Hémisphère Sud
Une campagne complexe pour les litchis de Madagascar
Une fois de plus, la filière malgache du litchi s’est laissée aller à ses vieux démons : qualité moyenne, offre pléthorique et désordonnée.

Alors que les derniers lots de litchis de Madagascar s’écoulent sur les marchés européens, un premier bilan de la saison peut d’ores et déjà être ébauché. La campagne 2008-2009 laissera vraisemblablement, comme la précédente, un goût amer aux opérateurs de la filière. La précocité de la campagne, les importantes quantités expédiées, la qualité moyenne des produits et la forte concurrence sur les marchés, sont autant d’éléments qui ont obéré les résultats attendus par les professionnels. La conjonction de ces facteurs, sur fond de crise économique incitant les consommateurs à un recentrage de leurs achats sur des produits plus basiques, explique en partie les retours décevants de cette campagne de commercialisation.
Pourtant, le profil des deux dernières campagnes diffère par bien des points mais parvient globalement aux mêmes résultats. La campagne 2007-2008 s’était caractérisée par un démarrage tardif permettant le développement d’une campagne “avion” correcte, suivie par une phase pléthorique d’approvisionnement par navires conventionnels. Cette deuxième phase avait été centrée sur les fêtes de fin d’année et s’était achevée par une campagne “conteneurs” limitée, laquelle avait permis une stabilisation des cours.
La concurrence sur l’Europe a plombé la campagne
En 2008-2009, la campagne s’est avérée particulièrement précoce. Le développement des expéditions par “avion” s’est heurté rapidement à un manque de demande marquée, alors que toutes les origines de l’Océan Indien expédiaient des quantités conséquentes de fruits. Modulant les apports par navires “conventionnels”, les opérateurs espéraient de meilleurs prix de vente pour la période des fêtes de fin d’année, principale fenêtre de commercialisation pour ce produit. La forte réduction des livraisons en navires conventionnels n’a malheureusement pas empêché le développement d’une concurrence acharnée sur les marchés européens, moteurs de la dégradation des prix de vente. Les livraisons par conteneurs maritimes qui alimentent la dernière phase de la campagne de Madagascar se sont révélées, quant à elles, trop importantes en comparaison de la demande des marchés. La disproportion de l’offre par rapport à la demande n’a entraîné qu’un engorgement supplémentaire des marchés et maintenu les conditions de vente dans une tendance baissière jusqu’en fin de campagne. Il semble que, face à un potentiel de production à peu près stable et malgré les aléas climatiques selon les années, les opérateurs ne parviennent pas à valoriser ce fruit et s’enferment dans une course aux tonnages, finalement peu rémunératrice. Les exportations de litchis malgaches s’opèrent selon la théorie des vases communicants qui veut qu’à une campagne “conventionnels” succède une campagne “conteneurs” pléthorique ou inversement, sans préoccupations réelles d’une adaptation aux capacités d’absorption des marchés européens.