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Communication agricole : Agricivis, une appli trait d’union entre ses parcelles et les riverains

Simple et rapide, l’appli gratuite Agricivis déployée en Saône-et-Loire permet d’informer les riverains d’interventions sur sa parcelle grâce à la géolocalisation.

Une fois ses parcelles enregistrées, l'appli Agricivis permet d'indiquer une intervention en cours dans un champ (traitement, récolte...), qui sera notifiée aux riverains situés à moins de 200 mètres disposant de l'application.
Une fois ses parcelles enregistrées, l'appli Agricivis permet d'indiquer une intervention en cours dans un champ (traitement, récolte...), qui sera notifiée aux riverains situés à moins de 200 mètres disposant de l'application.
© G. Omnès

Dilemme cornélien : faut-il jouer la transparence sur ses traitements phyto, extrêmement encadrés techniquement et réglementairement, ou vaut-il mieux faire profil bas ? En Saône-et-Loire, des agriculteurs ont fait le pari de la transparence, avec la nouvelle application Agricivis. Reposant sur la géolocalisation, cet outil gratuit permet d’indiquer très simplement les interventions en cours sur une parcelle. Les riverains ayant téléchargé l’application en sont informés par une notification.

Marc Sangoy, viticulteur élu à la chambre d’agriculture de Saône-et-Loire, est l’un des initiateurs de cet outil, lancé fin 2020. « Après des conflits de voisinage entre viticulteurs et riverains, nous avons organisé une dizaine de réunions d’information pour les désamorcer, raconte-t-il. Nous avons expliqué pourquoi et avec quoi nous traitions, et dans quelles conditions. Les gens sont repartis rassurés et beaucoup plus compréhensifs. » Cette expérience a convaincu Marc Sangoy que, face à ces interrogations légitimes, il était préférable de fournir aux gens une information fiable et officielle, plutôt que de les laisser se « renseigner » sur les réseaux sociaux, où l’objectivité n’est pas toujours de mise. L’idée d’Agricivis était née.

Un compte personnel et des parcelles enregistrées

Céline Robergeot-Cienki, viticultrice à Sologny, est devenue une adepte de l’application, déjà téléchargée sur le téléphone d’une centaine d’exploitants et de 700 riverains. « Quand je traite, je suis habillée comme une cosmonaute, et je comprends que cela inquiète les voisins, explique-t-elle. Avant, j'informais le voisinage par SMS, mais c’était long et compliqué. L’appli, elle, est très simple et rapide. On s’ouvre un compte où l’on peut enregistrer facilement ses parcelles. Ensuite, grâce à un système d’icônes, on choisit le type d’intervention que l’on s’apprête à effectuer. Lorsque c’est un traitement, j’ajoute la raison de celui-ci dans un champ de commentaire, par exemple qu’il s’agit de lutter contre l’oïdium ou le mildiou. Mais j’indique aussi lorsque je fais d’autres types de travaux, dans un souci de pédagogie. » C’est particulièrement utile lorsqu’il est nécessaire d’effectuer des interventions bruyantes de nuit, par exemple la récolte : prévenus à l’avance, les voisins n’en seront que plus compréhensifs.

Agricivis permet de toucher facilement un grand nombre de personnes, là où l’envoi de SMS n’est pas envisageable. « Lorsque l’on a une parcelle bordée par un HLM, il suffit de mettre une affiche dans le hall présentant l’appli », apprécie Marc Sangoy.

Côté grand public, l’utilisation est « passive » : les riverains peuvent uniquement recevoir les notifications poussées par les agriculteurs. On peut géolocaliser son domicile et/ou son téléphone, puis on reçoit les notifications concernant les parcelles dans un rayon de 200 mètres. La durée de la notification peut être définie sur une période allant jusqu’à trois jours : utile pour prendre en compte les délais de réentrée dans la parcelle.

« Décloisonner et casser les malentendus »

L’anonymat des agriculteurs est garanti. De même, « les informations postées par les agriculteurs ne sont pas récupérées, par exemple pour faire des études sur les pratiques d’épandage, assure Guillaume Paire, technicien en charge d’Agricivis à la chambre d’agriculture. Il y a également un filtre humain pour les inscriptions d’agriculteurs, pour s’assurer qu’il s’agit d’un vrai profil. L’objectif d’Agricivis est uniquement de décloisonner, de casser les malentendus sur lesquels se cristallisent les tensions. »

À ce jour très majoritairement utilisée par des viticulteurs, l’application a été conçue pour servir à tous les agriculteurs. Les interventions que l’on peut notifier vont du traitement à la récolte, en passant par les interventions manuelles, mécaniques, ou le soin aux animaux. Les promoteurs d’Agricivis veulent poursuivre le déploiement de cet outil, au sein de la profession agricole comme chez les particuliers. « Cela ne va pas tout régler, mais dans 95 % des cas cela se passe bien, affirme Marc Sangoy. C’est un atout pour le bien vivre ensemble. »

Des communications « privées » entre agriculteurs

L’application Agricivis ne sert pas uniquement à informer les riverains des interventions dans une parcelle. Elle permet également aux agriculteurs de communiquer entre eux, par exemple en cas de vol ou de dégâts climatiques. Dans ce cas, seuls les agriculteurs sont destinataires de la notification, dans un rayon de 100 kilomètres.

La géolocalisation, une solution pour les ZNT ?

 

 
Le système de géolocalisation utilisé par l'appli Agricivis pourrait apporter une solution réaliste pour informer les riverains, comme demandé par le Conseil d'Etat dans son dernier avis concernant les chartes départementales.
Le système de géolocalisation utilisé par l'appli Agricivis pourrait apporter une solution réaliste pour informer les riverains, comme demandé par le Conseil d'Etat dans son dernier avis concernant les chartes départementales. © G. Omnès
Agricivis a été élaborée en Saône-et-Loire pour répondre aux attentes qui ont émergé au moment de la mise en place des zones de non-traitement et des chartes départementales. L’outil pourrait prendre une nouvelle importance avec l’avis du Conseil d’État publié en juillet, qui préconise que les chartes prévoient « l’information des résidents et des personnes présentes à proximité des zones d’épandage en amont de l’utilisation des pesticides ». Le recours à la géolocalisation apparaît comme une piste prometteuse pour répondre à cette demande sans que cela tourne à l’usine à gaz pour les agriculteurs.

 

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