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Gaevol et Sanders proposent un plan d’action pour optimiser la capacité à refroidir des poulaillers

Gaevol et Sanders ont engagé une démarche de progrès pour améliorer l’homogénéité des vitesses d’air et l’efficacité de la brumisation. Elle fait suite à des diagnostics de ventilation.

Les vitesses d'air sont enregistrées par un anémomètre posé à 32 cm du sol, à hauteur d'un poulet en fin de lot.  © A. Puybasset
Les vitesses d'air sont enregistrées par un anémomètre posé à 32 cm du sol, à hauteur d'un poulet en fin de lot.
© A. Puybasset

Malgré un taux d’équipement en brume de 100 % et des investissements récents au sein de son parc de bâtiments dynamiques de poulets lourds, le groupement d’éleveurs du Gaevol n’a pas été épargné par les coups de chaleur de l’an dernier. Les pertes occasionnées ont mis à mal la caisse de péréquation coup de chaleur, sans parler de l’impact psychologique et du stress des éleveurs touchés. Pour améliorer la capacité des bâtiments à refroidir lors des coups de chaleur, Gaevol et Sanders ont élaboré un plan d’action. « L’objectif final est d’apporter à nos éleveurs des solutions concrètes et spécifiques à chacun de leurs poulaillers, de sorte qu’ils aient toutes les clés en mains pour optimiser les réglages de leurs bâtiments et réaliser si nécessaire les investissements d’équipements avant le mois de juin », explique Vincent Hillaireau, responsable technique de Sanders Bretagne. Ce plan d’action a été élaboré suite à la réalisation d’un diagnostic de ventilation dans 85 poulaillers bretons. « On a ciblé les bâtiments touchés par le coup de chaleur mais pas seulement (équipés d’une ventilation latérale ou longitudinale et tous concepts de ventilation confondus). » En partenariat avec les équipes Sanders, l’entreprise spécialisée dans les audits de ventilation Tell-Élevage a orienté son diagnostic sur la capacité d’un poulailler à gérer la chaleur : mesure de l’homogénéité des vitesses d’air lorsque le bâtiment est à 100 % de sa capacité de ventilation, et contrôles des capteurs, de la capacité à refroidir (brumisation) et des dispositifs d’alerte .

Une hétérogénéité des vitesses d’air

Ces diagnostics ont mis en évidence un certain nombre de points à améliorer, à commencer par des écarts de mesure de capteurs (hygrométrie, dépression, température).

« Un décalage de 1 à 3 °C avec les étalons a pu être constaté sur les sondes de température. Cela retarde d’autant l’augmentation des capacités de ventilation et le déclenchement de la brumisation. Une dépression erronée d’au moins 5 à 10 Pa impacte l’ouverture des trappes. » Le constat le plus surprenant vient des vitesses d’air. Elles ont été mesurées à 32 cm du sol, au niveau des volailles et non pas à hauteur d’homme comme habituellement et avec un anémomètre ayant une sensibilité élevée. Les mesures montrent une vitesse d’air moyenne insuffisante dans la majorité des bâtiments (moins de 0,8 m/s) et hétérogènes dans plus d’un cas sur deux. « L’uniformité des vitesses d’air est pourtant primordiale lors des coups de chaleur », souligne Vincent Hillaireau. Car les poulets ont tendance à se regrouper davantage dans les zones ayant de meilleures vitesses d’air. C’est paradoxalement dans ces endroits que le risque d’étouffement est plus élevé du fait d’une surdensité. »

Dans certains bâtiments, la vitesse d’air moyenne était bonne mais avec des zones à vitesse nulle. Ces diagnostics confirment qu’on ne peut pas uniquement se fier à la capacité d’extraction du bâtiment. Il faut tenir compte de paramètres tels que la pente du toit ou le positionnement des trappes, qui peuvent affecter les vitesses d’air plus ou moins localement.

Enfin le contrôle de la brumisation a parfois mis en évidence un débit d’eau insuffisant ou une mauvaise orientation du brouillard de gouttelettes.

Un plan de route à plusieurs niveaux

Avec près de 150 questions renseignées pour chaque audit sur une tablette numérique, l’ensemble de ces diagnostics représente une base de données conséquente pour Sanders. « Grâce à cet état des lieux, on dispose désormais d’une photographie très exhaustive des points à améliorer pour chaque type de bâtiment. » Parallèlement à ces audits, Sanders a sollicité des équipementiers en ventilation afin de réaliser des modélisations de vitesses d’air, en faisant varier certains paramètres tels que la hauteur de trappes, dans des configurations de ventilation latérales ou longitudinales. Cette double approche (diagnostic + modélisation) a abouti à la définition de préconisations. Un plan d’action va être proposé à chaque éleveur en fonction des spécificités de ses bâtiments. Il porte d’une part sur l’optimisation des réglages et l’entretien des équipements, d’autre part sur des préconisations d’investissements. Les techniciens étaient déjà équipés d’appareils de mesure de la température et de l’hygrométrie. Ils sont désormais munis d’un anémomètre et d’un appareil de mesure de la pression. Pour aider les éleveurs à engager cette démarche de progrès, en plus des conseils d’optimisation des réglages des bâtiments, Sanders a élaboré un tableau d’amortissement des différentes solutions d’investissement dans des équipements, en fonction du gain de vitesse d’air attendu : changement de trappes, ajout d’une turbine, déplacement d’une rampe de brumisation… « À terme, notre objectif est de croiser les données collectées avec les performances techniques des bâtiments », conclut Vincent. Ce plan de route a été présenté aux éleveurs, particulièrement sensibilisés à la problématique du coup de chaleur, lors d’une quinzaine de réunions de secteurs organisées en début d’année.

Avis d’éleveur - Pierre Le Guyader, éleveur à Le Saint (Morbihan)

« On a l’esprit plus tranquille avec un bâtiment bien équipé »

« L’un de mes deux poulaillers a subi des pertes élevées suite au coup de chaleur du 27 juin 2019. Tous les facteurs de risque étaient réunis : les femelles devaient partir le lendemain matin, l’hygrométrie était élevée et la température extérieure n’est pas descendue en dessous de 35 à 36 °C, même la nuit. À deux heures du matin, j’avais beau ventiler, c’était de l’air chaud qui rentrait. Le plus dur à accepter, c’est que je ne pouvais rien faire de plus. Dans mon bâtiment neuf de trois ans, situé à 50 m en contrebas, il n’y a eu aucune perte. Les performances ont été bonnes, pourtant les conditions climatiques et de chargement étaient les mêmes. J’ai pris conscience cet été que ces épisodes de conditions climatiques extrêmes pourraient se réitérer et que je devais mieux m’y préparer. Avec des bâtiments bien équipés pour gérer des coups de chaleur, on a beaucoup plus de tranquillité d’esprit. J’avais déjà le projet de rénover en 2020 le bâtiment touché. Cet épisode caniculaire m’y encourage encore plus. L’isolation va être refaite pour gagner en étanchéité l’hiver mais aussi l’été (pour garder la fraîcheur à l’intérieur). Équipé d’une extraction haute, il va passer en ventilation latérale (bâtiment de 16 m). J’ai prévu d’augmenter le nombre de trappes, la capacité d’extraction et de modifier la brumisation (nombre et débit des buses). Même dans mon bâtiment neuf, il y a probablement des choses perfectibles pour mieux passer les périodes de chaleur. Le diagnostic de ventilation coup de chaud va me permettre d’affiner les réglages pour avoir des vitesses d’air encore plus homogènes. »

 

Lire aussi : 

Un diagnostic ventilation axé sur le coup de chaleur en volaille de chair

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