« En élevage mixte bovin lait-volailles, nous changeons de tenue à chaque changement d’atelier »
Le nettoyage-désinfection des matériels ou des bottes des visiteurs, le changement complet de tenue… sont pratiques courantes chez Xavier Le Helloco, dans les Côtes-d’Armor. Objectif : protéger les ateliers lait et volailles des contaminants et éviter le transfert de l’un à l’autre.
Le nettoyage-désinfection des matériels ou des bottes des visiteurs, le changement complet de tenue… sont pratiques courantes chez Xavier Le Helloco, dans les Côtes-d’Armor. Objectif : protéger les ateliers lait et volailles des contaminants et éviter le transfert de l’un à l’autre.
La hantise de Xavier Le Helloco, éleveur à l'EARL de la Ville Au Grand dans les Côtes-d’Armor, c’est la salmonellose. Installé depuis 1999 sur la ferme familiale, cet éleveur gère seul deux ateliers. Un atelier bovin de 40 vaches robotisé produisant 320 000 litres de lait sur 60 hectares et un atelier de 90 000 poulettes dans 4 400 m2 en trois bâtiments.
Même si les deux ateliers présentent l’avantage d’être distants de 200 mètres, le risque de dissémination d’un pathogène d’un atelier à l’autre existe bel et bien.
« Parmi les élevages de volailles, l’élevage des futures pondeuses est le plus sensible. C’est le stade où tout se met en place : la croissance, l’immunité avec les vaccins…, souligne Xavier Le Helloco, conseiller en volailles au début de sa carrière. On ne prend jamais assez de précautions, un accident peut toujours arriver. » Une solution radicale pour limiter les risques serait de supprimer l’un des deux ateliers, mais il n’en est pas question pour cet éleveur qui baigne depuis toujours dans le milieu de la volaille, et pour qui « les vaches, c’est une passion ».
Un atelier de 90 000 poulettes particulièrement sensible
Le Breton est particulièrement sensibilisé au risque. « Nous avons eu autrefois avec mes parents du botulisme. Et en 2015, j’ai été confronté à un problème de salmonellose dans les deux élevages. Il a fallu abattre tous les lots de poulettes », raconte-t-il. Cet historique l’a incité à mettre en place des mesures de biosécurité drastiques dans les deux élevages avec l’appui du GDS Bretagne. D’abord en volailles, suite à la réglementation de 2016 : un plan de biosécurité a été établi dès 2017 et Xavier a participé à une journée de formation. Puis en 2020, l’atelier bovin a, à son tour, fait l’objet d’un audit biosécurité et amélioré sa protection vis-à-vis du risque sanitaire.
Sur le site bovin, situé à côté de la maison d’habitation, la première mesure a été l’installation de plusieurs panneaux fournis par Innoval pour orienter les intervenants lors de leur arrivée. Notamment un panneau « accueil Biosécurité intervenants » apposé sur la porte de la laiterie, proche de l’entrée du bâtiment bovin. « C’est là que les intervenants devront nettoyer et désinfecter leurs bottes avant d’entrer, avec les moyens mis à disposition », indique Félix Mahé, référent biosécurité Innoval. Le coût du lave-bottes a été pris en charge à 80 % par Innoval.
Pas d’entrée sans désinfection des bottes
La stabulation de l’EARL Le Helloco est ancienne. On y entre par la nurserie, où un pédiluve sec attend les intervenants, à deux pas du lave-bottes. « Il est d’autant plus conseillé que tous les visiteurs ne sont pas en bottes, souligne Félix Mahé. En élevage bovin, les éleveurs ne sont pas encore assez vigilants vis-à-vis des intervenants. »
Les vaches sont logées sous le même toit que les veaux. Elles ont en permanence un accès à l’extérieur. « La pose de translucides a considérablement amélioré le bâtiment existant », souligne Xavier Le Helloco. Les circuits d’alimentation et de raclage ne se croisent pas : « ils sont parallèles avec en bout de bâtiment d’un côté le silo, de l’autre la fosse à lisier ». Quant aux génisses, leur élevage est délégué à l’extérieur.
Les concentrés VL et correcteur sont stockés dans deux cellules à l’extérieur, à côté de l’entrée de la stabulation. Elles sont nettoyées et désinfectées avec une bougie fumigène une fois par an, « comme celles des volailles ». Et le sol bétonné sous les cellules est régulièrement balayé pour éviter d’appâter les rongeurs avec des dépôts d’aliments. « Faute de moyens, j’ai dû attendre douze ans après mon installation pour mettre de l’enrobé dans la cour. La biosécurité, c’est aussi une question de moyens », insiste l’éleveur.
Des réflexes à prendre au quotidien
Elle consiste également à intégrer dans les pratiques quotidiennes des mesures permettant de limiter le risque de dissémination. « Je change de tenue et de chaussures à chaque fois que je change d’atelier », affirme Xavier Le Helloco. Et il en est de même pour toute personne amenée à le remplacer sur l’élevage. Le matériel commun aux bovins et aux volailles (tracteurs, télescopique, remorque…) est nettoyé et désinfecté dès qu’il change d’atelier. Il l’est également après toute opération « sale » comme l’épandage. Un poste de nettoyage-désinfection est installé à proximité de la fosse à lisier qui récupère ainsi les eaux de lavage.
Au niveau de la gestion des effluents, le fumier de volailles stocké sur les parcelles de l’exploitation est couvert, comme l’impose la réglementation. « Je ne fais pas d’épandage quand il y a du vent et je n’épands que des produits compostés avec un enfouissement immédiat », précise l’éleveur. Pour se prémunir des risques liés aux rongeurs, il fait appel à une société spécialisée qui a mis en place un plan de lutte. Et il contrôle chaque trimestre les postes d’appâtage en tenant un plan d’enregistrement.
Un autre monde en volailles
Dans les trois bâtiments volailles, aucune visite en dehors du travail n'est tolérée. « Toute personne entrant dans la zone d’élevage doit se laver les mains avec un savon désinfectant, se changer complètement (y compris les chaussures), et mettre une cotte et une charlotte. » Dans le sas sanitaire « 3 zones », un caillebotis en plastique, sur lequel on marche en chaussettes, sépare la zone extérieure de la zone côté élevage. Quant à la plateforme bétonnée à l’extérieur des bâtiments, elle est régulièrement nettoyée et désinfectée à la chaux vive parce qu’elle est susceptible de recevoir des matières organiques contaminées.
Ce reportage a été l’occasion de réaliser sur l’exploitation le tout nouvel audit « biosécurité élevage mixte » d’Innoval, soit une bonne vingtaine de questions passée en revue. Un examen décroché haut la main par Xavier Le Helloco puisque le seul facteur de risque de transfert relevé concerne le stockage de la paille. « Que ce soit pour les bovins ou les volailles, elle est stockée sous un hangar sur un site volontairement à l’écart, mais sans protection sur le dessus », décrit l’éleveur. Un bâchage permettrait de la protéger des fientes d’oiseaux, potentiellement contaminantes.
À retenir
Les vecteurs de transfert d’un atelier à l’autre en élevage mixte :
-les éleveurs, les salariés
-le matériel
-les effluents
-l’eau
-les oiseaux sauvages, les rongeurs…
-l’équarrissage
Repère
D’après les prélèvements effectués dans 162 élevages bovins par Innoval et le laboratoire Ceva Santé animale en 2021, Salmonella spp est présente dans 15 % des élevages bovins. Des audits biosécurité prenant en compte la mixité des élevages ont déjà été réalisés dans les élevages positifs et sont désormais proposés aux autres élevages mixtes par Innoval.