Normes de commercialisation
Une décision hors normes et “biscornue” de Bruxelles
La filière européenne s’est unanimement indignée de la suppression de 26 normes de commercialisation de fruits et légumes par la Commission européenne.
Le vote intervenu la semaine dernière à Bruxelles a fait l’effet d’une bombe. La proposition de la Commission Européenne d’abroger les normes de commercialisation de 26 f&l est donc passée. Les produits concernés sont les abricots, artichauts, asperges, aubergines, avocats, haricots, choux de Bruxelles, carottes, choux-fleurs, cerises, courgettes, concombres, champignons de couche, aulx, noisettes en coque, choux pommés, poireaux, melons, oignons, pois, prunes, céleris à côtes, épinards, noix en coque, pastèques et chicorées Witloof. Les normes sont maintenues pour dix produits représentant 75 % de la valeur des échanges de l’Union européenne : pommes, agrumes, kiwis, laitues, pêches et nectarines, poires, fraises, poivrons, raisins de table et tomates. Le texte stipule aussi la possibilité pour les pays d’autoriser la vente de f&l sans norme dans la mesure où leur étiquetage l’indique clairement.
Les organisations professionnelles n’ont pas tardé à s’indigner de la décision prise, même si elles reconnaissent la nécessité d’alléger le dispositif administratif actuel. Les coopératives de France (Felcoop), d’Italie, et d’Espagne dénoncent « une décision démagogue et scélérate ». Freshfel n’est pas en reste en regrettant « une approche populiste » de la Commission sur le sujet. L’Areflh s’inquiète, quant à elle, des « petites productions » qui « ont besoin tout autant (que les grands produits), sinon plus, d’une règle de jeu établie ». En France, en dehors de Felcoop, aucune réaction ne nous était parvenue lundi en fin de matinée (lire les réactions International, et l’édito).
Les inquiétudes exprimées par les différentes organisations se focalisent sur le risque de voir se multiplier les normes nationales ou privées, essentiellement de la grande distribution rendant les cotations particulièrement difficiles. L’appréhension est claire : une source proche du SNM confirme que la suppression des normes de commercialisation « aura une influence négative sur la transparence ». De même, l’importation serait concernée . La décision pourrait avoir des incidences, entre autres, sur les prix unitaires communautaires et les valeurs forfaitaires à l’importation. Pour de nombreux observateurs, le risque est grand de voir les normes officielles être remplacées par des normes privées.