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À la recherche du perchoir optimal en volailles de chair

Julien Leballeur a testé plusieurs types de perchoirs avant de concevoir un modèle, adapté aux poulets à croissance intermédiaire. En dinde, la solution des plateformes s’est révélée efficace mais coûteuse.

Julien Leballeur : «Ce perchoir fait maison est très facile à nettoyer et à déplacer, peu coûteux et fonctionne bien pour les lots de poulet à croissance intermédiaire. »
Julien Leballeur : «Ce perchoir fait maison est très facile à nettoyer et à déplacer, peu coûteux et fonctionne bien pour les lots de poulet à croissance intermédiaire. »
© A. Puybasset

Il n’y a pas de système de perchage idéal. C’est à chaque éleveur de trouver la solution la plus adaptée à son élevage en fonction de sa praticité, de son coût et de son intérêt pour la volaille. Le type de perchage dépend aussi de l’espèce et du type de production, comme a pu le constater Julien Leballeur sur ses lots de poulets.

Installé en Gaec avec ses parents et son frère à Pruillé-Le-Chétif dans la Sarthe, il exploite quatre poulaillers polyvalents. Ils ont intégré depuis 2017 la démarche de progrès Nature d’éleveurs du groupe LDC et produisent du poulet et de la dinde en production standard ou sous différents cahiers des charges, intégrant des enrichissements du milieu : éclairage naturel, blocs à picorer, musique ainsi qu’un dispositif de perchage (hormis en standard).

Les bottes de paille, pratiques et économes

Pour les lots de poulets « Oui, c’est bon ! » (1), élevés jusqu’à l’an dernier (densité de 19 volailles/m2 avec la souche Ross 308), c’est la solution des bottes de paille qui convenait le mieux. « Elles sont faciles à mettre en place et peu coûteuses, la paille étant produite sur l’exploitation, explique Julien Leballeur. Cet enrichissement friable est bien utilisé par le poulet. Il n’y a pas de nettoyage. » L’éleveur répartissait 20 bottes pour un poulailler de 1 300 m2 sur litière de paille broyée.

Il a toutefois fallu trouver une solution alternative depuis le récent passage au cahier des charges European Chicken Commitment (ECC), imposant des souches de poulets à croissance intermédiaire (de type JA 987, densité de 15 volailles/m2). « Ces volailles, plus rustiques, démêlaient trop vite les bottes, il fallait les renouveler très régulièrement. »

Un perchoir en plastique facile à déplacer

Les éleveurs ont donc fabriqué de petits perchoirs en plastique, légers et faciles à déplacer. « Leur lavage après trempage est peu contraignant. » L’éleveur a observé une bonne utilisation par les poulets, qui a été confirmée lors de l’évaluation des indicateurs de bien-être réalisée avec l’outil Ebene de l’Itavi. Ce perchoir fait maison est pour lui un bon compromis entre un système de plateformes, plus coûteux et difficile à nettoyer, et un perchoir en A, plus pratique à manutentionner, mais peu adapté à ce type de poulet. « Parmi les enrichissements présents dans les bâtiments, c’est surtout la lumière naturelle qui a le plus d’impact sur le bien-être animal car elle stimule l’activité des animaux », estime Julien. « La pierre à picorer est quant à elle simple à mettre en place, mais son coût n’est pas anodin (150 à 200 euros par lot)."

 

 
Deux postes radio équipent chaque  bâtiment. Allumée en journée, la musique a un effet très positif chez les dindes.
Deux postes radio équipent chaque bâtiment. Allumée en journée, la musique a un effet très positif chez les dindes. © A. Puybasset

 

La radio est par ailleurs allumée tous les jours à partir de 3 jours d’âge (pas avant car les jeunes volailles risquent de s’agglutiner près de l’enceinte). « Cet enrichissement a relativement peu d’impact sur le comportement du poulet. À l’inverse, il a un effet très positif en dinde », a observé l’éleveur. « Les volailles s’habituent à une diversité de sons et sont moins stressées lors des interventions dans le bâtiment (un paillage par exemple). Il n’est presque plus nécessaire d’utiliser les barrières lors du départ à l’abattoir. »

Des plateformes testées en dinde

Les lots de dindes sous cahier des charges « Oui c’est bon ! » ont aussi accès à des blocs à picorer et à des ficelles. Concernant le dispositif de perchage (recommandé mais non obligatoire), l’éleveur a testé l’an dernier sur deux lots de dindes l’intérêt de grandes plateformes. Conçues par Big Dutchman, il s’agit de caillebotis en plastique larges de 1,2 mètre, posés sur des pieds pliables de 60 centimètres, posés sur une trentaine de mètres de longueur. Les plateformes sont installées de 21 jours jusqu’à la fin du lot. « Elles ont surtout été utilisées par les femelles », a remarqué Julien.

 

 
Les plateformes testées durant deux lots de dindes sont surtout utilisées par les femelles et ont permis de réduire le taux de griffage. Elles sont installées sur 30 mètres de long, il faut compter 3 heures à deux personnes pour les nettoyer en fin de lot.
Les plateformes testées durant deux lots de dindes sont surtout utilisées par les femelles et ont permis de réduire le taux de griffage. Elles sont installées sur 30 mètres de long, il faut compter 3 heures à deux personnes pour les nettoyer en fin de lot. © J. Leballeur
« Les mâles ne se perchent plus à partir de 8-10 kg. » Ces perchoirs ont surtout eu un impact très positif sur le taux de griffures qui a fortement diminué chez les femelles, celles-ci n’étant plus dégriffées ni débecquées depuis plusieurs années. Le taux de griffage était de 4 % contre 9 % sur un lot standard sans perchoirs. Pour Julien, le principal frein reste le coût du système de perchage, chiffré à 10 000 euros pour équiper un bâtiment de 1 400 m2. Le devis intégrait un relevage sur treuil. Il faut aussi compter ¾ d’heure à deux personnes pour l’installation et trois heures pour le nettoyage des plateformes. Un investissement dur à rentabiliser…

 

L’éleveur, qui a depuis longtemps une approche d’amélioration du bien-être animal, est toujours prêt à faire évoluer ses pratiques et sa production pour répondre aux nouvelles attentes sociétales. Encore faut-il que le consommateur accepte d’en payer le prix.

(1) Cahier des charges privé abattoir

Trouver le bon compromis entre praticité, coût et intérêt pour la volaille

Des perchoirs faits maison pour les poulets ECC

 

 
L’éleveur a récupéré d’anciens caillebotis pour porcelets pour fabriquer les perchoirs pour poulets. Ils sont installés à partir de 15 jours.
L’éleveur a récupéré d’anciens caillebotis pour porcelets pour fabriquer les perchoirs pour poulets. Ils sont installés à partir de 15 jours. © A. Puybasset
Le Gaec des deux vallées a fabriqué de petits perchoirs pour équiper trois poulaillers de 1300 et 1400 m2 produisant du poulet ECC. Ils sont composés d’un plateau de 60 centimètres sur un mètre de large (ancien caillebotis pour porcelets en PVC) sur lequel sont fixés quatre tubes en plastique de 20 centimètres. Les perchoirs peuvent être attachés deux par deux pour constituer une plus grande zone de perchage. Répartis en quinconce sur quatre lignes soit 15 par poulailler, ils sont installés à partir de 15 jours.

 

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