Le revenu des éleveurs laitiers en amélioration en 2019
D'après les données du Rica, la rémunération permise par le produit s'est améliorée en 2019 plus nettement en plaine qu'en montagne, hors Franche-Comté et Savoie.
D'après les données du Rica, la rémunération permise par le produit s'est améliorée en 2019 plus nettement en plaine qu'en montagne, hors Franche-Comté et Savoie.
La rémunération permise par le produit (prix du lait, coproduit viande, aides affectées) est un critère dérivé de l’analyse des coûts de production et des prix de revient (Dossier économie de l’élevage n°501). Le prix de revient du lait basé sur le Rica, calculé par l’Institut de l’élevage, montre pour l’exercice 2019 qu’en plaine, les exploitations laitières conventionnelles ont un prix de revient moyen pratiquement stable (très légère baisse), « ce qui permet aux éleveurs de transformer la hausse du prix du lait, 15 €/1 000 l, en revenu supplémentaire. Exprimée en nombre de Smic, la rémunération permise par le produit en 2019 est de 1,59 Smic/UTA non salariée affectée à l'atelier lait, contre 1,26 Smic en 2018 », indique Christophe Perrot, de l'Institut de l'élevage. En montagne, hors Franche-Comté et Savoie, le prix de revient poursuit sa remontée depuis 2016, « notamment à cause des achats d'aliments supplémentaires consécutifs à la sécheresse (+6 €) et à une faible augmentation de la productivité ». Cette hausse des charges ampute une partie de la hausse du prix du lait. « La rémunération permise augmente moins, à 1,17 Smic (1,01 Smic en 2018). »
Un résultat qui reste insuffisant
Sur la période 2014-2018, le RCAI par UTA non salariée (UTAns), à l’échelle des exploitations et non plus des ateliers, est en moyenne de 21 300 € en exploitation laitière spécialisée. Que ce soit le prix de revient, la rémunération permise ou le RCAI, les moyennes cachent des disparités importantes. « Le RCAI par UTAns va de -400 € pour les 10 % les moins bons à 42 800 € pour les 10 % meilleurs. Le quart le moins performant sort un RCAI d'environ 10 000 €, ce qui est très faible pour une production aussi exigeante que le lait. Et les meilleurs devraient dégager davantage de résultat, au regard du travail, de la responsabilité et des engagements que représente le métier d'éleveur laitier aujourd'hui », insiste Vincent Chatellier, économiste à l'Inrae.
Un effet prix et volume en 2019
Malgré des stocks fourragers restreints par les aléas climatiques, le produit laitier 2019 a augmenté pour la troisième année consécutive en France (+8,8 %). L’augmentation des volumes collectés est plus marquée (+5,3 %) que celle des prix (+3,2 %). Sur 2019, la loi Egalim a favorisé la hausse du prix. Dans ce contexte favorable, en 2019, l'EBE par actif non salarié a progressé de +9 % à 55 210 €, et le RCAI par actif non salarié a augmenté de +18 % à 27 850 €. Ainsi, après une année 2018 de baisse, on observe un rebond 2019 généralisé à toutes les zones d’élevage.
La rémunération devrait baisser en 2020
L'année 2020 montrera un prix de revient potentiellement à nouveau en hausse, avec des charges (indice Ipampa) qui ont augmenté sur la fin de l'année, surtout le prix des aliments achetés. Mais c'est surtout la baisse du prix du lait qui dégrade la marge Milc, entre décembre 2019 et décembre 2020 (-11 €/1 000l ou -5 € en moyenne glissante sur 12 mois), laissant présager un repli du revenu.
Seulement trois années à plus de 1,4 Smic, en quinze ans
Évolution de la rémunération de la main-d’œuvre non salariée affectée aux ateliers laitiers conventionnels de plaine, permise par le produit
De 2005 à 2019, le prix du lait payé moyen ne couvre pas le prix de revient moyen (incluant une charge calculée équivalent à 2 Smic/unité de travail non salariée) des ateliers laitiers conventionnels de plaine, et encore moins ceux de montagne, hors ateliers en agriculture biologique, et hors AOP de montagnes de l’Est, mieux rémunérés et moins soumis à la volatilité des prix. En montagne, la rémunération permise ne dépasse en moyenne 1,20 Smic qu’en 2010 et 2014, sans dépasser 1,25 Smic.