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Premières esquisses de l’agro-écologie
Marion Guillou, présidente d’Agreenium et ex-patronne de l’Inra, a remis à Stéphane Le Foll son rapport sur l’agro-écologie, le 11 juin. Parmi les nombreuses pistes avancées, deux ont d’ores et déjà retenu l’attention du ministre. La première consisterait, sur le modèle des certificats d’économie d’énergie qui sont aujourd’hui déployés par les fournisseurs de ce secteur, à impliquer les distributeurs de produits phytosanitaires eux-mêmes dans la réduction de leur usage.
La seconde est la mise en place de mesures agroenvironnementales “systèmes”, pour un changement plus global de pratiques dans les exploitations. Pour le ministre, s’ouvre une nouvelle voie, intégrant la composante environnementale « dès la conception du modèle de production ». « Nous ne sommes plus dans la norme a posteriori », insiste-t-il, ajoutant néanmoins : cela devra « se faire patiemment (…) Il y a énormément de travail. »
Compenser le changement
« Nos propositions améliorent les rendements en terme de qualité comme de quantité », assure Marion Guillou. En revanche, « passer à ces systèmes requiert de la technicité et du temps de travail, de refaire de l’agronomie, de passer dans les champs pour surveiller l’arrivée des parasites. Certaines pratiques demandent en outre d’investir », précise-t-elle soulignant que « les politiques publiques doivent s’attacher à alléger ces contraintes ». “Le contexte économique (prix élevés de plusieurs matières premières agricoles) qui pousse à la simplification et à la spécialisation des cultures”, et le fait que les systèmes agro-écologiques sont “plus sensibles aux aléas” sont d’autres facteurs qui “s’opposent au changement”, indique l’étude. Le rapport prône donc “la mise en place de mécanismes incitatifs”.
La transition devrait par ailleurs, selon le document, s’appuyer sur le collectif, avec les GIEE (groupement d’intérêt économique et environnemental) de producteurs, mais aussi sur la recherche. Il faudra également soigner la diffusion des pratiques en s’attelant au dossier de la formation et du conseil. Mais la première étape sera de “capitaliser les références techniques”.