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Des prélèvements plus représentatifs pour les analyses de fourrages

Parce qu’un prélèvement homogène est nécessaire pour une bonne analyse des fourrages, Terrena propose une technique de prélèvement inédite par le dessus du silo.

« Pour établir les rations, l’analyse des fourrages est indispensable et doit être la plus précise possible », souligne Paul Nerrière, référent fourrages et nutrition bovins chez Terrena. Le plus souvent, l’éleveur prélève les échantillons de maïs ou d’herbe le jour de l’ensilage ou sur le front d’attaque du silo à l’ouverture de celui-ci. « Dans les deux cas, l’échantillon n’est pas forcement représentatif de ce que les animaux vont consommer, note Paul Nerrière. S’il est prélevé le jour de l’ensilage, le fourrage analysé est un fourrage frais et non fermenté. Il peut de plus chauffer au soleil. Et si l’échantillon est prélevé sur le front d’attaque du silo, l’éleveur peut être tenté de ne prélever que les parties les plus homogènes, situées à hauteur d’homme. Par ailleurs, le prélèvement ne peut alors se faire que quand le silo est ouvert et l’éleveur n’a donc ses résultats que deux ou trois semaines après avoir commencé à utiliser le fourrage. »

Sept préleveurs professionnels

Depuis deux ans, en partenariat avec le laboratoire hollandais BLGG AgroXperthus, du groupe Eurofins, Terrena propose donc un nouveau service pour l’analyse des fourrages, Prévilor, basé sur une nouvelle technique de prélèvement, une prise d’échantillons par des préleveurs professionnels et une analyse plus complète des fourrages.

Prélèvement sur toute la hauteur du silo

Les prélèvements sont réalisés par sept préleveurs professionnels répartis sur la zone de la coopérative. Quand un éleveur prévoit d’ouvrir un silo, il appelle son technicien qui contacte un préleveur. Celui-ci intervient dans un délai de quinze jours. « L’éleveur connaît ainsi la valeur de son fourrage avant d’ouvrir le silo, ce qui permet d’anticiper ses rations. » L’intervention du préleveur commence par une discussion avec l’éleveur pour remplir une fiche de renseignements (date d’ensilage, parcelles, méthode de réalisation du silo…). Le fourrage, maïs ou herbe, est prélevé par le dessus du silo grâce à une canne métallique équipée d’un embout conique tranchant. Le préleveur découpe les deux bâches plastiques grâce à l’embout tranchant et fait un premier prélèvement sur 50-60 cm de profondeur. Il vide l’échantillon dans un seau, ajoute une rallonge sur la canne, et poursuit le prélèvement sur 50-60 cm supplémentaires. Avec l’ensemble des rallonges, le fourrage peut être prélevé sur 4,50 m de hauteur. Deux ou trois prélèvements sont réalisés sur la longueur du silo, selon que celui-ci a été fait par couches ou en juxtaposant plusieurs parcelles. « On obtient ainsi des échantillons homogènes et représentatifs du silo », insiste Paul Nerrière.

Des trous nettoyés et rebouchés

Après chaque prélèvement, le préleveur rebouche les trous. « C’est un point essentiel pour les éleveurs, souligne Christophe Corbineau, préleveur indépendant en Loire-Atlantique. Si de l’air et de l’eau entrent dans le silo, cela peut entraîner des moisissures. » L’un après l’autre, les trous des deux bâches sont soigneusement nettoyés puis recouverts d’un adhésif spécial. Le même type de prélèvement peut être réalisé sur une botte de foin ou d’enrubannage, ce qui permet de prélever un échantillon du fourrage jusqu’au cœur de la botte et non seulement en périphérie.

De nouveaux critères d’analyse

Les échantillons sont expédiés au laboratoire Galys (44), qui les sèche à 75 °C pendant 48 heures et les broie à 1 mm avant de les analyser par spectroscopie proche infrarouge (NIR). Outre les critères classiques (matière sèche, encombrement, amidon by-pass, qualité des fibres, digestibilité, matière azotée), de nouveaux critères sont analysés :

- l’indice de conservation, qui permet d’apprécier la sensibilité à l’échauffement ;

- l’indice IT3 (indice technique oméga 3), qui précise la richesse en oméga 3 ;

- des indices azote et soufre, qui permettent de vérifier la pertinence de la fertilisation des cultures.

Les résultats sont transmis à l’éleveur sous quinze jours. Le coût s’élève à 47 euros pour un échantillon, prélèvement compris. « Aujourd’hui, 70 à 75 % des éleveurs laitiers de Terrena utilisent ce service au moins une fois par an, précise Paul Nerrière. Nous proposons aussi le service aux éleveurs non adhérents. Les prélèvements et analyses se font toute l’année, avec deux grandes périodes : la fin du printemps, après les ensilages d’herbe et les foins, et l’automne, après les ensilages de maïs. »

Deux types d'analyse pour les fourrages

1 - La référence est l’analyse chimique, qui consiste à utiliser les résultats de réactions physico-chimiques pour en déduire la digestibilité de la matière organique. De là, à partir d’équations de prédiction, on calcule les valeurs alimentaires du fourrage (UFL, PDIE, PDIN…). C’est la méthode la plus fiable pour déterminer précisément la composition chimique d’un fourrage, même à flore complexe. Elle est par contre coûteuse et les résultats sont longs à obtenir.

2 - L’analyse par infrarouge, moins coûteuse, permet d'obtenir les résultats rapidement. Elle se base sur les propriétés d’absorption de la matière organique dans l’infrarouge. En analysant le fourrage dans un spectrophotomètre, on obtient un spectre qui est comparé à une base de données, ce qui permet de déduire la composition chimique du fourrage. Des équations de prédiction permettent ensuite d’en déduire les valeurs alimentaires. La représentativité des échantillons est  primordiale et des biais peuvent apparaître pour du fourrage multiespèce. L’analyse par infrarouge peut se faire sur du produit brut ou sur du produit séché broyé, avec dans ce cas plus de justesse et de précision.

Avis d’éleveur : Vincent Louerat, éleveur à Saint-Hilaire-de-Chaléons (44)

« Ne pas gaspiller du concentré »

 

 
Vincent Louerat,  éleveur à Saint-Hilaire-de-Chaléons (44) © V. Bargain

 

« Nous élevons 100 vaches laitières, des vaches allaitantes et des taurillons sur 155 hectares. 45 hectares de maïs et 50 hectares d’herbe sont ensilés. Pour les vaches laitières, le fourrage, hors pâturage, repose à 75 % sur le maïs et 25 % sur l’ensilage d’herbe. Jusqu’à présent, j’établissais les rations avec mon technicien à partir des clignotants de l’exploitation : le lait de tank, l’état des vaches, les bouses, la reproduction. Mais comme les vaches atteignent 9 500 à 10 000 litres, mon technicien m’a dit qu’il fallait être plus précis et analyser les fourrages. En 2018, j’ai fait faire trois analyses sur mes silos de maïs et d’herbe. Alors que l’année ici avait été correcte au plan climatique et que le maïs était beau et riche en grains, les analyses ont montré que la digestibilité des fibres n’était pas bonne, que la valeur énergétique était inférieure à ce qui était prévu et sa valeur d’encombrement supérieure aux prévisions. Cela m’a permis d’adapter les rations. Comme j’ai la fibre « éleveur », je préfère établir d’abord les rations à partir de mes observations puis chercher les explications dans les analyses. Mais je pense que les analyses de fourrage peuvent me permettre de gagner beaucoup en économie de concentré. »

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