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Alimentation animale : « Déchiffrer les étiquettes est un bon réflexe »

Avant de choisir quel aliment acheter, il faut connaître sa composition et ses teneurs en protéines et matières grasses. Le point avec Quentin Sansen, spécialiste nutrition à la chambre d’agriculture du Nord – Pas-de-Calais.

Savoir ce que l’on achète, c’est la base, non ?

Quentin Sansen - « Beaucoup d’achat d’aliments se font dans la confiance et les éleveurs ne connaissent pas forcément le contenu des formules. Ils ont en tête le nom commercial, mais ne savent pas (ou plus) ce qu’il y a vraiment derrière. On le voit lors des réunions de groupe. Je demande aux éleveurs de venir avec leurs étiquettes et il y a souvent des surprises. C’est essentiel d’avoir des repères de tarifs par type d’aliments, en fonction de leur teneur en protéines par exemple pour être en mesure de les situer par rapport à un étalon (tourteaux de soja ou colza pour les correcteurs azotés) et pouvoir les comparer en termes de prix. C’est le point de départ pour toute négociation éventuelle. »

Qu’est-ce qui figure impérativement sur les étiquettes ?

Q. S. - « Réglementairement, l’étiquette d’un aliment composé doit mentionner la liste des ingrédients qui le composent classés par ordre pondéral décroissant. Le pourcentage n’est pas indiqué mais l’ingrédient le plus important en proportion figure en premier dans la liste. Les valeurs alimentaires (UF, PDI) ne sont pas obligatoirement renseignées mais les teneurs en composants analytiques doivent l’être. Par exemple, pour un aliment complet, les teneurs en protéines brutes, matières grasses brutes et celluloses brutes sont mentionnées, et pour un aliment minéral, celles en phosphore, calcium, magnésium et sodium. »

Comment lire l’étiquette d’un aliment d’allaitement ?

Q. S. - « Il faut au moins regarder quelles sont les teneurs en protéines et en matières grasses. Cette dernière est apportée par l’huile de palme (peu coûteuse), l’huile de soja, de colza ou de coprah.

Parmi les étiquettes que j’ai eues entre les mains, la teneur en protéines varie de 18 à 27 %. Ce critère est un indicateur mais il faut aussi regarder de près la nature des protéines. Sont-elles d’origine animales (poudre de lait, lactosérum, babeurre…) ou végétales (gluten de blé, amidon de blé, etc.) ? Selon les formules, la part des protéines végétales peut varier de 5 à 20 %.

Autre point essentiel pour comparer deux aliments, même si ceux-ci affichent un même taux de protéines : la proportion de poudre de lait écrémé qu’il contient. Les aliments d’allaitement à base de poudre de lait écrémé (35 % et plus) sont plus sécurisants mais plus onéreux ; ceux sans poudre de lait écrémé (à base de lactoserum) sont plus économiques mais exigent une plus grande rigueur afin d’obtenir une croissance optimale. Selon la catégorie, la digestion des veaux sera différente. Si l’aliment contient peu ou pas de PLE, le lait ne coagule pas dans la caillette, d’où un transit plus rapide, qui entraîne des croissances plus irrégulières. Libre à chacun de choisir avec quel type de poudre il préfère travailler en fonction de critères techniques ou tarifaires, mais encore faut-il le faire en connaissance de cause et s’assurer de ne pas payer une poudre à 22 % de protéines au prix d’une poudre à 27 %. »

Et les correcteurs azotés ?

Q. S. - « Là encore, il faut être vigilant sur la proportion de protéines nobles (tourteau de soja, colza, etc.) et des autres sources azotées qui le sont moins. Je recommande de se renseigner sur les cotations des tourteaux avant de passer sa commande. Cela donne des repères sur la conjoncture et aide à se positionner. Il est possible de calculer un prix d’intérêt d’un aliment. Par exemple, pour un correcteur comportant 70 % de tourteau de soja et 30 % de tourteau de colza, on applique 70 % du prix du soja et 30 % de celui du colza, et on regarde si le prix de l’aliment est plus ou moins compétitif. Sur l’étiquette, il est bon aussi de jeter un œil à la liste d’additifs et de s’interroger sur leur justification dans la ration. Enfin, idéalement, je conseille de mettre en concurrence les prix d’au moins deux fournisseurs. »

Lire aussi l'article : « Nous mettons en concurrence les fournisseurs »

Les aliments minéraux méritent aussi attention   

Dans un minéral, ce sont le phosphore, les oligoéléments et les vitamines qui coûtent cher. Pas simple de s’y retrouver dans la multitude de formules. Parfois, les éleveurs sont surpris de la différence de prix entre des CMV qui présentent pourtant des teneurs similaires en P, Ca et Mg. Mais si on lit l’étiquette jusqu’au bout, l’écart s’explique par des proportions différentes en sélénium, cuivre ou vitamine E. Sur le sélénium et le cuivre, les écarts peuvent varier du simple au triple, et du simple au double pour les vitamines A, D3 et E. Attention, les préconisations d’utilisation figurant sur les étiquettes sont calculées sur la base des besoins en vitamines et oligoéléments. Parfois, les quantités à distribuer peuvent ainsi largement dépasser les besoins en P, Ca et Mg.

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