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Booster l’immunité par la complémentation minérale et vitaminique

Minéraux, oligoéléments et vitamines jouent un rôle essentiel dans le statut immunitaire de l’animal. La prévention des carences est d’autant plus indispensable que les animaux gagnent en performance.

Une supplémentation en sélénium de la vache laitière lors du tarissement, renforce l’efficacité des vaccinations prénatales grâce à une stimulation de l’immunité maternelle. © B. Griffoul
Une supplémentation en sélénium de la vache laitière lors du tarissement, renforce l’efficacité des vaccinations prénatales grâce à une stimulation de l’immunité maternelle.
© B. Griffoul

L’immunité repose sur deux grands systèmes qui font appel à des catégories différentes de leucocytes (globules blancs). Dans le système non spécifique (immunité innée) interviennent les macrophages et les polynucléaires neutrophiles qui ingèrent le pathogène avant de le détruire. Dans le système spécifique (immunité acquise), les lymphocytes B et T reconnaissent l’agent pathogène grâce à ses antigènes, et le neutralisent selon différents modes d’action. Les macrominéraux (calcium, phosphore, magnésium), les oligoéléments (sélénium, cuivre, zinc, iode…) et les vitamines jouent un rôle fondamental dans le bon fonctionnement de ce système immunitaire. Les oligoéléments ou « éléments trace métalliques » sont présents dans l’organisme en très faibles quantités : les apports journaliers recommandés sont de l’ordre du mg/kg de matière sèche de la ration. Tandis que les quantités journalières recommandées pour les macrominéraux sont de l’ordre du g/kg MS. Les vitamines, dont certaines (A, D3, E) doivent être apportées par l’alimentation, sont des molécules organiques indispensables au bon fonctionnement de l’organisme. Elles agissent également à de faibles doses.

Des carences de plus en plus fréquentes

La complémentation minérale en calcium et phosphore est plutôt bien maîtrisée en élevage laitier, bien qu’à certaines périodes critiques elle soit prise en défaut (notamment l’hypocalcémie au vêlage). En revanche, les carences en oligoéléments et vitamines semblent de plus en plus fréquentes pour deux raisons principales : d’une part, parce que les besoins des animaux augmentent parallèlement à l’accroissement des performances ; d’autre part, parce que la concentration en oligoéléments des rations se dégrade. Une altération du transit digestif ou des interactions entre oligoéléments peuvent aussi être à l’origine de carences. Le soufre, parfois présent dans l’eau, peut inhiber l’absorption du cuivre et du sélénium.

Prévenir l’hypocalcémie

L’hypocalcémie subclinique, qui survient dans les jours suivant le vêlage, ne provoque pas de signes cliniques. Elle est néanmoins à l’origine de nombreux troubles qui ont un impact négatif sur la productivité du troupeau. Elle touche le quart des primipares et la moitié des multipares. Le système immunitaire est affecté par une calcémie déficiente, conduisant au développement de pathologies de type métrites ou mammites. Le calcium agit à la fois sur la mobilité des neutrophiles impliqués dans les réactions de défense et les mécanismes de libération des molécules qui agissent contre les pathogènes. Une étude récente a montré que le pourcentage de neutrophiles circulant dans le sang est affecté par l’hypocalcémie. La prévention de l’hypocalcémie est bien connue.

Le rôle majeur du sélénium dans l’immunité

Lorsqu’un organisme est en situation de déséquilibre métabolique ou de maladie (infectieuse par exemple), le métabolisme cellulaire produit des substances oxydantes tout en mettant en place des mécanismes de défense en réaction à ce stress oxydatif. Les cellules immunitaires sont parmi les plus sensibles aux substances oxydantes. Le sélénium est particulièrement indispensable car il active l’enzyme qui est à la base des mécanismes de détoxification cellulaire, permettant l’élimination des radicaux libres. Il assure également le bon fonctionnement des mécanismes de phagocytose et de prolifération des lymphocytes.

