Yuna Chiffoleau : « Les circuits courts ne sont pas seulement un système de distribution à la mode »

En 2009, le ministère de l’Agriculture a lancé un plan d’action pour soutenir le développement des circuits courts. Yuna Chiffoleau, chercheur à l’Inra de Montpellier, est en charge de ce projet qui pourrait inclure une charte devant mieux identifier les circuits courts et leurs objectifs. « Les circuits courts ne sont pas seulement un système de distribution à la mode visant à satisfaire les consommateurs. C’est un moyen de rendre lisible la production locale et le partage des marges entre producteurs et distributeur de façon à permettre à chacun de soutenir la profession agricole et l’économie de son territoire », explique Yuna Chiffoleau qui est également chef de file du groupe “Agriculture et alimentation” au sein du Réseau Rural Français (1)
Une enquête menée dans le cadre du projet Coxinel (2) nous permet de connaître un peu mieux les adeptes de cette nouvelle forme de commerce. 70 % des consommateurs interrogés vont au moins une fois par mois dans des lieux associés aux circuits courts (3) pour acheter des fruits et légumes, 14 % d’entre eux s’approvisionnent directement auprès des producteurs. Seulement 9 % des personnes interrogées ne fréquentent jamais les marchés, les halles ou les producteurs. La moitié des enquêtés disent savoir s’il y a un lien ou non entre le point de vente et le producteur de fruits et légumes quand 10 à 30 % pensent que cela n’a pas d’importance et 10 à 20 % qui ne le connaissent pas souhaitent le savoir. De nombreux points positifs sont associés aux circuits courts comme la fraîcheur, la qualité, l’éthique ou encore l’environnement. Plus de 70 % des couples avec enfants se déclarent intéressés par ce mode de commercialisation. Ces derniers sont très attirés par le marché de producteur et particulièrement les femmes. Le frein principal au développement des circuits courts reste le manque d’information surtout pour les citadins et une logistique adaptée.
(1) L’objectif de ce groupe est de capitaliser les diverses contributions des circuits courts alimentaires au développement rural (www.reseaurural.fr).
(2) Le projet Coxinel travaille sur les circuits courts de commercialisation en Languedoc-Roussillon. Des enquêtes ont été réalisées en 2009 dans la région de Montpellier auprès de plus de 200 consommateurs
(3) Un circuit court correspond à 0 ou 1 intermédiaire entre producteur et consommateur.