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La vigueur variétale au démarrage en colza : un atout en plus pour une bonne implantation

Le choix de variétés caractérisées par une bonne vitesse d’implantation fait partie de la stratégie pour obtenir un colza robuste à l’automne. Terres Inovia s’attache à faire un classement sur ce caractère pour la prochaine campagne.

Après trois ans d'essais en parcelles, Terres Inovia va fournir un classement des variétés de colza sur leur vigueur au démarrage. © Terres Inovia
Après trois ans d'essais en parcelles, Terres Inovia va fournir un classement des variétés de colza sur leur vigueur au démarrage.
© Terres Inovia

Variétés « Secure Install » chez les uns, « Install + » chez d’autres… Les semenciers ne lésinent pas pour mettre en avant le caractère de bonne vigueur au démarrage de certaines de leurs colzas, en y apposant un logo ou une dénomination spécifique. « Le caractère de vigueur au départ est d’autant plus prégnant avec la recrudescence des dégâts d’insectes à l’automne. C’est un sujet qui est remonté au-dessus de la liste au niveau de la filière semences dans la sélection de variétés de colza », souligne Jean-Eric Dheu, Limagrain.

Ce caractère de vigueur de départ est-il pertinent ? Jusqu’à présent, il n’entre pas dans la caractérisation des variétés par le Geves ni par Terres Inovia. « Des différences existent bien entre variétés et ce levier génétique est à prendre en considération. Mais il est moindre que celui de la qualité d’implantation pour obtenir une bonne vigueur au démarrage. Une variété vigoureuse ne permet pas de rattraper un semis dans de mauvaises conditions, signale Arnaud Van Boxsom, responsable de l’évaluation des variétés à Terres Inovia. Depuis trois ans, nous travaillons à cette question et, à l’issue de cette campagne, nous allons établir un classement des variétés sur leur vigueur ».

Une bonne vigueur pour résister aux attaques d’altises et de charançon

Pour évaluer ce caractère, l’institut mesure l’évolution de la surface foliaire à l’automne, au moyen de photos et avec le concours de drones. Arnaud Van Boxsom distingue différentes phases dans le cycle du colza pour bien caractériser la vigueur. « Cela commence par la vigueur de départ, entre la levée et le stade 3-4 feuilles. La rapidité de cette phase a un intérêt surtout contre les attaques d’altises adultes. Nous mesurons ensuite la vigueur automnale, de 3-4 feuilles à l’entrée de l’hiver, phase importante pour résister aux larves de grosses altises et de charançons du bourgeon terminal. C’est à ce stade que nous voyons des différences intéressantes entre variétés. Mais cela ne fait pas tout : une vigueur à l’automne ne signifie pas une résistance au ravageur. C’est seulement un plus. » Terres Inovia va établir son classement variétal sur ces deux premières phases de développement en laissant de côté une troisième phase, celle de la vitesse de reprise au printemps.

Un classement différenciant clairement chaque variété sur sa vigueur est difficile à réaliser. Au vu des premiers résultats, trois catégories semblent se détacher : quelques variétés à vigueur forte, quelques-unes à vigueur faible et un grand « ventre mou » de variétés intermédiaires. Une chose est sûre, avant 3-4 feuilles, si les différences entre variétés peuvent ne pas être importantes, elles se conservent dans le temps. « Au stade 3-4 feuilles, on mesure une différence de surface foliaire de 5-10 % entre les variétés les moins et les plus vigoureuses. Cet écart s’accentue pendant l’automne avec 15-20 % de différence entre les extrêmes au stade 8-10 feuilles à l’entrée de l’hiver », relève Arnaud Van Boxsom.

Des variétés tolèrent mieux les larves d’altises que d’autres

Outre la vigueur, l’ingénieur a pu observer des variétés semblant bien tolérer les larves d’altises. « Des hybrides présentent moitié moins de larves que d’autres. Cette différence est significative mais irrégulièrement observée. » Le sujet est complexe. Les semenciers et organismes de recherche ne sont pas aussi avancés sur ce thème que sur celui de la vigueur. Pour Arnaud Van Boxsom, « l’idéal serait de trouver des variétés à la fois vigoureuses et tolérantes aux larves d’altises ». Important à une époque où les insecticides sont de moins en moins opérants.

Attention à l’élongation automnale

Avec l’arrivée des hybrides, les variétés ont déjà gagné en vigueur au démarrage par rapport aux lignées. Y a-t-il un lien entre vigueur et risque d’élongation à l’automne ? « Pas vraiment, selon Arnaud Van Boxsom, Terres Inovia. Nous avons des variétés vigoureuses à l’automne qui ne s’allongent pas. Mais nous avons de moins en moins de variétés inscrites faiblement sensibles à l’élongation automnale. Ce risque reste maîtrisable malgré tout avec une densité de semis adaptée ».

Les agriculteurs choisissent des variétés vigoureuses et des semences non pelliculées

Le caractère variétal de vigueur au démarrage semble porter chez les agriculteurs. « Avec l’objectif d’obtenir des colzas robustes à l’automne, Je recherche cette qualité dans les variétés que je choisis, témoigne Thierry Geoffroy, agriculteur à Saint-Lactencin (Indre). J’ai donc opté pour deux hybrides caractérisés par leur bonne vigueur au démarrage : Alessandro KWS et Anjelico ». Alesandro KWS est effectivement présenté par KWS-Momont comme montrant « une très bonne dynamique d’installation automnale ». LG Angelico entre dans la catégorie des variétés « Install + » de LG pour « sa bonne vigueur de départ et sa capacité de recouvrement à l’automne ». Thierry Geoffroy privilégie l’utilisation de semences non traitées. « Une graine nue aura tendance à mieux germer qu’une graine pelliculée », observe-t-il.

Le pelliculage freine l’humectation de la graine

Des semenciers commercialisent dorénavant des semences certifiées non pelliculées. « Le pelliculage à base d’argile est un vrai frein à l’humectation de la semence en situation très sèche. Les semences non pelliculées lèvent plus rapidement », selon une note des Chambres d’agriculture de Normandie, d’Eure-et-Loir et d’Île-de-France. Producteur à Nant-le-Grand (Meuse), Xavier Arnould a, pour sa part, renoncé à utiliser la lignée ES Mambo cette année. « Elle met du temps à reprendre au printemps, ce qui pénalise la récolte. Je suis repassé aux hybrides plus vigoureux au démarrage avec un mélange des variétés Feliciano KWS, Temptation, LG Acropole et RGT Quizz (+ ES Alicia contre les méligèthes). » Sur les sols difficiles de l’Indre et de la Meuse, il faut jouer tous les leviers pour assurer la meilleure implantation possible du colza.

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