De nombreuses études cliniques ont montré le rôle majeur du sélénium dans l’immunité. Ainsi, chez les bovins, une carence réduit la capacité des neutrophiles du sang et du lait à détruire bactéries et levures. Chez le veau, des statuts déficients et marginaux en sélénium augmentent le risque de maladies néonatales en rapport avec une immunité affaiblie. Autre exemple d’étude, une mère supplémentée en sélénium dans les deux mois précédant la mise bas verra son sérum, son colostrum, et le sérum du veau enrichis en anticorps. Chez la vache laitière, une supplémentation en sélénium a également un effet positif sur la prévention des rétentions placentaires. Le sélénium réduirait l’incidence des métrites, et provoquerait une involution plus rapide de l’utérus chez les vaches ayant une métrite. La qualité de la lactation future, enfin, peut être altérée (comptages cellulaires élevés) lors d’une immunité déficiente. En France, de nombreux sols sont carencés en sélénium.

Iode, zinc, cuivre et manganèse

L’iode, le zinc, le cuivre et le manganèse jouent également un rôle essentiel dans la fonction immunitaire. L’apport d’iode est indispensable au bon fonctionnement de la thyroïde. Il participe, sous contrôle du sélénium, à la synthèse des hormones thyroïdiennes. Le rôle de ces hormones dans la production des composants du colostrum (immunoglobulines…) et leur absorption par le veau, laisse supposer que ces deux oligoéléments ont un rôle majeur dans le statut immunitaire du nouveau-né. Les zones montagneuses sont classiquement carencées en iode. Le zinc intervient à tous les étages de l’organisme. Il est impliqué dans plus de 500 réactions enzymatiques. Il agit notamment sur l’immunité acquise (synthèse des lymphocytes B et T) et accroît l’activité des neutrophiles (immunité innée). Il participe à la production de kératine, une protéine du canal du trayon, qui contribue à capturer les bactéries.

Surveiller la vitamine E autour du vêlage

La vitamine E est un puissant antioxydant cellulaire intervenant dans les mécanismes de détoxification des radicaux libres des cellules. Il a été montré une corrélation positive entre les comptages cellulaires et les concentrations plasmatiques moyennes des laitières en vitamine E. Physiologiquement, l’organisme voit ses concentrations sanguines diminuer autour du vêlage. Cette baisse est normale. Il est donc important de renforcer les apports avant le vêlage. Des apports expérimentaux de vitamine E, dix et cinq jours avant vêlage, ont montré des améliorations dans les mortalités de bactéries grâce aux neutrophiles circulants. Le couple sélénium/vitamine E permet de booster l’immunité des mères avant la naissance et par conséquent d’enrichir le colostrum en anticorps. Il agit en synergie avec les vaccinations prénatales.

Diagnostiquer les carences en oligoéléments

Outre les mécanismes de protection de l’organisme, les oligoéléments agissent dans de nombreuses fonctions. Les carences en oligoéléments sont difficiles à diagnostiquer car, souvent, les signes sont discrets et peu spécifiques (mauvais départ en lactation, troubles de reproduction…). Si une carence (voire un excès) est suspectée, les vétérinaires praticiens disposent d’outils pour la mettre en évidence.

Le statut en oligoéléments peut être obtenu par différents prélèvements : sanguins, lait, salive ou tissus animaux. Le dosage individuel dans le plasma sanguin est à la fois le plus fiable, le moins coûteux et le plus facile à mettre en œuvre. En général, on effectue un prélèvement sur cinq animaux en bonne santé et en dehors de la période de vêlage. Deux situations où les teneurs sont modifiées. Le coût est de l’ordre de 100 € pour six oligoéléments dosés sur cinq animaux. L’iode et le sélénium peuvent aussi, mais plus rarement, être dosés dans le lait ; le cuivre et le zinc par biopsie du foie.

La très grande majorité des fourrages est carencée en oligoéléments. Une complémentation et donc indispensable. L’animal ne les stockant pas ou peu, l’apport doit être régulier et si possible quotidien (tout comme pour les vitamines). Différents modes de distribution sont possibles : dans la ration, dans l’eau de boisson, pierres et seaux à lécher, bolus à effet flash ou retard. À étudier au cas par cas avec son vétérinaire praticien selon la ration distribuée, la taille du troupeau, les contraintes de temps et de main-d’œuvre…

Le saviez-vous ?

La vitamine C contribue également à stimuler le système immunitaire, notamment dans la fabrication des lymphocytes T, indépendamment de son rôle antioxydant bien connu. On peut supplémenter dès la naissance des jeunes afin de leur donner la vigueur nécessaire pour téter par eux-mêmes le colostrum maternel.

 

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