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Brésil
Voyage pédagogique au cœur des fruits

A l’Ouest de São Paulo, à plus d’une centaine de kilomètres de la capitale, l’agritourisme s’est mis au service des écoles pour mieux faire connaître toute la diversité des cultures fruitières régionales.

Il y a douze ans, trois mille producteurs répartis dans dix communes alentours se sont lancé un défi : promouvoir intelligemment la production et la consommation de fruits et légumes. Aitabaia, Inadaiatuba, Itatiba, Itupeva… Des noms à faire rêver qui prennent tout leur sens lorsque l’on décide de s’immerger dans la diversité fruitière de la région de São Paulo, où la terre est si rouge. Dans cet espace encore préservé, ces milliers de producteurs ont fait le pari en ouvrant grand leurs vergers, leurs infrastructures et en prenant le temps d’expliquer leur métier de donner enfin des clés plus que concrètes aux potentiels acheteurs du monde entier comme aux écoles avoisinantes. Prunes, raisins, fraises, vergers de pêches, de kakis, bananiers, pommes et même caramboles font partie de ce circuit “touristique” des fruits. Touristique certes tout en n’oubliant pas le volet commercial et la part à l’export possible. En effet, les productions de ces 3 000 exploitants totalisent 43 % des volumes de fruits de la région.
Près de la commune de Jarinu (cf. la carte), les fraises, prunes et pêches dominent dans les champs. Antonio Roberto Losqui, le président de l’Association Circuitos das Frutas, prend la peine de nous présenter quelques productions : « La fraise (voir ci-dessous) c’est une production sur trois périodes (mai, juillet-mi-août et septembre) avec une période prédominante celle de juillet. Dans la région, c’est uniquement de la fraise de plein champ de variété Oso Grande (provenance américaine) et destinée à l’industrie. C’est une variété très intéressante car elle produit en moyenne 1,5 kg de fruits par plant sur l’année entière. » En revanche, les fraises sont de calibre plus que gigantesque, dépassant la taille de celles que l’Europe à l’habitude de consommer. Plus loin se dévoile un verger de pêchers. Et même si c’est la fin de l’hiver, Antonio Roberto Losqui prend le temps de faire déguster les fruits déjà mûrs et pose fièrement devant les arbres entrelacés comme une voûte ombragée. En contrebas, la station de conditionnement est au repos mais d’ici quelques semaines elle tournera à plein régime pour approvisionner en majorité le marché national. Plus loin, ce seront les figues (cf. "La figue brésilienne...") où Onivaldo Belone nous avait présenté la culture de la figue Roxo par le menu jusqu’aux volumes exportés. A Louveira on découvre la vigne, exploitée à l’identique du Chili mais sur de petites surfaces. Ici, le caractère rural a été préservé. A la ferme Chacara Alvorada de la famille Daroz, un petit hectare de raisin avoisine une rangée d’arbre à pitayas, plus loin ce sont quelques rangées de plaqueminiers, quelques goyaviers… Bref tout est à l’avenant à découvrir, à savourer d’autant que sur place, la maîtresse des lieux concocte un menu gargantuesque gorgé de fruits et de confitures artisanales dignes de ce nom.

Une aventure de plus de dix ans
Ce projet d’agritourisme – voulu par les producteurs et mis en musique avec le soutien du ministère du Tourisme rural – prend tout son sens lorsqu’est abordé le volet pédagogique, culturel et historique. « Cette aventure qui dure depuis plus de dix ans, c’est l’un des meilleurs moyens de faire découvrir toute la richesse de notre région, claironne Antonio Roberto Losqui. Comme chez vous, ici les enfants des villes ne savent plus comment poussent les fruits et légumes. Revenir à la terre, rencontrer les agriculteurs et déguster plus que de coutume les fruits, c’est un bon moyen de les faire revenir à des valeurs saines tant d’un point de vue alimentaire que culturel. » En parallèle, Circuito das Frutas organise des formations plus spécifiques comme la production de fruits au Brésil et les réformes agraires, le lien existant entre ruralité et culture de terroir ou encore la production de fruits et l’environnement… Bref le choix est large tout comme la diversité des cultures et le public visé. Il ne manque plus que l’aide de l’Etat pour voir ce circuit agritouristique progresser à vitesse grand V. 
Sur l’exploitation d’Antonio Roberto Losqui les arbres fruitiers foisonnent et plusieurs dizaines de nouvelles variétés sont testées chaque saison à l’image de l’orange De Cupon qui promet de très bons rendements nécessaires à l’export, plus loin, c’est une nouvelle variété de pomme Ever, qu’il teste depuis deux ans.
Les établissements régionaux ont déjà presque tous organisé des sorties scolaires durant ces dernières années. Il faut dire que le prix n’est pas si prohibitif (35 réals par personne-un peu moins de 13 €), car il comprend le transport dans chacune des communes, les visites des exploitations, la dégustation de tous les fruits et le repas de la mi-journée. Après, il s’agit d’une opération régionale, même si Antonio Roberto Losqui nous fait part de projets en cours dans d’autres régions productrices de fruits. Reste le délicat dossier du financement et des subventions nécessaires pour pouvoir promouvoir un tel dispositif. Et comme chacun le sait, le Brésil, comme l’Espagne, est formé de régions presque indépendantes l’une de l’autre ce qui ne facilite pas les initiatives nationales. Pour autant, l’Institut du fruit brésilien (Ibraf) a décidé de se pencher sur le dossier de la promotion auprès du grand public. Une grande opération intitulée “Fruta Paulista, Saborosa Brincadeira” s’est déroulée en juin dernier. Destinée majoritairement aux enfants, l’opération était concentrée sur la ville de São Paulo. « Nous avions ciblé une vingtaine de magasins durant dix jours dans le courant du mois d’avril, explique Luciana Paceco, en charge de la communication à l’Ibraf. Et nous allons d’ailleurs renouveler l’opération en octobre-novembre. C’est un projet pilote mais nous avons déjà prévu d’étendre les actions dans d’autres régions. Pour cela il nous faut le soutien du gouvernement. »

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