Vers un risque de saturation du marché?
La grenade demeure un fruit attractif pour les importateurs français. Mais, face à une production explosive, on commence à voir les limites du marché.
Deux pays se sont imposés à l'import des grenades en France : Israël qui commercialise des variétés précoces en hiver jusqu'à mars et le Pérou par la suite. La particularité de la production israélienne (55 000 t en 2015) est qu'elle est destinée à 60 % au marché intérieur. L'export représente 40 % des volumes, soit sur 2014-2015, 23 500 t et environ 25 000 t sur 2015-2016 (+ 10 %). « La France absorbe 800 des 5 000 t exportées par la société, un chiffre en progression constante, explique Ely Keslassy, directeur de Galilée Export France. Nous devons faire face à la concurrence avec l'origine turque et marocaine de plus en plus présente. Sans oublier l'Espagne qui pousse son produit jusqu'à la fin décembre. » Le Pérou est une origine dont Commercial Fruits s'est fait le spécialiste. « La dynamique est forte et même surprenante, concède Gabriel Burunat, son PDG. En 2014, nous avons importé 42 conteneurs (4 560 colis de 3,8 kg) de cette origine et cette année, nous tablons sur 120 conteneurs. Si on ajoute nos autres flux (Californie, Chili, Turquie, Israël), nous devrions atteindre 180 conteneurs, soit environ 3 120 t. » Commercial Fruits continue de diversifier son portefeuille. « Nous avons commencé la grenade de Grèce, explique Gabriel Burunat, ce n'est qu'un test – juste trois camions – cette année mais l'origine pourrait être plus présente en 2017. »
Nutrition, atout commercialPour les importateurs, les aspects nutritionnels entrent naturellement dans leur argumentation de vente. « Clairement, les aspects nutritionnels de la grenade portent la forte consommation », confirme Gabriel Burunat. C'est d'ailleurs autour de ces thèmes que Commercial Fruits a investi en campagnes publicitaires et en animations dans les magasins, en GMS ou dans le commerce traditionnel. L'entreprise a été d'ailleurs à l'origine d'une offre promotionnelle inédite : trois grenades en flowpack accompagnées d'un “dégraineur” (cf. fld hebdo du 10 juillet 2013). Le son de cloche est similaire pour Ely Keslassy : « L'aspect nutritionnel, surtout la richesse en antioxydants, est un aspect notable dans la réussite de ce fruit sur le marché français. L'important est de faire passer dès le départ le message auprès de l'acheteur, l'information se diffuse et c'est une sorte de réaction en chaîne jusqu'aux linéaires. »
Vers la saturation ?La bonne tenue du marché de la grenade n'empêche pas les opérateurs de s'interroger sur l'avenir de celui-ci d'ici deux à trois ans. « L'augmentation attendue de la production va-t-elle aller de pair avec une augmentation de la consommation ?, s'interroge Gabriel Burunat. On a assisté à un doublement des ventes en 2015, ce qui était déjà surprenant et 2016 semble adopter le même rythme. De gros investissements sont en cours au Pérou : un producteur a planté un verger de 450 ha d'un seul tenant ! La question est de savoir si les vendeurs pourront suivre. » Le risque d'engorgement du marché européen (1 100 conteneurs avec la Russie) est bien là. A moins que les pourparlers entre le Pérou et les Etats-Unis n'aboutissent à l'ouverture du marché américain et n'offrent un nouveau débouché au produit péruvien. L'explosion de la production n'est pas de mise sur Israël qui dispose de 2 500 ha de vergers, dont 200 nouveaux. Mais, le questionnement est le même du côté de Galilée Export. « Aujourd'hui, il est nécessaire de trouver une nouvelle valorisation pour le produit », souligne Ely Keslassy.