Évènement
La gestion de l’eau doit passer par des projets territoriaux
Dans son rapport relatif à “la gestion quantitative de l’eau en agriculture”, le député du Gers, Philippe Martin, reconnaît le caractère indispensable de l’eau d’irrigation et préconise une approche territoriale pour répondre à la diversité des situations locales.

« Les travaux menés (par le député du Gers, Philippe Martin, dans le cadre de sa mission sur la gestion quantitative de l’eau en agriculture, NDLR) reconnaissent enfin que l’irrigation, véritable levier de production et source d’emploi, est “indispensable à la sécurisation des productions agricoles” et que “l’eau est essentielle à l’agriculture dans les zones et aux périodes où elle est, justement, la plus aléatoire” », souligne Irrigants de France. Remis le 5 juin à Paris à son commanditaire, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, le rapport Martin, intitulé “Une nouvelle vision, pour un meilleur partage”, préconise l’inscription des projets d’irrigation dans un cadre territorial, pour leur assurer une adaptation aux particularités régionales. Ces « projets territoriaux » s’entendent comme « une démarche de concertation sur un territoire déterminé (le plus souvent un sous-bassin versant), en vue d’encourager l’élaboration d’un projet collectif », précise le document de travail. Et ses modalités d’élaborations comme « une proposition à soumettre à débat ». Charge à la ministre de l’Écologie, Delphine Batho, en lien avec le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, d’étudier ces recommandations et de les intégrer dans le processus d’évaluation de la politique de l’eau qui trouvera son aboutissement lors de la conférence environnemantale de septembre. Globalement les suggestions de Philippe Martin, comme la réduction des délais de recours administratifs contre un projet de stockage, sont plutôt bien accueillies par les organisations d’agriculteurs, car relativement en ligne avec leurs attentes. Cependant, certaines de leurs demandes n’ont pas eu gain de cause, à l’image du relèvement du seuil d’autorisation pour les retenues d’eau. Quant à la levée du moratoire sur les financements des Agences de l’eau, la question fait débat.
Pour une levée (immédiate ?) du moratoire des Agence de l’eau
« L’importance de la mobilisation des ressources en eau est enfin affichée (...) Et le pragmatisme de plusieurs recommandations répond aux enjeux de la double performance, économique et environnementale de l’agriculture, prônée de longue date par la FNSEA », se réjouit le syndicat. « Il est donc temps d’apporter des réponses en matière de stockage de l’eau et d’améliorer l’application de la loi sur l’eau », réagit Irrigants de France, qui poursuit : « Qu’il s’agisse de réduction des délais des recours juridiques, d’ouverture aux financements européens ou de représentation des agriculteurs dans des instances de concertation, certaines recommandations pragmatiques préconisées doivent rapidement trouver écho dans la politique gouvernementale. »
À l’image de la levée du moratoire suspendant la participation financière des Agences de l’eau aux projets de stockage en vue de l’irrigation, « et ce, sans condition pour les projets d’ores et déjà finalisés », présice la FNSEA. « Cette suspension doit être immédiate et non concomitante au développement des projets territoriaux, comme le suggère le rapport Martin », insiste Alix d’Armaillé, chargée de mission à Irrigants de France.
Prudence des opérateurs quant à la portée du rapport
La FNSEA dénonce par ailleurs la proposition de ne pas toucher au seuil d’autorisation pour les retenues d’eau « aujourd’hui fixé à 200.000 m3 quand le seuil européen pour les études d’impact est à 10 Mm3 ». Irrigants de France, pour sa part, s’interroge sur « la pertinence de la “baisse annuelle de 10 % de la dernière autorisation temporaire régulièrement accordée” (relative au volume d’eau prélevé, NDLR) dans le cadre d’une proposition relative à une transition par défaut ».
« Malgré tout, ce rapport va dans le sens de l’irrigation, résume Yvette Thomas, présidente de Coop de France Poitou-Charente. Mais que va-t-il en ressortir quand le texte sera passé dans la moulinette du ministère de l’Environnement ? » Et la CR et l’OPG de souhaiter que « la mise en œuvre de cette “vision” ne soit pas obstruée par certaines sensibilités locales qui n’ont pas montré, ces dernières années, un grand enthousiasme à l’essor de l’irrigation ».