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AILLEURS
Une ferme québécoise très prisée

A la ferme coopérative Tourne-Sol au Québec, les salariés s’y pressent et y restent. La volonté des cinq associés à voir en chacun d’eux un futur maraîcher ou associé est pour beaucoup dans cet engouement.

En début de saison, une journée de formation sur l’organisation de rotations de légumes est organisée pour les salariés.

C’est l’heure du lunch ! Attablés sur une grande table en bois dans l’entrepôt qui sert aussi de salle de réunion, Julien, Cécile, Marie-Claude, Kevin et Sophie dégustent leurs plats confectionnés à partir des légumes de la ferme. Ambiance joyeuse chez ces salariés agricoles malgré le ciel gris plombant. La convivialité et la communication sont les raisons pour lesquelles ces jeunes québécois reviennent ici plusieurs années d’affilée. Ici, c’est la ferme coopérative Tourne-Sol, à quelques encablures de Montréal, au Québec. Créée en 2005 par cinq jeunes sortants d’études en agriculture, cette ferme de maraîchage diversifié s’inscrit dans le mouvement grandissant quebécois de l’agriculture biologique ou écologique de proximité (cf. encadré). « Notre objectif au moment de la création de la coopérative, c’était d’employer des gens tout en les formant pour qu’ils puissent s’installer après, témoigne Frédéric Thériault, un des cinq sociétaires de la ferme. Les stagiaires touchent à tout pendant leur expérience ici : plantation, récolte, vente et conduite de tracteur ». Cette volonté se traduit aussi par les mots. Ici, les salariés sont appelés « stagiaires » tout en étant payés un peu plus que le Smic.

Une petite dizaine de salariés installés en maraîchage

Et les candidats abondent. « Nous montons nos équipes fin janvier. Les salariés sont choisis parmi les candidats, après avoir passé des entretiens à l’automne », témoigne, posé, le jeune maraîcher. Hormis l’aspect technique, les cinq associés apportent des formations économiques et administratives à leurs salariés. « Nous organisons en début de saison une journée de formation sur l’organisation de rotations de légumes, explique cet agriculteur qui enseigne ponctuellement à l’Université Mac Gill de Montréal. Plus tard, nous abordons aussi la thématique du démarrage d’une entreprise lors d’une demi-journée de formation ». Sur les 26 salariés employés depuis la création de la coopérative, huit à neuf d’entre eux ont déjà démarré leur ferme. Et quatre reviennent à la ferme Tourne-Sol tous les ans.

Parmi l’équipe actuelle, Kevin a un projet d’installation. « J’espère pouvoir m’installer sur un à deux hectares. Mais pour le moment, j’ai besoin d’apprendre, témoigne ce Québécois d’une vingtaine d’années. Je suis venu ici après avoir entendu Daniel, un des autres sociétaires de la ferme, en conférence. J’ai pu constater que la ferme était rentable. Et le système d’organisation est ingénieux ». Si certains connaissaient déjà l’agriculture, d’autres la découvrent ici. C’est le cas de Sophie. Après une première année d’expérience sur la ferme, elle découvre la seconde année leur activité de production de semences. « Ça a été un gros coup de coeur et c’est pourquoi j’ai décidé de rester, glisse cette discrète jeune femme. Si la coopérative s’ouvre, je pense entrer comme coopérante ».

Un barbecue familial tous les mois

Les cinq associés de la ferme Tourne-Sol ont en effet changé d’objectif. « Maintenant, nous souhaitons conserver les salariés sur la ferme, voire qu’ils entrent comme coopérants », annonce Fréderic Thériault. Même s’ils sont cinq managers, la gestion de toutes les activités de la ferme reste lourde. Et ils souhaitent augmenter leurs activités. « Nous visons une production de 500 paniers par semaine, avance le producteur. Cette augmentation de volumes nous permettrait d’augmenter nos propres revenus ». Pour atteindre cet objectif, ils misent sur l’optimisation de leurs 6,7 hectares. Pour un meilleur confort de travail, certains bâtiments sont à rénover. « Pour réaliser ces objectifs sans augmenter notre charge de travail, nous devons déléguer certaines tâches, analyse le pragmatique trentenaire. C’est pourquoi nous voulons faire monter en responsabilité certains des employés réguliers. Comme sur la gestion d’équipes par exemple ». Pour donner l’envie de rester, les membres de la ferme Tourne-Sol misent sur l’ambiance de travail. « Nous sommes vigilants à ne pas demander trop à chacun et à rester flexible sur les horaires. Il est primordial de garder du plaisir au travail ». Pour resserrer les liens, ils organisent un barbecue familial tous les mois. La discussion est au coeur des relations. « On nous demande notre avis sur l’organisation, les cultures, témoigne Julien. Ils s’intéressent à ce qu’on aime faire pour pouvoir nous monter en responsabilité sur le domaine qui intéresse chacun. C’est différent d’autres entreprises où il n’y a pas de considération pour les salariés ».

Maraîchers mais pas que…

L’activité principale de la ferme Tourne-sol est la production de légumes et de fleurs en agriculture biologique. La ferme vend 375 paniers par semaine, composés de 10 à 12 légumes différents. Ce qui nourrit 520 familles. Cette vente se fait dans le cadre du réseau des fermiers de famille d’équiterre. Chaque panier coûte 30 $ canadiens, soit 21 €. Et les ventes sont complétées par un marché public par semaine. Cette activité dégage 280 000 €/an. L’autre activité est la production de semences bio. « Ce marché a beaucoup de potentiel. Jardiniers, petits producteurs et plus gros producteurs sont en recherche de semences biologiques, explique Frédéric Thériault. Nous produisons 250 variétés à pollinisation libre ». Avec cette activité grandissante, qui rapporte aujourd’hui 42 000 €/an, les cinq associés espèrent pouvoir créer un temps plein.

EN CHIFFRES

Production de fruits et légumes bio au Québec

350 fermes sur 4 300 ha, soit plus de 8 % des surfaces bio.

Maraîchage : 250 fermes, soit 779 ha. Dont 173 fermes soit 395 ha en maraîchage diversifié.

Production de fruits : 200 fermes sur 3 552 ha. Surtout en fruits rouges : 52 exploitations en framboises, 38 en fraises et 30 en bleuet (fruit apparenté à la myrtille) La production de bleuet occupe à elle seule 2 755 ha. En arboriculture, 35 exploitations produisent des pommes sur 60 ha.

Des maraîchers inter-connectés

La ferme Tourne-Sol est loin d’être la seule entreprise à avoir choisi un mode d’agriculture biologique et une vente de proximité. Et les échanges sont nombreux entre les différentes entreprises. Cent cinquante des fermes québécoises de proximité se sont regroupées dans la Coopérative la Capé : la coopérative pour l’agriculture de proximité écologique. « La Capé vise à regrouper tous les agriculteurs et agricultrices qui font de l’agriculture de proximité écologique afin de leur donner une voix auprès des instances, gouvernements et médias », explique Frédéric Thériault, qui en est l’un des membres fondateurs. La Capé propose aussi à ses membres une mise en marché collective sur des kiosques dans des marchés ou encore des achats collectifs de semences ou d’articles promotionnels. « A travers la Capé, nous voulons aussi remplir un rôle d’éducation et de réseautage par le partage d’information et l’organisation de journées de formation et colloques ».

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