Congrès fnsea
Faire de l’élevage une « cause nationale »

Les trois jours de congrès de la FNSEA à Troyes, du 26 au 28 mars, ont fait des difficultés de l’élevage français le centre des préoccupations. Dès la première journée, lors du huis clos, l’équipe dirigeante lançait le principe de manifestations régionales le 12 avril dans tout le pays, suivies d’une grande journée parisienne le 23 juin. Objectif : convaincre la société que l’élevage doit être érigé en « cause nationale ». Les débats sur la compétitivité et les demandes adressées par le président de la FNSEA, Xavier Beulin, au ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, se comprenaient surtout à la lumière des grandes difficultés de l’élevage. « Un problème de reconnaissance », selon Dominique Barrau, le secrétaire général de la fédération.
Sans concession de part et d’autre, l’échange a été tendu mais respectueux, entre les militants de la fédération, conduits par Xavier Beulin, et Stéphane Le Foll, faisant face, bien que dépourvu de « bonne nouvelle » à dévoiler, à l’exception du projet gouvernemental de modification de la LME. Le soutien aux jeunes agriculteurs dans l’élevage avait été annoncé une semaine plus tôt chez les laitiers et le ministre se réservait de révéler son plan biogaz le lendemain en Bretagne.
Si les acteurs sont en place, la situation de l’agriculture, elle, n’est pas stabilisée. La réforme de la Pac est loin d’être bouclée, tandis que le sort de l’élevage français est problématique. Ce dossier a mobilisé le congrès de Troyes qui restera celui de l’élevage.
Toutes les dimensions de la crise
« Nous devons faire de l’élevage une cause nationale dans ce pays », lançait Xavier Beulin peu avant de s’adresser au ministre, vêtu d’une marinière rayée verte et blanche, aux couleurs de la FNSEA. Un clin d’œil qui ne pouvait cacher un « ras-le-bol », exprimé par Xavier Beulin, refusant de « se faire balader » tant en ce qui concerne la pesanteur des normes environnementales, la reconnaissance du fait majoritaire ou le jeu des ponctions sur des lignes budgétaires déjà prévues pour éteindre des incendies mettant à mal les éleveurs. Dans le collimateur, les prélèvements sur les budgets casdar (développement agricole) par l’état, la ponction sur les lignes budgétaires de l’article 68 de la Pac (pour financer en partie les 44 M€ annoncés le 21 mars), ou l’absence de dispositif d’allégement des charges pour les employés permanents (le 1 €/h de travail) alors que la mesure est bel et bien déjà financée par une taxe.
Différentiel de coûts salariaux
Pendant ce temps, les problèmes demeurent, expliquait en substance Xavier Beulin : le différentiel de coûts salariaux des activités de transformation entre la France et l’Allemagne, le Fonds de solidarité céréaliers/éleveurs, l’engagement de l’Etat quant à la mise en place d’une CVO et son agrément public. Même pour le plan de relance de l’élevage, envisagé par le gouvernement, se fondant sur la future Pac : « Le compte n’y est pas », disait Xavier Beulin qui « ne veut pas d’une France céréalisée » à laquelle personne n’aurait à gagner. Surtout, « ce n’est pas la redistribution des aides Pac qui va sauver l’élevage », expliquait-il. Concernant le lait, « il n’est pas admissible de voir les contrats vidés de leur contenu », lançait le président de la Fnsea, qui constatait que le résultat des négociations commerciales était plus défavorable que jamais à la répercussion des charges de production des éleveurs. A l’exception de système U, dont le patron Serge Papin était à troyes, les autres enseignes font de la résistance. La situation pourrait bientôt s’éclaircir : Stéphane Le Foll annonçait une rencontre entre transformateurs laitiers et distributeurs le 8 avril. Les 15 et 18 avril des réunions similaires sont prévues pour les porcs et la volaille.
Dans un grand silence entrecoupé de sifflets et apostrophes, le ministre de l’agriculture plaidait pour les futures lois, l’une sur la consommation, l’autre sur l’agriculture d’avenir. La combinaison de l’une et de l’autre doit permettre un meilleur rapport de force entre fournisseurs et distributeurs. Et d’annoncer que le Conseil d’Etat venait d’être saisi sur les modifications de la loi de modernisation de l’économie impliquées par la prochaine loi sur la consommation. Tout l’objectif des pouvoirs publics est de faire en sorte que les contrats qui lient les agriculteurs, les industriels et les distributeurs puissent intégrer et répercuter les variations de coûts de production. « Il faut que les contrats soient respectés ! », scandait Stéphane Le Foll.
« Les problèmes des éleveurs sont des problèmes de revenu et de reconnaissance », affirmait le secrétaire général, Dominique Barrault, le 28 mars. « Il faut plus d’équité dans la représentation », affirmait Xavier Beulin, regrettant que sur le terrain, « le pauvre représentant des agriculteurs est déjà jugé coupable face aux ONG environnementales dès qu’il pénètre dans la salle de réunion ».