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Manutention
Vers une palette bois plus chère en 2014

Alors que le prix du bois est appelé à augmenter en 2014, la gestion des flux de palettes apparaît comme une manière de compenser les coûts.

Elément incontournable de toute logistique, la palette bois est aujourd'hui au cœur de nombreuses réflexions. En termes de ventes, l'année 2012 a été marquée par une baisse assez soulignée : 71 millions de palettes neuves ont été vendues, soit un recul de 26 % par rapport à 2011. Si la crise économique a impacté fortement le secteur, elle n'est pas la seule responsable du recul des palettes neuves. Celui-ci est est renforcé par l'attitude des utilisateurs qui ne se contentent plus d'un simple achat mais recherchent aujourd'hui des solutions optimisées. Pour le Sypal, le but de ces derniers est de rationaliser leur nombre de références et par la même occasion leurs stocks, et d'organiser la gestion de leurs flux au profit notamment de systèmes de relocalisation, de compensations de créances, de créations de parc de palettes en propre ou encore de systèmes locatifs. De plus, la vision franco-française n'a plus mise chez eux : le raisonnement est au minimum au niveau européen. Et pourtant, paradoxalement, le marché est toujours très hexagonal : seulement 7 % des palettes fabriquées ont été vendues à l'export et 3 % des palettes commercialisées en France ont été importées. La grande majorité des palettes bois a été vendue dans un rayon inférieur à 100 km. D'ailleurs, les chiffres sur la production annuelle des seules palettes EUR/EPAL, palettes normalisées échangeables, confortent ces changements.

En 2007, la production nationale de palettes EUR/ EPAL avait atteint 2,8 millions alors qu'en 2012 celle-ci avait chuté à 1,8 million, soit - 36 %. Une part de cette baisse est directement imputable aux charges qui pèsent sur les entreprises françaises et qui ont favorisé l'importation de palettes, parfois même en provenance de pays de l'Est.

Pour sa part, l'activité de reconditionnement et de réparation a généré 363 millions d'euros en 2011, soit 45 % du marché global. Plus de 100 millions de palettes ont ainsi été récupérées, dont 68 % sont de formats standards 800 x 1 200 (49 %) et 1 000 x 1 200 (19 %). 90 millions ont été remis en circulation, après classifications et réparations. Le chiffre d'affaires généré par les services proposés par l'ensemble de la profession a, quant à lui, représenté 207 millions d'euros.

Des prix en augmentation en 2014

A cette situation vient s'ajouter la perspective d'une revalorisation du prix de la palette bois pour 2014. Jean-Louis Louvel, président du Sypal, en explique les raisons : « Certains éléments conjugués font penser que le prix du bois sera orienté à la hausse l'année prochaine et ce peu importe le niveau d'activité économique. L'effet post-tempête Klaus s'estompe avec des stocks de billons dédiés à l'emballage désormais quasiment vides. Les fabricants de palettes, dont 70 à 75 % du coût est représenté par le bois, doivent aussi faire face à un problème d'accès à la ressource. D'une part, on assiste à un certain mouvement de rétention de la part des propriétaires forestiers, fortement éprouvés dans les dernières années, en recherche d'une meilleure valorisation. Le développement du bois comme source d'énergie entraîne une raréfaction de la ressource : l'achat de bois destiné à l'emballage par les opérateurs de la filière bois énergie, à la recherche de nouvelles ressources, tarie des sources d'approvisionnement. Ajoutons pour finir sur ce point, des exportations toujours en très grande progression principalement sur l'Inde et la Chine, dont on sait pourtant pour ce pays, qu'il mène une politique de plantation forte depuis plusieurs années. »

Les fruits et légumes, un monde particulier

La filière fruits et légumes tient une place à part chez les fabricants et les loueurs de palettes bois. La prédominance de la palette “perdue” tient certainement à la fois d'une réalité économique et d'un état d'esprit. Cependant, la situation est en train d'évoluer.

