Désinfection et vide sanitaire s'imposent contre la cryptosporidiose
Principale cause de diarrhées néonatales chez le veau, la cryptosporidiose nécessite la mise en place de mesures de biosécurité pour être maîtrisée.
Principale cause de diarrhées néonatales chez le veau, la cryptosporidiose nécessite la mise en place de mesures de biosécurité pour être maîtrisée.


La cryptosporidiose est une maladie des veaux nouveau-nés provoquée par un protozoaire, Cryptosporidium parvum, localisé dans la partie terminale de l’intestin grêle. « C’est la principale cause de diarrhées néonatales chez les veaux », souligne Nicolas Masset, d’Oniris. Les diarrhées apparaissent entre 5 et 21 jours d’âge. Deux études récentes montrent que sa prévalence en France est de 41 % en élevage laitier et de 51 % dans les élevages à problèmes de diarrhées néonatales. La contamination se fait soit directement par contact avec des fèces contenant des ookystes, soit de façon indirecte via l’environnement ou par ingestion d’un aliment ou d’eau contaminés. « La principale source de contamination est constituée par les veaux eux-mêmes, en particulier les veaux malades excréteurs, insiste le vétérinaire. Les adultes, peu réceptifs, ne sont qu’un réservoir très accessoire. »
Une infection très contagieuse
Plusieurs particularités du cycle du parasite font que l’infection est très contagieuse. Les ookystes libérés dans l’environnement sont directement infectants pour les veaux voisins, sans devoir passer par une phase de sporulation. « Une charge de dix-sept ookystes suffit pour reproduire la maladie, alors qu’un veau peut en excréter plusieurs milliards par jour pendant six jours ! », souligne Nicolas Masset, d’Oniris. Le parasite peut par ailleurs se multiplier dans l’environnement. Et ses ookystes peuvent survivre plusieurs mois à température ambiante dans des milieux humides, notamment les fèces.
Attention à la propreté des seaux
Suite à une première infection, une immunité forte et durable s’installe rapidement, protégeant le veau contre toute nouvelle infection. Le transfert d’immunité passive via le colostrum est par contre très limité. « La quantité et la qualité du colostrum ingéré dans les vingt-quatre premières heures sont toutefois importantes pour renforcer l’immunité aux autres pathogènes responsables de diarrhées. » Tout ce qui favorise le bon développement de la flore digestive doit aussi être pris en compte : distribuer de l’eau, de l’aliment et des fourrages dès la première semaine, éviter les stress (écornage après 15 jours)… Une étude épidémiologique réalisée dans l’Orne montre par ailleurs que l’alimentation avec du lait yaourté apparaît comme un facteur protecteur.
L’essentiel toutefois est la mise en place de mesures de biosécurité. L’isolement des veaux malades dans un secteur contaminé est essentiel, avec du matériel dédié (seaux, sondes), une tenue spécifique (bottes, cotte), et des interventions réalisées en dernier dans ce secteur. Le logement des mâles à l’extérieur dès le premier jour permet aussi de réduire la pression parasitaire et d’augmenter la durée du vide sanitaire de la nurserie. Un protocole de nettoyage-désinfection rigoureux des cases à veaux et du matériel (matériel de tétée, bottes) avec des produits actifs sur les ookystes de cryptosporidies est un point clé pour diminuer la pression d’infection. « Et comme le parasite est très sensible à la dessication, le séchage après désinfection par la réalisation d’un vide sanitaire suffisamment long est capital. »
À retenir
Un arsenal thérapeuthique très limité
Une seule molécule, l’halofuginone, dispose d’une AMM avec une efficacité partielle et seulement en préventif. La paromomycine, dont l’efficacité a été prouvée en traitement préventif à 100 mg/kg pendant 11 jours, peut être utilisée en France seulement après déclaration de pharmacovigilance de non-efficacité de l’halofuginone. Son usage n’est pas une solution durable en termes de coût et surtout d’antibiorésistance.