Xavier Mas, président de l’AOPn Fraise : "l’objectif est de disposer d’une palette de solutions"
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L’AOPn Fraise vient de tenir son assemblée générale. Quel est le bilan de la campagne écoulée ?
Pour la production de fraise de printemps, la campagne 2017 présente un bilan mitigé. Nous avons connu un début de campagne compliqué avec des conditions climatiques inattendues pour la période. Il a été donc difficile d’anticiper ce démarrage de saison caractérisé par sa précocité et des volumes importants. Nous avons connu une nette amélioration sur les mois de mai et juin, avec des cours moyens qui sont restés sous le niveau de 2016. (La remontée de Gariguette n’a pu être exploitée au mois de juin car de trop fortes températures en Sud-est et Sud-ouest).
Pour la production de remontante, qui s’est achevée dernièrement, le bilan est plus médiocre avec le problème de Drosophila suzukii. La présence de cette mouche et les dégâts qu’elle occasionne deviennent récurrents. Le marché de la fraise d’été est également plus délicat. Les volumes disponibles sont plus fluctuants et surtout la fraise voit son linéaire se réduire au profit d’autres fruits d’été directement concurrents. -
Un premier projet Dephy Fraise se termine. Un second est cours. Quelle importance représente la réduction de l’utilisation des produits phytosanitaires pour la fraise ?
La diminution de l’usage des produits phytosanitaires passe par le développement de la PBI, production biologique intégrée. Il s’agit d’un axe majeur qui représente un avenir technique pour les professionnels mais nous devons rester pragmatiques. Si la PBI doit être mise en œuvre prioritairement, dans des outils de production hétérogènes, il faut aussi conserver le recours à l’intervention chimique. L’objectif est de disposer d’une palette de solutions pour sécuriser la production et maintenir la rentabilité des cultures. Aussi, la reconduction du Dephy Fraise est primordiale car nous avons besoin faire progresser le niveau de recherche et développement. Le problème de Drosophila suzukii est symptomatique de ce qui peut arriver avec l’émergence ou la réémergence d’un parasite dont la maîtrise demande de nouveaux moyens de protection, souvent avec des coûts supérieurs.
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De quelle manière l’AOPn Fraise s’implique dans la voie de la protection biologique intégrée ?
L’association est impliquée dans le projet Dephy Fraise et co-finance des travaux d’expérimentation mis en place dans les stations d’expérimentation avec des thématiques concernant principalement la PBI. Les pucerons, qui représentent une des difficultés à surmonter dans le cadre de la PBI, font actuellement l’objet d’un travail de thèse de la part d'Estelle Postic, basée à l’Inra de Rennes. Ces travaux portent notamment sur la connaissance des espèces de pucerons inféodées au fraisier et des auxiliaires spécifiques à chacune, disponibles pour mettre en place une lutte biologique. Les premiers résultats des échantillonnages réalisés en 2017 ont été présentés lors de notre assemblée générale.