Gérer la lutte en monte naturelle en période hâtive au Gaec du Foin à Bournazel en Aveyron
Dans l’Aveyron, Béatrice et Jean-Philippe Marty élèvent des lacaunes lait en agriculture biologique. Afin de poursuivre l’amélioration génétique, ils ont défini une stratégie de reproduction en monte naturelle rigoureuse et une gestion stricte des brebis improductives ou inaptes.
Dans l’Aveyron, Béatrice et Jean-Philippe Marty élèvent des lacaunes lait en agriculture biologique. Afin de poursuivre l’amélioration génétique, ils ont défini une stratégie de reproduction en monte naturelle rigoureuse et une gestion stricte des brebis improductives ou inaptes.
Jean-Philippe et Béatrice Marty élèvent 326 brebis de race Lacaune en agriculture biologique dans l’Aveyron. Depuis le passage en bio en 2018, la reproduction du troupeau est assurée en monte naturelle, conformément au cahier des charges. La reproduction des brebis a lieu du 1er mai au 25 octobre. Un effet bélier est réalisé 14 jours avant la lutte avec des béliers qui sont placés dans des parcs en bout d’aire.
« En dehors de la période de reproduction, les béliers sont logés dans un bâtiment à part des femelles. Pendant la reproduction, les béliers sont présents avec les femelles uniquement la nuit, on trie les béliers tous les matins » explique Jean-Philippe.
De la rigueur pour la lutte naturelle des agnelles
Les agnelles sont luttées du 1er juillet au 25 octobre à l’âge de 9 mois pour une meilleure fertilité. « Pour les agnelles en monte naturelle, il faut de la rigueur ! », rappelle l’éleveur. Un effet bélier est aussi réalisé pour la lutte. Les béliers sont tondus et parés au mois de mars et ont accès à du foin de meilleure qualité avant la lutte. En plus du flushing, une cure de vitamines et minéraux et d’huile de foie de morue est réalisée pour les agnelles et les brebis neuf jours avant la lutte.
La lutte est suivie régulièrement par des échographies qui permettent d’identifier les brebis gestantes. Les brebis vides à la dernière échographie sont réformées. La date de mise bas est aussi un critère de réforme lors de la réalisation du plan de monte en fin de campagne.
Une gestion des réformes stricte
« Les brebis tardives, c’est-à-dire les dernières à avoir mis bas, ont plus de mal à se cycler avec le troupeau », rappelle Jean-Philippe. Le but est d’éviter les brebis tardives pour garder une durée de traite correcte, un tarissement facile et une période de repos des brebis suffisante pour ne pas dégrader leur état corporel en fin de gestation.
« Nous étions en contrôle laitier officiel (CLO) avant, le passage en bio a nécessité le changement de mode de reproduction. Mais nous avons gardé la même période car celle-ci nous convenait bien. La monte naturelle permet d’avoir un travail moins intense lors de la mise bas car les agnelages sont plus étalés. L’inconvénient c’est que nous perdons l’intérêt de l’insémination animale pour la génétique. Le niveau génétique du troupeau baisse un peu car la génétique à laquelle nous avons accès avec les béliers achetés à l’entreprise de sélection est moins récente que celle diffusée par l’insémination animale en CLO notamment », conclut l’éleveur.
Benoît Nougadère, Service élevage Confédération générale de Roquefort
Éleveurs sélectionneurs en lacaune lait en monte naturelle
« Depuis 2021, 13 élevages en agriculture biologique sont sélectionneurs en race Lacaune lait dans le cadre du CLO avec le Service élevage de la Confédération générale de Roquefort. Ces élevages s’investissent dans le programme de sélection de la race Lacaune lait avec les mêmes objectifs et le même protocole que les élevages conventionnels qui pratiquent l’insémination animale.
Une gestion dynamique du haras de béliers
Dans ces élevages, la lutte se déroule en monte naturelle de façon classique, exclusivement avec des béliers issus du Centre d’élevage et d’un niveau comparable à ceux entrant au centre d’insémination animale (CIA). Le choix de ces béliers est piloté par le responsable du schéma de sélection et les haras de béliers sont renouvelés au minimum d’un tiers chaque année.
Dans le cadre du schéma de sélection, il est nécessaire de connaître la généalogie des agnelles de l’année. Pour ce faire, un prélèvement de cartilage est réalisé au niveau de l’oreille et analysé en laboratoire afin de leur assigner une paternité. »