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Quels sont les 3 facteurs de rentabilité d’une installation photovoltaïque sur toiture de bâtiment agricole existant ?

La rentabilité économique d’une centrale photovoltaïque dépend de plusieurs composantes à bien étudier avant d’investir, selon Sylvain Deseau, conseiller solaire à la chambre d’agriculture du Loiret.

Sylvain Deseau, conseiller à la chambre d'agriculture du Loiret.
« Au lieu de vendre l’intégralité de la production à EDF OA, il peut être opportun de pratiquer l’autoconsommation collective », conseille Sylvain Deseau, conseiller solaire à la Chambre d'agriculture du Loiret.
© Chambre d'agriculture du Loiret

Les récentes annonces concernant les tarifs d’achat d’électricité pour les installations sur toiture comprises entre 100 kWc et 500 kWc inciteront peut-être les agriculteurs à se rabattre sur des centrales photovoltaïques de 36 kWc à 100 kWc. Mais qu’en est-il de leur rentabilité ?

Les installations photovoltaïques ne sont pas à proprement parlé subventionnées mais bénéficient au moins de deux avantages : la prise en charge partielle des frais de raccordement et un tarif d’achat préférentiel.

Trois composantes majeures sont à étudier de près pour estimer la rentabilité économique d'une centrale photovoltaïque sur bâtiment agricole.

Lire aussi : « J’ai installé trois centrales photovoltaïques, en 2021, 2023 et 2025 sur deux bâtiments d’élevage existants »

1. Le coût du raccordement au réseau électrique : réserver au plus tôt sa place

Le tarif du raccordement au réseau public est très variable. Évidemment, cela dépend de la distance séparant les panneaux du réseau. Il faut compter environ 100 € du mètre linéaire. De surcroît, il dépend de la capacité du transformateur, financé à hauteur de 60 % par l’État. D’un voisin à l’autre, d’une date de raccordement à une autre, le tarif peut varier. 

« Si plusieurs de vos voisins se sont lancés dans le photovoltaïque avant vous, le transformateur n’est peut-être plus en capacité d’accueillir un nouveau producteur. Par conséquent, Enedis changera pour vous le transformateur, vous le fera payer et vous attendrez entre 6 et 9 mois », alerte Sylvain Deseau, conseiller solaire à la chambre d’agriculture du Loiret, sans parler de la pénurie actuelle de transformateurs. Le coût du raccordement peut donc varier de 3 000 à 20 000 € environ.

Lire aussi Photovoltaïque sur bâtiment agricole : nos 9 conseils pour bien investir

C’est ce qui est arrivé à Charles Iralour, agriculteur à Ainhice-Mongelos (64). Pour sa première installation, « comme j’étais le premier dans le secteur, il n’y avait pas de transformateur. Il m’en a donc coûté 14 000 € de raccordement ; deux ans plus tard, seulement 5 000 € », se souvient-il.

Pour anticiper le coût du raccordement, Sylvain Deseau signale deux possibilités : « Soit l’agriculteur demande un devis à Enedis avant de s’engager auprès de l’installateur, dite « demande anticipée de raccordement », payante (1 500 €). Soit, l’exploitant attend l’autorisation d’urbanisme et la convention avec l’installateur, pour connaître le prix du raccordement ; dans ce cas le devis est gratuit. »

Pour ne pas laisser passer des opportunités tarifaires et commerciales, Sylvain Deseau conseille de faire intégrer dans le contrat avec l’installateur des clauses suspensives. Il s’agit du droit de se rétracter à l’égard de l’installateur, en récupérant son acompte, dans des hypothèses bien définies : en l’espèce, en cas de refus du permis de construire, de non-obtention du tarif d’achat souhaité, de coût de raccordement supérieur à l’estimation de l’installateur, de refus de la banque s’octroyer l’emprunt.

 
<em class="placeholder">Bâtiment agricole avec toiture photovoltaïque</em>
La baisse annoncée du tarif pour les installations comprises de plus de 100 kWc questionne le rentabilité des moins de 100 KWc. © Nadia Savin

Lire aussi Photovoltaïque : Le modèle économique de l’Autoconsommation collective reste à confirmer pour les agriculteurs

2. Prix de vente de l’électricité produite : élargir à l’autoconsommation

La base de la rentabilité réside dans le tarif garanti, pendant 20 ans, par l’acheteur. Rappelons qu’EDF OA et les régies locales sont tenues d’appliquer les mêmes tarifs réglementés.

En vente totale, le dernier tarif connu était de 11,32 c€/kWh pour les installations comprenant entre 36 et 100 kWc. Compte tenu des incertitudes sur le prix de rachat de l’électricité, de l’installation de plus de 100 KWc, ce facteur devient primordial.

Lire aussi : Hangars photovoltaïques agricoles : le tarif d’achat de l’électricité passe à 95 €/MWh jusqu’en juin… et après ?

En plus de ce contrat, on peut aller chercher de la rentabilité supplémentaire avec l’autoconsommation individuelle et collective. En effet, si l’agriculteur paie son électricité plus chère que le tarif de vente prévu dans son contrat, il aura tout intérêt à consommer sa propre électricité.

Par ailleurs, « Au lieu de vendre l’intégralité de la production à EDF OA, il peut être opportun de pratiquer l’autoconsommation collective », affirme Sylvain Deseau. Autrement dit, l’agriculteur, producteur d’électricité, trouve des clients à proximité, à qui il vend le kWh plus cher que ce qui lui est proposé par son contrat d’achat EDF OA. Il en coûtera toutefois à l'agriculteur 3 c€/kWh de frais d’utilisation du réseau qu’Enedis lui facturera. Par exemple, un prix de vente aux particuliers à 15c€/kWh sera toujours plus attractif pour le producteur (par rapport aux 11,32 c€/KWh) et pour le consommateur par rapport au 20,16 c€, du tarif Bleu EDF de février 2025.

Lire aussi Autoconsommation collective photovoltaïque : Vendre son électricité photovoltaïque à ses voisins devient possible

3. Valeur d’achat de la centrale : ne pas surdimensionner

Après une longue période de baisse, les prix des panneaux ont commencé à augmenter. À ce jour une installation photovoltaïque agricole de 100 kWc correspond à un investissement de départ d’environ 70 000 €. Le travail de l’installateur permettra d’optimiser le coût de la centrale, en fonction de l' orientation du bâtiment (sud ou est ouest), particulièrement sur le choix de l' onduleur.

« À puissance équivalente, une centrale orientée de façon différente ne sera pas équipée de la même puissance d’onduleur. La compétence de l’installateur permettra d’optimiser le coût de la centrale », conclut-il.

Le surcoût sur bâtiment existant

Sur un bâtiment existant, il faut prévoir l’audit de la charpente (entre 1 000 et 4 000 €), éventuellement le surcoût du renforcement de la charpente en raison du poids de la centrale, éventuellement le désamiantage (entre 25 et 40 €/m 2 ), voir le remplacement de la toiture obsolète.

Les frais à prévoir

Annuellement, prévoir les charges d’assurance, de maintenance, de lavage, de localisation de compteur, de carte SIM de télésurveillance et le remplacement de l’onduleur, à peu près au bout de 15 ans.

Simulation de la rentabilité d’une installation photovoltaïque de 100 kWc sur bâtiment existant

 

Investissements

Panneaux – onduleurs : 70 000 €

Raccordement : 7 000 €

Frais de dossier : 500 €

Soit 77 500 € intégralement empruntés sur 15 ans à 4 %

Production

Tarif d’achat (janvier 2025) : 0,1132 €/kWh

Tarif d’achat réduit 0,04 €/kWh

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