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L'ostéopathie soigne le corps dans son ensemble

Médecine sans médicament, l’ostéopathie donne au corps la chance de se guérir seul, en levant les tensions et rétablissant les équilibres. Elle a fait ses preuves sur de nombreuses pathologies.

« Là où la médecine classique explique les maladies d'un point de vue chimique, l’ostéopathie s’intéresse aux forces physiques qui s'appliquent dans un corps », explique le docteur Hélène Leray, vétérinaire-ostéopathe à Nort-sur-Erdre (44). Quand ces forces sont déséquilibrées, le corps ne fonctionne plus correctement et les pathologies arrivent. Et ce dès le niveau cellulaire. « Les forces exercées sur les membranes cellulaires modifient les échanges chimiques qui s'y produisent, souligne la vétérinaire. Elles perturbent donc tout le fonctionnement biologique et risquent d’induire des problèmes chroniques. »

Pour comprendre l'interaction entre les différentes lignes de force, l’ostéopathe s’intéresse au corps dans sa globalité, avec une approche en 3D. En auscultant l’animal, l’ostéopathe remonte les lignes de force pour déterminer les zones de tension et comprendre la nature du déséquilibre, mécanique, nerveux, hormonal qui en résulte. « En passant ma main sur la vache, je sens par exemple les zones de chaleur », transcrit Hélène Leray. Car c’est avec ses mains que l’ostéopathe établit son diagnostic, puis interagit avec l'organisme.

Débarrassés de leurs tensions anormales, les organes et articulations pourront retrouver leur fonctionnement optimum. Car, c’est l’une des particularités de l’ostéopathie, le praticien ouvre au corps la possibilité de se guérir lui-même. « Une fois les lignes de force rétablies, le corps a les ressources pour rétablir son fonctionnement, explique Hélène Leray. On mobilise tout le fonctionnement du corps pour qu’il puisse se rééquilibrer, donc se guérir. Mais il faut accepter que le processus prenne du temps. »

De la tête à la queue, même pour une boiterie

L’ostéopathe travaille sur le corps dans son ensemble. Cela peut paraître étrange que, appelé pour une boiterie, le praticien s'intéresse aussi à la tête. « La boiterie indique l’incapacité du corps à se réguler. Il y a donc une tension anormale qui empêche le bon fonctionnement. La palpation va me permettre de la trouver et de la libérer, explique Hélène Leray. Le blocage n’est pas forcément à côté de l’expression du symptôme. Un problème de pattes peut venir du bassin, mais aussi d'un organe, comme le foie qui, déséquilibré sur ses attaches, provoque la rotation d'une vertèbre et la contraction des muscles paralombaires ». D’où la nécessaire considération du corps dans son ensemble.

À symptôme équivalent, les origines peuvent être différentes car tous les corps ont leur histoire, des traumatismes plus ou moins compensés. Quand la pathologie est lourde, souvent plusieurs facteurs se cumulent et l’ostéopathe va devoir les rééquilibrer les uns après les autres. Avant même d’intervenir, l’ostéopathe prend le temps de connaître les circonstances, l’histoire de l’animal. « En début de consultation, je prends quelques minutes pour échanger avec l’éleveur sur l’animal, ses problèmes, son caractère. Ensuite, je vais examiner l’animal, poser un diagnostic le plus précis possible et déterminer ce que je peux faire pour lui. » Pour la prise en charge d’un animal, l’ostéopathe a besoin de l’implication de l’éleveur pour bien observer l’animal et l’expression de ses symptômes « et pour continuer le job après, souligne Hélène Leray. Il faudra plusieurs jours de nursing pour lui donner la chance de se remettre complètement ».

Dans leurs prises en charge des animaux, les ostéopathes utilisent des approches différentes mais complémentaires. L’approche structurelle ou mécaniste s’intéresse au système musculo-squelettique, l’ostéopathe mobilise les vertèbres et les muscles pour trouver puis soulager les zones de tension. Les techniques fasciales s’intéressent aux structures nerveuses et vasculaires, qui assurent les liaisons entre les organes. Les techniques viscérales explorent l’altération de la mobilité, donc du fonctionnement des organes. Les techniques cranio-sacrées se concentrent sur l’équilibre de la tête et du bassin.

