Idée reçue n° 3 : Il faut être enfant d’agriculteurs pour s’installer éleveur de chèvres
Une étude sociologique de l’ESA d’Angers a mis en lumière cinq profils types de nouveaux installés, au-delà des distinctions entre héritiers et non issus du milieu agricole.
Une étude sociologique de l’ESA d’Angers a mis en lumière cinq profils types de nouveaux installés, au-delà des distinctions entre héritiers et non issus du milieu agricole.

Si plus de la moitié des exploitants installés en 2018 sont enfants d’agriculteurs, de plus en plus de nouveaux arrivants viennent bousculer ce schéma traditionnel. C’est ce que montre l’étude Agrinovo, menée par l’École supérieure des agricultures (ESA) d’Angers. Soutenue par le ministère de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, cette recherche s’intéresse aux nouveaux actifs agricoles et aux évolutions des parcours d’installation. Bien que la transmission au sein des familles demeure importante, de plus en plus d’enfants d’agriculteurs choisissent de ne pas reprendre l’exploitation familiale, ouvrant la voie à de nouveaux profils.
L’étude, basée sur les réponses de 3 400 exploitants installés en 2018 et 2022, distingue cinq profils types de nouveaux agriculteurs. Parmi eux, les « héritiers bien préparés » (1 170 individus) perpétuent la tradition familiale, tandis que les « héritiers sans vocation » (752 individus) ont d’abord exploré d’autres voies avant de revenir vers l’agriculture.
Des reconvertis de plusieurs classes
Mais c’est surtout l’arrivée d’exploitants sans ancrage familial agricole qui marque un tournant. Viennent d’abord les « reconvertis des classes moyennes » (667 individus), sans lien familial avec l’agriculture ni formation initiale dans ce domaine, ceux-ci s’installent avant tout par envie de travailler au contact de la terre ou des animaux et de donner du sens à leur activité.
Ensuite, ce sont les « classes populaires hors-cadre » (551 individus), qui voient dans l’agriculture une opportunité d’entrepreneuriat et de transmission patrimoniale. La majorité d’entre eux ont néanmoins un lien indirect avec le secteur agricole à travers leur entourage familial élargi.
De nouveaux défis pour ces nouveaux installés
Enfin, moins courant mais intéressant à souligner : les « reconvertis des classes supérieures » (257 individus). Ces anciens cadres, souvent diplômés d’un bac +5 ou plus, se tournent vers l’agriculture pour exercer un métier qu’ils jugent plus utile et en accord avec leurs convictions.
Dans les exploitations spécialisées dans l’élevage d’herbivores hors bovins, ces trois dernières catégories sont majoritaires face aux héritiers.
La progression de ces nouveaux profils apporte son lot de défis : trouver des terres, se former et s’intégrer dans un milieu encore largement familial n’est pas toujours simple. Elle témoigne cependant d’un engouement renouvelé pour l’agriculture et l’élevage.
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