les conduit en deux lots distincts. Le premier reçoit en hiver un foin grossier avec des céréales ou de l’ensilage d’herbe fibreux avec un peu d’ensilage, et sort en pâture à la belle saison. « L’objectif est de sécher la mamelle et de couvrir les besoins pour maintenir l’état », résume l’éleveur, qui s’avoue moins regardant sur la conduite de ce lot que sur celui des vaches en préparation au vêlage.

Ces dernières reviennent obligatoirement dans le bâtiment trois semaines minimum avant le vêlage. « À choisir, je préfère les préparer quelques jours de plus que de moins. » Pour se faciliter la tâche et réaliser un mélange digne de ce nom, Frédéric a pris l’option de préparer une ration pour quatre jours. Il charge tous les ingrédients dans sa mélangeuse de 12 m3 à vis verticale, et recourt à un stabilisateur de ration à base d’acide benzoïque qui stoppe les fermentations et évite l’échauffement en stabilisant la température. « J’en distribue 1 kg/t brute mélangée. Je force un peu plus sur le stabilisateur l’été, mais même lors des fortes chaleurs, la ration ne chauffe pas. » À raison de 4 €/kg, Frédéric estime que cette solution vaut le coup vu le temps qu’elle permet de gagner, mais il faut un couloir d’alimentation suffisamment large.

Ajouter de l’eau pour faciliter le mélange et éviter le tri

Les vaches en préparation au vêlage bénéficient du meilleur fourrage. « Interdit de leur distribuer les coins du silo de maïs ou les refus des laitières, surtout si leur ration contient du bicarbonate qui déséquilibrerait la Baca ! », rappelle Denis Denion, de Seenovia.

La paille broyée est préparée en amont pour gagner du temps. La mélangeuse ne sert ensuite qu’à brasser la ration. Si besoin, l’éleveur ajoute 10 % d’eau au mélange (3 l/VL/j) pour éviter le tri. « C’est un liant qui ne coûte pas cher et qui augmente aussi l’appétence. » Autre précaution utile : avant de charger la machine, Frédéric vérifie toujours s’il ne reste rien dedans, quitte à faire tourner la vis à 1 000 tours pour chasser les résidus de la ration précédente. 

Côté éco

2,04 €/VL/j : tel est le coût de la ration de préparation au vêlage de l’élevage, hors travail et distribution.

Avis d'expert : Denis Denion, consultant à Seenovia 

« La réussite tient à des détails pratiques »

 
« Une bonne préparation au vêlage est stratégique, et plus encore en système robot où la distribution individuelle de concentrés et la fréquence de traite favorisent l’expression du pic de lactation et risquent de fragiliser davantage les animaux. Il ne suffit pas d’avoir une bonne ration sur le papier. La réussite tient surtout à la technicité et la rigueur au quotidien. Pour s’assurer de ce que chaque vache consomme, il faut contrôler régulièrement le niveau et l’homogénéité des pH urinaires. S’ils varient dans le temps ou d’une vache à l’autre, c’est que quelque chose ne va pas. Il faut alors investiguer pour trouver la faille dans la confection ou la distribution du mélange, vérifier l’ingestion et la consommation d’eau.... Visuellement, la ration distribuée correspond-elle à l’objectif en termes de présentation ? Y a-t-il du tri ? Comment le minéral et les sels anioniques sont-ils apportés ? Si après toutes les corrections, la Baca reste insatisfaisante, je recommande une analyse de ration mélangée avec dosage du potassium. Tant que les pH ne sont pas homogènes, il ne faut surtout pas viser une acidification plus marquée. »

 

 

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