Vingt ministres au tapis
Plus que le score en voix, plus que l’écart des suffrages entre l’opposition et la majorité : le nombre de ministres battus (20 perdants sur 20 candidats dont 8 têtes de liste) donne la mesure de la claque électorale de ce week-end. La moitié du gouvernement se retrouve au tapis. Marie-Luce Penchard (Outre-Mer) a été éliminée dès le 1er tour. Bruno le Maire, ministre de l’Agriculture depuis moins d’un an, a consacré une part importante de son précieux temps de ministre d’un secteur en crise à une campagne électorale pour faire un très modeste 30 % en Haute-Normandie. Son collègue du Commerce, Hervé Novelli, ne fait guère mieux (36 %) en région Centre, une région donnée gagnable il y a encore trois semaines. Avoir mis autant de ministres en première ligne pour une élection dont l’enjeu aurait dû rester local, et qui n’a jamais passionné les électeurs, est une lourde responsabilité que partagent le Président et le Premier ministre. Désormais, il faut remanier, une fois de plus, alors que ce gouvernement n’est en fonction que depuis juin. Mais remanier pour quelle politique ? L’UMP réclame, à titre de symbole, la suppression de la taxe carbone. Moment emblématique de la première moitié du quinquennat, il est clair que le Grenelle de l’Environnement a coûté plus de voix qu’il n’en a rapporté.
Pas étonnant que la majorité ait envie de tourner la page écolo. D’autant que les Verts sont les grands vainqueurs de ce scrutin. Ils gagnent 104 élus par rapport à 2004, alors que le PS ne progresse que de 40 sièges (et l’UMP, 39). Et les nouveaux élus ne sont pas du genre écolo mou. Un seul exemple : François Veillerette, président du MDRGF, est désormais conseiller régional de Picardie ! C’est dire si le parti écologiste a chèrement monnayé son ralliement. Et ce n’est pas fini. Ils vont demander des vice-présidences et des présidences de commissions stratégiques (transport, agriculture…). Ce n’est pas étonnant que la seule région où il n’y a pas eu d’accord entre le PS et les Verts soit la Bretagne, première région agricole, et région où les agriculteurs sont le plus souvent mis en accusation. Le président socialiste, pas fou, savait ce qu’il faisait en ne négociant pas avec Europe Ecologie. La France des Régions est à dominante très verte. Cela va rapidement se voir dans les politiques qui vont être mises en place.