90 % de réussite sur les problèmes de fertilité

L’ostéopathie a des intérêts plus larges que les problèmes que l’on pourrait qualifier de mécaniques, même si les boiteries sont le premier motif d’appel. « Elle est indiquée pour les boiteries récidivantes sans altération de l'anatomie mais où les anti-inflammatoires restent sans effet », précise Hélène Leray. L’ostéopathie amène des solutions face aux problèmes locomoteurs comme les bouletures. " Celles à l'arrière sur les vaches apparaissent souvent après le vêlage, suite à un déséquilibre du bassin et des tensions utérines », explique la vétérinaire. Chez les veaux, les bouletures sont plus fréquentes à l’avant, « suite à des tensions installées lors de la croissance in utero qui gênent le bon fonctionnement des plexus nerveux ». De même, les problèmes de crampes, de tremblements des pattes arrières sont souvent liés à un déséquilibre du bassin. Autre motif fréquent d’appel : les vaches couchées. « L’éleveur doit miser sur la complémentarité entre la médecine traditionnelle, pour lever l’urgence vitale, et l’ostéopathie pour rééquilibrer et travailler sur le moyen terme », conseille Hélène Leray.

L’ostéopathie a montré son intérêt pour beaucoup de problèmes que l’on pourrait qualifier de « non mécaniques ». « Sur des problèmes de fertilité, il y a 90 % de récupération », annonce Hélène Leray. Ainsi, des tensions sur les ovaires peuvent perturber l’équilibre hormonal. « S’il n’y a pas de souci anatomique, les problèmes de vaches qui ne retiennent pas ou qui ont des chaleurs irrégulières peuvent être du ressort de l’ostéopathie. Une scéance permet de relancer le cycle. » Chez les vaches donneuses d’embryons, l'ostéopathie peut soutenir la production. De bons résultats, l’ostéopathie en obtient aussi sur les problèmes de comportement : vache qui tape à la traite, allaitante qui refuse son veau. « Cela peut résulter de tensions du système génital, de contractions utérines douloureuses ressenties à la traite ou quand le veau boit, explique Hélène Leray. En rééquilibrant le bassin et en réduisant les tensions utérines, une séance peut diminuer les douleurs. Moins perturbée par ces douleurs, la vache sera plus calme. »

Pour les veaux et les génisses également

Pour les jeunes animaux, l’ostéopathie peut lever les blocages issus d’un vêlage difficile ou de tensions installées lors de la croissance in utero. Chez les veaux qui ne têtent pas, l’ostéopathe vérifiera que l’absence de réflexe de succion n’est pas dû à des nerfs pincés. Les retards de croissance peuvent être liés à des lignes de force trop importantes qui « emprisonnent » le corps. « Une fois ces tensions détendues, la croissance repart », témoigne Hélène Leray.

L’ostéopathie a toute sa place en prévention, par exemple pour des génisses un à deux mois avant leur premier vêlage. « Une bonne préparation du bassin réduit la mortalité, le nombre de césariennes. » Pour les vaches âgées, celles qui montrent des faiblesses, l’ostéopathie favorisera leur longévité. « Intervenir en prévention a un coût, reconnaît Hélène Leray, mais contribue à faire durer le troupeau, donc à limiter le coût de renouvellement. »

Si l’ostéopathie prend en charge de nombreux troubles, tout n’est pas de son ressort, à commencer par les urgences vitales, les pathologies fiévreuses. « Quand l’anatomie est abimée : fracture, articulation luxée, déchirure ligamentaire, l’ostéopathie ne peut rien », prévient Hélène Leray, qui conseille « d’appeler d’abord son vétérinaire pour qu’il pose le diagnostic et détermine si c’est du ressort de l’ostéopathie ». La vétérinaire mise sur la complémentarité entre la médecine vétérinaire classique et l’ostéopathie.

Qui a le droit d’exercer ?

Depuis une loi de 2011, peuvent pratiquer l’ostéopathie les vétérinaires titulaires d’un diplôme inter-écoles d’ostéopathie vétérinaire et les ostéopathes animaliers. « Il n’est pas obligatoire d’être vétérinaire, mais évidemment des connaissances approfondies en anatomie et en physiologie sont nécessaires », souligne Hélène Leray. Pour encadrer la pratique de l’ostéopathie et s’assurer des qualifications de ceux qui l’exercent, des décrets ont précisé en 2017 les compétences demandées et les obligations légales. Pour être reconnus, les ostéopathes animaliers, non vétérinaires, doivent se soumettre, avant le 31 décembre 2019, à une épreuve écrite d’admissibilité et à une épreuve pratique. Ils doivent avoir suivi cinq années d’études supérieures, ou trois ans d’études et une pratique professionnelle d’au moins cinq ans. Ils seront ensuite inscrits à la liste officielle des praticiens habilités, liste gérée par l’ordre des vétérinaires. Néanmoins, certaines techniques sont seulement autorisées aux vétérinaires.

