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Argentine
Les taxes sur les ventes de grains sans effet sur l’export, mais destructrices pour la production

La hausse des taxes à l’export de grains, décrétée par le gouvernement argentin, n’a nul effet sur les marchés à court terme, mais elle s’annonce destructrice pour le potentiel de production de blé du pays.

En progression spectaculaire depuis 2016, la production de blé argentine a pris du plomb dans l’aile à cause d’une mesure fiscale décrétée en semaine 51 et qui pourrait se durcir dans les jours à venir. En effet, le nouveau gouvernement argentin a relevé le niveau de la taxe sur les exportations de soja, de 24,5 % à 30 %, et de céréales, de 6 % à 12 %. Une douche froide pour la filière, même si elle s’y attendait. Le seau d’eau glacée, qu’elle a reçu sur la tête dans la foulée, a été l’annonce, mardi 17 décembre, de l’envoi au Parlement d’un projet de loi dit de Solidarité dans l’urgence, élaboré par le gouvernement, qui préconise de rehausser la taxe de 30 à 33 % sur les embarquements de soja et de 12 % à 15 % sur ceux de blé.

« L’effet [de cette annonce] sur le marché est nul, car presque toute la récolte de blé en cours a déjà été commercialisée », estime l’expert Gustavo López. Les exportateurs répercuteront simplement le coût de la taxe sur leur prix d’achat. C’est le céréalier qui en fera les frais. « Depuis l’annonce de la taxe, le cours du blé disponible a dévissé automatiquement de 179 US$/t à 168 US$/t », précise-t-il.

L’effet de la hausse de la taxe à l’export aura un impact sur la production dès la prochaine campagne de blé. La capacité d’investissement des céréaliers s’en trouvera affectée. « Car 11 dollars de moins par tonne, au final, c’est de l'argent en moins dépensé en engrais, semence, surface emblavée… », analyse un autre expert, Pablo Adreani. Et comme le mandat présidentiel d’Alberto Fernández ne fait que commencer, des taxes salées sont présagées pendant au moins quatre ans.

Cela devrait freiner la croissance ininterrompue de la production de blé depuis 2016. La moisson depuis a doublé et les exportations de blé ont triplé. Si un climat favorable y a été pour beaucoup, l’élimination de la taxe sur les exportations de blé et de maïs de 2016 jusqu’à la mi-2018 a donné une impulsion réelle aux deux cultures.

Cependant, le premier geste envers le secteur agricole du nouveau gouvernement a été cette ponction fiscale évaluée pour 2020 à 1,2 milliard de dollars, selon l’union syndicale qui proteste contre la mesure.

 

Suspension du registre des exportateurs

On se croirait revenu en 2008, l’année de la grande révolte des fermiers argentins contre cette même taxe. Et on retrouve les mêmes protagonistes dans les files des syndicats d’agriculteurs et dans les rangs du gouvernement : Alberto Fernández, à l’époque chef du gouvernement, aujourd’hui président de la République, et Cristina Kirchner, alors présidente et désormais vice-présidente…

« La différence avec 2008 est que le niveau des cours actuel est bien plus bas. Et puis nous ne savons rien de la suite. Le gouvernement a suspendu depuis le 16 décembre le registre des exportateurs. Veut-il les auditer ? Ou geler les opérations le temps d’appliquer la hausse annoncée », s’interroge Gustavo López.

Les fermiers argentins s’attendaient à cette mauvaise nouvelle et ont anticipé la commercialisation de leur blé 2019/2020 et du soja 2020 pour environ 30 millions de tonnes.

Cette hausse de taxe n’est pas un fait circonstanciel. Il s’agit du maintien et du renforcement d’un tel outil de prélèvements obligatoires. Il constitue en soi un facteur baissier structurel de la production nationale, qui devra être pris en compte au moins jusqu’en 2023.

 

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