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Grenade : les deux leviers pour faire décoller le rendement

L’irrigation et la fertilisation semblent être les deux leviers à actionner pour faire décoller le rendement du grenadier. La station de recherche Sudexpé travaille à établir des références techniques, pour permettre d’ajuster la conduite des vergers.

Avec environ un millier d'hectares de grenadiers conduits à plus de 95 % en bio, les vergers français sont pour la plupart assez récents.

« Mais on note déjà un plafonnement des rendements de 5 à 10 tonnes dans les vergers de sept à huit ans, alors qu'on devrait être quasiment au double. Certes, en bio, ce n'est pas simple. Mais force est de constater que les rendements sont insuffisants. Seuls quelques vergers ont des rendements supérieurs à 15 tonnes par hectare, alors qu'à partir de la quatrième ou cinquième feuille, on devrait y arriver. Cela vient sans doute en grande partie d'un problème de gestion de l'alimentation hydrominérale. C'est du moins une des hypothèses », relève Xavier Crété, ingénieur à Sudexpé. Si l'on n'arrive pas à élever ses rendements, il faut donc se poser la question de la nutrition de la plante.

Une irrigation raisonnée est un prérequis

Toute la nutrition passe par l'irrigation. De fait, si l'irrigation est mal gérée, la nutrition l’est également. C'est donc le premier point sur lequel il faut être vigilant, bien que le grenadier ne soit pas très gourmand en eau. « Si on gère mal l'irrigation, on va avoir une augmentation de la sensibilité des fruits à l'éclatement », indique Xavier Crété. Si l'ingénieur pointe autant la question de l'irrigation, c'est que les pratiques des arboriculteurs en la matière se font essentiellement de manière empirique, et sont donc peu raisonnées. « Mais en bio, cela n'est pas toujours très simple », nuance-t-il.

De fait, la stratégie à retenir est celle d’offrir un apport en eau le plus régulier possible, idéalement tous les jours, sinon plusieurs fois par semaine, afin de limiter les à-coups. En quelles quantités ? Tout dépend du type de sol, de la période ou encore de l'âge du verger. « Bien qu'il soit difficile de donner un chiffre précis, la quantification peut se faire par des outils de pilotage avec, par exemple, des tensiomètres ou des sondes capacitives, voire par un bilan hydrique », ajoute l'ingénieur. Il faut également veiller à ne pas trop irriguer les sols, pour ne pas risquer de les lessiver.

Trouver le bon équilibre nutritionnel

Outre l'apport en eau, l'essentiel des besoins des grenadiers sur la fertilisation doit être apporté d'avril à juin. Le grenadier a de grands besoins en azote, ce n'est pas une plante frugale. Pour les apports au sol, l'idéal est d'avoir un ratio de 2,5 unités (U = kg/ha) d'azote pour 1 U de phosphore et 3 U de potasse, car c'est une plante à fruits qui a des besoins en potasse élevés. Pour respecter cet équilibre, pour une cible de rendement entre 15 et 20 tonnes par hectare et pour 80 U d'azote, il faudra mettre une trentaine d'unités de phosphore, autour de 90 unités de potasse et une vingtaine d'unités de magnésium. Tous ces engrais doivent être apportés à partir d’avril jusqu’à juin, fractionnés en deux ou trois fois. En revanche, à partir de juillet, les besoins sont moindres. Dans le cas où les arboriculteurs utilisent la ferti-irrigation, une autre stratégie s'impose. Les mêmes quantités doivent être apportées, mais il faut les répartir plus régulièrement et sur une période plus longue, autour de fin mars jusqu’à fin juillet. « C'est plus compliqué en bio, car ces engrais ne sont pas très stables et ont un coût. Alors les arboriculteurs font plutôt des apports au sol », détaille Xavier Crété.

Attention aux carences en fer dans les sols calcaires

Beaucoup de grenadiers étant dans des sols calcaires, les carences en fer sont très fréquentes. Les apports en fer doivent donc être réalisés régulièrement en début de saison, avec au moins deux apports de l’ordre de 5 à 10 kilos par hectare. Ils peuvent être réalisés par le goutte-à-goutte ou dans le sol. Il faut alors être vigilant car le fer est photosensible. Enfin, des stratégies d'apports foliaires doivent être mises en œuvre, surtout pour limiter les problèmes d'éclatement des fruits. Pour ce faire, Sudexpé conseille d'alterner chaque semaine les apports de bore et de zinc avec des apports de calcium durant toute la période de floraison. « Il ne faut surtout pas mélanger calcium et zinc, car c'est phytotoxique », rappelle Xavier Crété. Il faut toutefois éviter de faire des apports après la mi-juillet, car la plante ne doit pas trop pousser en fin de saison sous peine de mal lignifier et d’être ainsi plus sensible au gel durant l'hiver. Cependant, un petit apport de matière organique peut être réalisé après la récolte, afin d'améliorer la base de nutrition pour l'année suivante et les mises en réserve.

Densité de plantation et modes de conduite

Si la nutrition de la plante est au cœur de l'augmentation des rendements, ce n'est pas la seule piste. Les modes de conduite et la densité de plantation interviennent également. « Mais ce sont des questions qu'il faut se poser avant la plantation, et qui dépendent de la technicité du producteur et du temps qu'il est prêt à consacrer à sa culture », souligne Xavier Crété. Sur ces sujets, des références standardisées existent.

La densité classique, dans la plupart des vergers, est de 5 mètres entre rang, par 2,5 ou 3 mètres sur le rang. « On peut serrer un peu plus sur le rang, mais cela demande davantage de technicité », commente l’ingénieur à Sudexpé.

Quant aux modes de conduite, le grenadier est naturellement buissonnant. Une conduite en monotronc, voire palissée, peut aussi s'envisager. Dans tous les cas, il faut veiller à maintenir un éclairement de l’intérieur des arbres par la taille pour éviter que la production soit limitée à la périphérie de la canopée.

La zeuzère, insecte fatal pour le grenadier

La zeuzère est le ravageur le plus important du grenadier qui occasionne les plus gros dégâts. Ce papillon pond au mois de juin sur les jeunes pousses, et la larve rentre à la base d'une feuille dans les jeunes tiges, puis descend le long du tronc et entre dans un bois plus gros en creusant une grosse galerie. Elle affaiblit ainsi les bois et peut entraîner de la casse lors de vents violents.

En matière de stratégie de lutte préventive, une surveillance du verger s'impose, surtout à partir de la deuxième quinzaine du mois de juin. « À cette période, il faut passer régulièrement dans le verger pour surveiller les jeunes pousses car, dès le premier stade de la larve, cela entraîne un assèchement. Et, à ce moment-là, si on coupe, on prélève la larve et les dégâts s'arrêtent-là », précise Xavier Crété. Ensuite, à partir de mi-juin jusqu'à fin juillet, on peut faire des applications de Bacillus thuringiensis, une dérogation pour l’utilisation du Delfin ayant encore été demandé pour cette année.

La technique curative consiste à faire passer un fil de fer dans la galerie pour tuer la larve.

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