Comment trouver un ostéopathe

Souvent, le premier contact se fait par le bouche à oreille, avec les intervenants de l’élevage (inséminateur, pareur…).

Les ostéopathes sont recensés sur différents sites. les vétérinaires titulaires du DIE d’ostéopathie sont recensés sur https://www.veterinaire.fr/actualites/osteopathie-animale-toutes-les-informations-pratiques-pour-les-veterinaires-et-pour-etre-candidat-a-lepreuve-daptitude.html

Les ostéopathes animaliers ayant réussi les épreuves d’aptitude, et par conséquent, ayant le droit d’exercer (et d’être assurés pour leur pratique) sont visibles sur https://www.veterinaire.fr/les-autres-metiers/liste-des-personnes-non-veterinaires-pouvant-realiser-des-actes-dosteopathie-animale/registre-national-daptitude-rna.html

Le site http://osteopathe-veterinaire.eu/ recense les vétérinaires pratiquant l’ostéopathie, qu’ils soient titulaires du diplôme ou non.

" Je permets au corps de mieux fonctionner "

Julie Barbier, ostéopathe animalière, intervient auprès de bovins, en curatif, en cas de chutes ou de boiteries, mais aussi en préventif, pour lever les blocages musculaires et articulaires.

« Comme les travaux dans la stabulation ne sont pas terminés, nous avons laissé les génisses dehors. Celle-ci nous a pris de court et a vêlé au champ pendant la nuit. Le matin, quand nous sommes allés voir les génisses, nous l’avons trouvée couchée, témoigne Mme Viot, éleveuse à Chemazé, en Mayenne. Avec le tracteur, nous avons réussi à la ramener à l’infirmerie. Mais depuis deux jours, il n’y a pas de mieux, elle ne se relève toujours pas et sa patte arrière droite est dans une position anormale. »

Une génisse trouvée couchée en pâture

L’agricultrice a fait appel à Julie Barbier, ostéopathe animalière, pour examiner cette génisse et tenter de la remettre sur pied. Avec douceur et en lui parlant, la jeune femme palpe la génisse de la tête à la queue. « Elle a dû se retrouver en grand écart et a forcé sur cette patte, analyse l’ostéopathe. Elle a un blocage au niveau du bassin, un problème musculaire à la cuisse et ligamentaire au genou. » Calme, la génisse se laisse examiner puis manipuler. Par de légères pressions, l’ostéopathe soulage vertèbres et bassin. Les pattes arrières sont attachées ensemble pour que la bonne jambe assure la contention de celle qui est blessée. « Je ne sais pas comment le genou se remettra. Il faut lui laisser reprendre des forces, estime Julie Barbier. Les vaches ont une capacité à résister à la douleur. Cette blessure au genou n’est pas irréversible, la génisse peut apprendre à vivre avec. »

Retrouver le bon équilibre

Depuis dix ans, Julie Barbier sillonne les routes d’Ille-et-Vilaine, de Mayenne, de Loire-Atlantique et du Maine-et-Loire pour examiner et soulager, essentiellement, des bovins. Après un BTS PA et une licence professionnelle en commercialisation, elle a suivi trois ans de formation en ostéopathie animalière. Julie Barbier se qualifie d’ostéopathe mécaniste. « Je travaille à rendre sa fonctionnalité à la structure du corps », explique la jeune femme. Le travail fait sur les muscles et les articulations a aussi des répercussions sur toutes les fonctions, digestives, de reproduction, de lactation. « Il faut regarder le corps dans son ensemble, souligne Julie Barbier. Un point de blocage ou un déséquilibre peut avoir des répercussions beaucoup plus loin. » Pour rétablir le bon fonctionnement, tout se fait dans la douceur, par des pressions et des mouvements. « Rien n’est fait par la force. On ne manipule pas une vache contre son gré, reconnaît l’ostéopathe. Avec mes mains, j’analyse les zones de tension, les dysfonctionnements pour établir la cause du problème. Puis je lève la cause du blocage. En optimisant les systèmes, on permet au corps de se guérir. » Si elle est efficace, l’ostéopathie a aussi ses limites. « Il faut savoir dire la vérité, savoir quand appeler le vétérinaire, estime Julie Barbier. En cas de fractures, de dommages irréversibles, rien n’y fera. »

En partant, Julie Barbier donne un dernier conseil à l’éleveuse : « essayez de la relever cet après-midi et tenez moi au courant de l’évolution ».

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