Le loueur de palette LPR (groupe EPS) en sait quelque chose, pour avoir quitté cette filière en 2004. « Nous sommes revenus il y a dix-huit mois, c'est parce que les enjeux ont changé, se rappelle Hervé Fourcade, directeur commercial. L'importance donnée à la logistique a fortement augmenté. Aujourd'hui, on peut considérer que 99 % des palettes locatives vont vers la grande distribution. »

Que ce type de palettes soit prédominant est explicable pour des raisons économiques : « Lorsque l'on considère la valeur ajoutée globale de la filière fruits et légumes, on peut comprendre que le choix de l'entreprise ou du producteur se porte sur la palette reconditionnée en uni-rotation, c'est-à-dire à usage limité et que l'on appelle encore, de façon impropre d'ailleurs, la palette perdue, souligne Jean-Louis Louvel. Il existe trois moyens pour une entreprise : la location, l'achat en neuf ou celui de palettes reconditionnées. Le premier point est connu, c'est le monde des pools de location : en termes de flux, c'est le client qui doit s'adapter aux process et aux formats de palettes proposés (quatre en moyenne) et non l'inverse. En revanche, pour le matériel neuf, il existe une forte variété de produits qui peut conduire à la création d'un parc palette propre à l'entreprise mais pour un investissement conséquent. »

Une solution serait que la filière fruits et légumes trouve ses propres standards et puisse créer une palette spécifique dont la conception intégrerait tous les paramètres : type de produit, problématique des troubles musculo-squelettiques, résistance... Cette palette, standardisée, pourrait tout à fait être produite par les fabricants qui disposent de capacités de production en grande série dans des sites géographiquement placés sur tout le territoire. Les entreprises du Sypal pourraient tout à fait y subvenir.

Optimiser la gestion des flux

Les recommandations de la Caisse nationale d'assurance maladie (CNAM) visant à diminuer les risques dus aux manutentions manuelles de produits ou colis palettisés au-delà de 1,80 m (R 461) datent de la fin 2011. En deux ans, elles ont été très largement mises en application même si le texte s'applique aux hypermarchés et supermarchés et pas aux plates-formes logistiques. Cela se traduit pour les opérateurs par un renchérissement de leur poste palettes dans la mesure où il faut employer deux palettes pour former un envoi “traditionnel” de 2,20 m. Pour Hervé Fourcade, l'impact est clair : « Aujourd'hui, alors que les signes de l'augmentation du prix de la palette sont de plus en plus forts, c'est la gestion des flux et son optimisation qui pourront faire la différence. Or, avec les nouvelles recommandations de la CNAM concernant la double palettisation, le taux de remplissage des camions devient un enjeu de taille. Dans le domaine de l'épicerie, c'est déjà connu depuis longtemps mais cela va être une évolution importante pour les fruits et légumes. L'offre en palette pour la filière fruits et légumes est plus axée que pour d'autres secteurs. Ainsi, LPR ne propose que les trois références les plus utilisées par la profession avec la possibilité de les livrer en camion panaché, ce qui représente l'avantage de ne pas surcharger les stocks. »

Pour Jean-Louis Louvel, l'optimisation de la gestion des flux de palettes est tout aussi primordiale : « Plus celle-ci est efficace, plus le coût facial d'une palette diminue. Il y a peut-être à trouver ici aussi un nouveau standard pour la profession. On pourrait ainsi imaginer un système de relocalisation de palettes pertinent qui, de plus, limiterait l'impact au transport, tant sur l'aspect économique qu'environnemental, d'autant plus si cette palette peut être utilisée par toute une filière. Pour le secteur fruits et légumes, il faut néanmoins trouver un système équilibré. Ne pourrait-on pas penser à intéresser financièrement le destinataire final du client utilisateur en définissant une rétribution pour la mise à part des palettes après livraison ? Ce genre de motivation, d'“incentive” comme cela se rencontre en entreprises, pourrait, à terme, aider à améliorer le taux de retour. Ce ne sont que quelques propositions mais il est aujourd'hui indispensable pour les fabricants de palettes et les prestataires de service – qui sont liés – de participer à la réflexion sur l'avenir de l'usage de la palette. »

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